Pour les soldats tombés : un hommage discutable aux poilus de 14-18 (en DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

À l'occasion des cent ans de la Première Guerre Mondiale, le réalisateur Peter Jackson utilise les voix des anciens combattants combinées à des images d'archives originales pour représenter la réalité de la guerre sur le front. Les images ont été colorisées et transformées pour montrer des détails jamais vus auparavant.

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• Titre original : They Shall Not Grow Old
• Support testé : DVD
• Genre : documentaire, historique
• Année : 2018
• Réalisation : Peter Jackson
• Casting : les soldats de la Première Guerre Mondiale
• Durée : 1 h 35 mn 17
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1 et 1, 85/1 Noir et Blanc et Couleur
• Sous-titrage : français, anglais, néerlandais
• Piste sonore : Dolby Digital 5.1 anglais
• Bonus VOST : la réalisation de Pour les soldats tombés (28 mn 29)
• Éditeur : Warner Home Video

Commentaire artistique

Dans le cadre du centenaire de la guerre de 14-18 et en hommage à son grand-père, le réalisateur et producteur Peter Jackson donne la parole aux soldats dans un documentaire singulier Pour les soldats tombés. Cet essai cinématographique favorisant l’immersion dans le quotidien au front des poilus a été conçu et réalisé uniquement à partir d’archives visuelles et sonores issues de l’Imperial War Museum (Londres) et de la BBC. Le travail colossal de restauration et de mise en forme est minutieusement détaillé par Peter Jackson dans le bonus passionnant du DVD. Le mauvais état des sources a nécessité de patients travaux de restauration : films abîmes (rayures, déchirures, taches), copies issues de plusieurs générations (grain), négatifs rétrécis (instabilité), irrégularité de la vitesse de tournage effectué à la main (12 à 18i/s au lieu du théorique 16 i/s), images parfois excessivement sombres ou surexposées. Les plans étaient généralement statiques avec peu de plans larges mais la qualité de la restauration a permis de zoomer donc de redonner une dynamique à l’image et de « moderniser » les cadrages. Le cinéaste indique avoir disposé de 100 heures d’archives souvent inédites dans lesquelles il a constaté que les soldats étaient déconcentrés par la caméra (une nouveauté pour eux), Pour la partie sonore, il a pu compter sur quelques 600 heures d’interviews de vétérans dans les années 60 et 70. De ce matériau abondant et inédit, 6/7 heures d’images et 30/40 heures de sons ont été retenus pour la production de Pour les soldats tombés. Le souhait du réalisateur était d’immerger le spectateur dans la vie quotidienne des tranchées et des perms à l’arrière-front. Le peu d’images filmées directement sur les attaques et certains détails ont été compensés par des illustrations tirées de la revue La Guerre illustrée : des croquis sur le vif faits par des artistes même si il faut savoir qu’ils étaient destinés à un magazine de propagande. Hormis quelques séquences, Peter Jackson a choisi de coloriser les images considérant le fait que ces films étaient tournés en noir et blanc pour des raisons techniques et non dans un but artistique. Le travail, par Stereo D, a été long pour retrouver les teintes d’époque restituées à partir de collections d’uniformes et autres documents conservés en Nouvelle-Zélande et d’un reportage de Peter Jackson dans les Flandres. Résultat étonnant pour le kaki des soldats anglais, le vert des soldats allemands, les nuances de la végétation ! Les films étant muets, le documentaire a été sonorisé avec minutie allant jusqu’à enregistrer les bruitages avec de vrais canons et autres armes d’artillerie. De même la lecture sur les lèvres a permis de faire parler les soldats (exemple d’un discours avant la bataille dans la Somme). Quant à la musique, limitée, elle a été composée par Plan 9 à partir éléments d’époque. Pour le générique final, lancinant, « Mademoiselle from Armentières » est chantée par des britannique de la Haute Commission britannique et de l’ambassade. Peter Jackson ajoute que son film s’est contenté de montrer la vie de l’infanterie au front du point de vue d’un soldat anglais sur le front de l’Ouest en excluant tout éparpillement sur les innombrables autres possibilités d’exploitation des archives. Pour le réalisateur, l’implication familiale est primordiale et considère avoir fait un film personnel à ne pas confondre avec une quelconque étude universitaire. La participation néo-zélandaise a été considérable en pourcentage de la population et les pertes terribles : beaucoup de familles sont donc concernées par ce film. Si l’on peut absolument contester le choix artistique et technique de « trafiquer » les archives (comme dans la série Apocalypse d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle), le résultat est aussi saisissant que factice. Les poilus semblent ressusciter sur l’écran plongeant le spectateur dans l’horreur des tranchées mais quid de l’intégrité bafouée des sources où tous ces inconnus témoignent de leur humanité et de l’absurdité du conflit ? Pour les soldats tombés convie à une expérience cinématographique étrange dont on ne sait s’il faut louer la qualité de l’exploit technique ou blâmer vivement la méthode consistant à manipuler les images et à revisiter artistiquement les sources historiques.

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Commentaire technique

Image : copie SD, assez bonne définition compte tenu du support DVD limité et des sources d’archives avec un grain assez prononcé, mais la finesse de la restauration ne peut s’apprécier que sur le Blu-ray sorti aux USA et on ne parle même pas de la version en relief ! ; bon contraste, image propre et stable, noirs denses, gris homogène, étalonnage naturalistes pour une colorimétrie la plus réaliste possible avec des teintes et des tons nuancés

Son : mixage anglais 5.1 non « lossless », bonne dynamique sur la musique, les nombreuses voix off sont claires, les bruitages amples, immersif et parfois spectaculaires (explosions) avec un usage très efficace du canal LFE