Trois films de René Clair restaurés en HD : l’expression d’un indéniable talent (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Entr'acte : un singe, des toits, des colonnades, une partie d’échec entre Marcel Duchamp et Man Ray, Picabia et Eric Satie utilisant un canon, une danseuse barbue filmée en contre-plongée, un chasseur... une suite de scènes surréalistes avec laquelle René Clair met Paris sens dessus dessous au rythme de la musique d’Erik Satie.
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Paris qui dort : à son réveil, le gardien de la tour Eiffel découvre que Paris est figée et que seules cinq personnes descendues d’un avion peuvent déambuler dans la ville endormie...
Le Dernier milliardaire : lorsque la petite principauté de Casinario au bord de la faillite, reçoit la visite de Monsieur Banco, l'homme le plus riche du monde, elle voit en lui un sauveur providentiel et en fait son dictateur. Monsieur Banco reçoit un coup sur la tête et la commotion lui fait perdre la raison. Mais le peuple et la classe politique de Casinario, de plus en plus serviles, ne voient dans ses décrets imbéciles que l'expression du bon sens.
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• Titre original : Entr’acte - Paris qui dort - Le Dernier milliardaire
• Support testé : Blu-ray
• Genre : surréaliste, comédie
• Année : 1924 - 1924 - 1934
• Réalisation : René Clair
• Casting : (1) Jean Börlin, Inge Frïss, Man Ray, Henri Rollan, Charles Martinelli, Albert Préjean (2) Max Dearly, Sinoël, Paul Ollivier, Marthe Mellot, Charles Redgie, Renée Saint-Cyr, Marcel Carpentier, Raymond Cordy
• Durée : (1) 23 mn 40 - 59 mn 39 (version BFI) - 67 mn 21 (version négatif image) (2) 1 h 31 mn 47
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : (1, 2) français (2) anglais
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 (1) musique - (2) monophonique français
• Bonus : (1) Au-dessus de la mêlée, entretiens autour du film avec Patrick de Haas et Noël Herpe (28 mn 39, réalisation Roland-Jean Charna) - La Tour, court-métrage de René Clair (1928, 14 mn 20) (2) Le Dernier baroud, entretiens autour du film avec Noël Herpe et Dimitri Vezyroglou (35 mn 10, réalisation Roland-Jean Charna) - René Clair 50 ans de cinéma, portrait du metteur en scène par R. de Dancourt (13 mn 28)
• Éditeur : Pathé !
Commentaire artistique
Entr’acte et Paris qui dort, réalisés en 1924, sont les deux premiers films d’un journaliste et comédien qui va rapidement et durablement imposer au 7e Art l’immensité de son talent. Même s’il écrit le « Rayon diabolique » qu’il dirige en 1923 sous le titre Paris qui dort, c’est Entr’acte qu’il réalise pour le Théâtre des Champs-Élysées qui sortira d’abord. Ce court-métrage produit avec Francis Picabia au scénario et Erik Satie à la musique a été commandé pour être projeté entre les deux actes du ballet « Relâche » créé par Les Ballets Suédois au Théâtre des Champs-Élysées en décembre 1924. Véritable fantaisie visuelle sans script, hormis une lettre de Picabia qui servira de scénario, le film fait scandale par son inventivité et par son inspiration dadaïste, confortée par la participation d’artistes illustres tels que Man Ray, Marcel Duchamp, Erik Satie, Darius Milhaud, Picabia, Jean Borlin, etc. ! Les diverses séquences sur le toit puis la poursuite du corbillard sont autant de plans inventifs et surréalistes à la fois référentiels et inspirants. Le brio de la mise en scène fertile en effets visuels et l’avant-gardisme du message artistique d’Entr'acte assurent instantanément la notoriété de René Clair. Sorti en 1925, Paris qui dort est un court-métrage fantastique dont une grande partie de sa réalisation se déroule dans la Tour Eiffel admirablement photographiée : mélange subtil de science-fiction et de narration poétique, le film est tourné en décors naturels sans aucun effet spécial. La qualité féerique de ce film, qui va plaire au public, est simplement produite par le brio de la réalisation, René Clair jouant habilement des possibilités de sa caméra avec recourt aux ralentis et aux accélérés. Le blu-ray offre le choix entre une version teintée anglaise très sympathique à l’œil ou une version plus classique en noir et blanc. Ce film rare mérite d’être redécouvert pour son inventivité visuelle, pour son utilisation savante de la structure architecturale, pour sa fantaisie bienveillante et pour … la Tour Eiffel (cf., en bonus un autre court-métrage de 1928 de René Clair consacrée au monument). En 1934, Le Dernier milliardaire atteste une inflexion dans le cinéma de René Clair : délaissant ses inclinations artistiques antérieures, le fantastique et la musique, il opte pour une comédie satirique dans laquelle il fustige toutes les dérives tyranniques. Le message antifasciste évident sera mal perçu dans la France de 1934 en pleine montée de l’extrême-droite mais assurera le succès du film en Angleterre et aux USA où le cinéaste finira par s’exiler. Très visionnaire et fort caustique, Le Dernier milliardaire réjouit autant par son humour sans concession, servi par une brochette de savoureux comédiens, que par son acuité qui donne à réfléchir sur la bêtise et le danger des extrémismes : d’une lucidité effrayante, il traite le thème du fascisme à la manière d’une comédie acerbe et se révèle tout aussi pertinent que Charlie Chaplin. Un chef-d’œuvre exemplaire !
Commentaire technique
Versions restaurées en 4K par l’Immagine Ritrovata sous la supervision de Pathé
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Entracte
La restauration, intégrant des plans supprimés dans la version de 1967, a été réalisée en 2018 à partir du négatif nitrate de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et d’une copie nitrate de la Fondazione Cineteca Italiana. La musique d’Erik Satie est interprétée au piano par Daniele Furlati (Studio Modulab, Bologne)
Image : copie HD, excellente définition malgré un grain argentique omniprésent, bon contraste avec quelques variations de densité, noirs profonds, gris nuancés, quelques rares défauts subsistent (rayures)
Son : mixage stéréo 2.0, clair et dynamique
Paris qui dort
Restauration 2018 à partir d’une copie d’exploitation anglaise teintée et virée de première génération (1925) du BFI pour la version British Film Institute et à partir du négatif nitrate de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé avec intertitres et générique reconstitués pour la version négatif image. L’accompagnement musical au piano est interprété par Karol Baffa (studio Sequenza)
Image : copies HD, bonne définition, grain argentique, légère fluctuation de contraste, noirs denses, gamme de gris bien harmonieuse, les couleurs de la version teintée du BFI sont franches et saturées
Son : mixage 2.0 clair et dynamique
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Le Dernier milliardaire
Restauration 2019 à partir d’un contretype safety et d’une copie d’exploitation nitrate (le négatif original étant perdu)
Image : copie HD, excellente définition avec du piqué dans les détails, grain argentique, bon contraste équilibré, noirs denses et gris nuancés, image propre et stable
Son : mixage monophonique 2.0 français, dynamique, voix légèrement métalliques, léger souffle, sans distorsion mais spectre très limité dans les aigus
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb
Entr’acte : https://www.imdb.com/title/tt0014872/
Paris qui dort : https://www.imdb.com/title/tt0015214/
Le Dernier milliardaire : https://www.imdb.com/title/tt0025043/