Missouri Breaks : un remarquable western anticonformiste (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

En 1880, dans le Montana, le jeune Tom Logan et ses quatre acolytes sont des voleurs de bétails. Le riche propriétaire David Braxton engage Robert Lee Clayton, un « régulateur », pour éliminer les voleurs.

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• Titre original : The Missouri Breaks
• Support testé : blu-ray
• Genre : western
• Année : 1976
• Réalisation : Arthur Penn
• Casting : Marlon Brando, Jack Nicholson, Randy Quaid, Kathleen Lloyd, Frederic Forrest, Harry Dean Stanton, John McLiam, John P. Ryan, Richard Bradford, Luana Anders
• Durée : 2 h 06 mn 23
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : interview audio d’Arthur Penn au National Film Theatre le 3 août 1981 (55 mn 25) - interview de Frédéric Mercier (33 mn 14) - Brando acteur hors normes par Hélène Valmary (27 mn 33) - bande annonce (1 mn 47)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Ce curieux western d’Arthur Penn a été grandement conditionné par l’imprévisibilité de Marlon Brando presque incontrôlable sur le tournage et par la difficulté de le faire jouer aux côtés de Jack Nicholson : la plupart des scènes les réunissant ont été limitées au strict minimum ! Déjà auteur de deux westerns marquants, Le Gaucher (1958) et Little Big Man (1970), le cinéaste a dirigé ses deux stars en s’appuyant sur un scénario de Thomas McGuane qui s’inscrit dans le courant des westerns révisionnistes des années 70 traitant de la disparition progressive de l’Ouest. Si les codes généraux du genre sont bien présents, Missouri Breaks se démarque du film classique par son rapport au temps, avec une dilatation/contraction de l’action, et à l’espace, avec un choix de zooms (générique d’ouverture) et de cadrages singuliers. En rupture totale avec le manichéisme propre au western, ce film se caractérise par la richesse et la complexité psychologiques de ses personnages : ainsi le traitement de Jane, interprétée par Kathleeen Lloyd, n’est pas celui de la jeune femme réservée qu’on aurait pu attendre mais bien d’une insoumise acquise à la libération sexuelle, tandis que le voleur Tom Logan, joué par Jack Nicholson, se révèle bien plus attaché à la terre qu’espéré. D’ailleurs tous les protagonistes, incarnés par Randy Quaid, Frederic Forrest ou Harry Dean Stanton, sont attachants par l’humanisme empathique de leur caractère. Seul Marlon Brando, complètement décalé, joue sur un mode maniéré un pervers psychopathe, terrifiant et antipathique : ses apparitions exubérantes et sa manière de parler à l’irlandaise resteront mémorables, à défaut de séduire. Missouri Breaks déplut à sa sortie pour sa franchise et sera accusé de maltraitance envers les chevaux. Effectivement la peinture de l’Ouest selon Arthur Penn ne fait dans la langue de bois et dénonce les violences ordinaires qui sévissaient loin de tout contrôle (pendaison, « régulation ») : au tableau des gens « honorables », le film semble opposer toute l’humanisme des outlaws soucieux de leur existence. Pour Arthur Penn, c’est bien le tueur à gages, et ceux qui l’ont engagé, qui sont les vilains de l’histoire. Fortement ancrée dans une nature omniprésente, la mise en scène a su s’accommoder des lubies de sa star dont chaque apparition (notamment déguisée en femme), entre fascination et exaspération, ne laisse pas indifférent. Missouri Breaks est indéniablement un western hors des sentiers battus qui n’hésite pas à torpiller les conventions du genre pour mieux les faire voler en éclat, privilégient une vision naturaliste plutôt que légendaire de l’Ouest et octroyant à tous les personnages une allure résolument moderne. On l’aura compris, Missouri Breaks est un western anticonformiste à ne pas rater !

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Commentaire technique

Image : copie HD, définition honorable mais image trop douce avec du grain argentique (35 mm) et un manque général de piqué, bon contraste, densité néanmoins soutenue de certains plans, étalonnage naturaliste, colorimétrie chaude aux tons saturés

Son : mixage anglais monophonique 2.0 clair, dialogues dynamiques et bien équilibrés avec les ambiances et la musique de John Williams ; VF 2.0 monophonique soignée assez proche du mixage original