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The Intruder : un réquisitoire antiraciste implacable de Roger Corman (en Blu-ray et DVD)

Blu ray The Intruder 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5).

Synopsis :

Caxton, petite ville du sud des États-Unis, dans les années 1950. Un homme en complet blanc descend d'un car, valise à la main, et se rend à l'hôtel le plus proche. Il se nomme Adam Cramer et travaille pour une organisation « à vocation sociale ». Ce n'est pas un hasard s'il se trouve à Caxton, la ville ayant récemment voté une loi en faveur de la déségrégation, autorisant un quota d'élèves noirs à intégrer un lycée fréquenté par des Blancs. Adam Cramer souhaite enquêter auprès des habitants pour savoir ce qu'ils pensent de cette réforme. Cet homme charismatique et beau parleur va rapidement semer le trouble dans la ville…

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• Titre original : The Intruder
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1962
• Réalisation : Roger Corman
• Casting : William Shatner, Frank Maxwell, Beverly Lunsford, Robert Emhardt, Leo Gordon, Charles Barnes, Charles Beaumont
• Durée : 1 h 23 mn 03
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 1.0 monophonique anglais
• Bonus : Souvenirs de The Intruder, Roger Corman et William Shatner évoquent leurs anecdotes sur le tournage du film (9 mn 43) - bande annonce 2018 (1 mn 16)
• Éditeur : Carlotta

Commentaire artistique

Le nom de Roger Corman est associé, au cours d’une carrière prolifique de producteur et de réalisateur, à une ribambelle de films de série B d’intérêt inégal. C’est d’ailleurs entre un navet, La Créature de la mer hantée (1961) et l’une de ses huit adaptations d’Edgar Poe L'Enterré vivant (1962), qu’il produit et dirige The Intruder d’après un roman publié en 1958 par Charles Beaumont. Ce film, qui n’a rien en commun avec le reste de son œuvre, affirme haut et fort les convictions du cinéaste, un pamphlet antiraciste impitoyable : le tournage dans une petite bourgade ségrégationniste du Missouri vire au cauchemar (cf., bonus) et se rapproche des situations évoquées dans le film ! Il est réalisé dans des conditions difficiles avec un budget modeste dans une Amérique profondément xénophobe qui n’a pas encore pris toute la mesure de la décision de la Cour suprême déclarant la ségrégation scolaire inconstitutionnelle. Menacé à sa sortie, le film sera un échec qu’on peut comprendre à la vision de la virulence du propos : Roger Corman y démontre comment il suffit de peu de chose pour manipuler la foule, l’inciter au pire (meurtre, attentat, lynchage) et faire de chaque citoyen ordinaire un bourreau de la pire espèce. Le constat est effrayant et semble, plus que jamais, d’actualité à l’heure des heurts inter-communautaires et des « fake-news »... comme si rien n’avait vraiment changé dans les mentalités ! Ne serait-ce que déjà sous cet angle The Intruder se présente comme un drame incontournable mais tout, dans la mise en scène et dans l’interprétation, démarque cette production du banal thriller social. Le ver qui ronge le fruit - un vil corrupteur animé par d’obscures motivations - c’est Adam Cramer, un personnage au physique passe-partout qui manie le verbe avec un aisance diabolique : William Shatner (futur célèbre capitaine du vaisseau Enterprise) qui l’incarne y trouve l’un de ses plus beau rôle, mélange de charme, d’obsession et de perversité : un champion de la duplicité capable de polluer par ses idées tous ceux qui l’approchent. Très bien écrit, ce film, plutôt bavard, est absolument passionnant, servi par les magnifiques cadrages et les éclairages suggestifs de la photographie de Taylor Bryars qui a su ancrer l’intrigue dans l’architecture urbaine typée d’une ville du sud-américain. Outre le personnage central, les autres rôles bénéficient d’une caractérisation psychologique nuancée, du vendeur de commerce clairvoyant (Leo Gordon) au journaliste courageux et lucide (Frank Maxwell) en passant par le jeune noir menacé (Charles Barnes) et le politique local prêt à tout pour satisfaire ses ambitions (Robert Emhardt). La violence au cœur du système est dépeinte sans concession dans quelques scènes mémorables : attentat contre l’église, action spectaculaire du Klu Klux Klan, lynchage… et la ségrégation raciale et sociale (quartiers noirs miséreux, rue qu’on tente d’interdire aux noirs) constamment pointée pour mieux la dénoncer. Profondément naturaliste avec le réalisme saisissant de son image en noir et blanc, The Intruder, réalisé de main de maître avec une concision exemplaire ne sombrant jamais dans un manichéisme primaire, a tout du chef-d’œuvre accusateur. Un des films les plus personnels de Roger Corman : à voir absolument.

 

Blu ray The Intruder

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Commentaire technique

Image : copie HD, nouveau Master haute-définition de 2018, en dépit de la granulation argentique conservée (tournage en 35 mm), la définition est globalement excellente avec un piqué remarquable sur certains gros plans, le contraste est très homogène et très bien maitrisé en basse lumière, les noirs denses, la gamme de gris très harmonieuse, image propre débarrassée de presque tous ses imperfections exceptés quelques défauts à peine discernables (rayures, points blancs)

Son : mixage anglais monophonique 1.0 avec une excellente dynamique qui profite aux dialogues omniprésents et à la musique d’Herman Stein, spectre limité mais pas de distorsion ni de souffle appuyé ou de défaut notoire

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile griseetoile griseetoile grise(2/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0055019/

 

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