Casino 4K : un modèle de mise en scène (en UHD et Blu-ray)

Note artistique : (5/5)

Synopsis

Dans les années soixante-dix à Las Vegas, Ace Rothstein dirige d'une main de fer l'hôtel-casino Tangiers, financé en sous-main par le puissant syndicat des camionneurs. Le Tangiers est l'un des casinos les plus prospères de la ville et Ace est devenu le grand manitou de Las Vegas, secondé par son ami d'enfance, Nicky Santoro. Impitoyable avec les tricheurs, Rothstein se laisse un jour séduire par une virtuose de l'arnaque d'une insolente beauté, Ginger McKenna…

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• Titre original : Casino
• Support testé : UHD
• Genre : drame
• Année : 1995
• Réalisation : Martin Scorsese
• Casting : Robert De Niro, Sharon Stone, Joe Pesci, James Woods, Don Rickles, Alan King, Kevin Pollak, L.Q. Jones
• Durée : 2 h 58 mn 13
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1 (HDR)
• Sous-titrage sur l'UHD : français, anglais, coréen, tchèque, hongrois, russe
• Pistes sonores sur l'UHD : DTS-X anglais - DTS 5.1 français, russe, tchèque, hongrois, polonais
• Pistes sonores sur le Blu-ray : DTS-HD 5.1 anglais, français
• Bonus sur l’UHD : moments avec Martin Scorsese, Nicholas Pileggi, Sharon Stone et plus encore
• Bonus sur le Blu-ray : Les réalisateurs : Martin Scorsese (2000, 58 mn 31, réalisé par Robert J. Emery) - Le vrai Casino (2000, 14 mn 08, réalisé par Joseph F. Alexandre)
• Éditeur : TF1 Vidéo

Commentaire artistique

Lorsqu’en 1995 Martin Scorsese s’attaque aux relations entre la pègre et le monde des joueurs de l’emblématique Las Vegas avec son film Casino, il s’est déjà taillé une solide réputation à décrire sans complaisance des mafieux en tout genre dans ses films Les Affranchis (1990) et Les Nerfs à vif (1991). Après l’échec de son superbe film à costumes Le Temps de l’innocence (1992), il renoue avec le thème de la mafia pour son 16ème long-métrage Casino qu’il coécrit avec le journaliste Nicholas Pileggi en s’inspirant d’un roman de ce dernier et dont un autre livre avait était la base du film Les Affranchis. Il n’est d’ailleurs pas difficile de reconnaître l’univers commun aux deux romans et aux deux films. Le scénario de Casino est en partie réaliste puisqu’il traite sous forme de fiction du vrai dirigeant de maisons de jeux de Las Vegas sous contrôle de la mafia de Chicago, Frank Lefty Rosenthal devenu dans le film Ace Rothstein (Robert De Niro) et de Tony Spilotro (Nicky Santoro joué par Joe Pesci) envoyé de Chicago (« chez nous ») comme protecteur. Il y a d’autres personnages véridiques comme le mafieux Allen Dorfan (Andy Stone joué par Alan King) et le joueur Akio Kashiwagi (K. K. Ichikawa : Nobu Matsuhisa) qui finira, criblé de dettes, par être assassiné par des yakuzas. Quant à Ginger, brillamment incarnée par Sharon Stone qui remportera pour ce rôle un Golden Globe à défaut d’un Oscar, elle représente Geri McGee, une show girl devenue la femme de Frank et qui a effectivement eu des relations avec Tony Spilotro. Si le film offre une vision très personnelle de son réalisateur, le destin tragique de Frank, Ginger et Tony y est évoqué avec une certaine fidélité (attentat contre Frank, fin atroce de Tony et mort suspecte de Ginger). Et pour assurer le naturalisme de son long-métrage Martin Scorsese a effectué tout le tournage à Las Vegas dans un vrai casino (qui simule le Stardust historique). On a relevé l’incroyable dépense de la production pour la création des 70 costumes portés par Robert De Niro et des 40 par Sharon Stone ! Pas un accessoire ou véhicule n’est anachronique. Casino est un film bavard (qui n’aurait pas d’intrigue selon le réalisateur) même si les séquences violentes ne manquent pas. Les très nombreux échanges entre Robert de Niro et Joe Pesci ont été souvent improvisés tout comme les répliques dites par James Woods (Lester Diamond) et il a été compté que le juron « f.. » a été dit 435 fois ! Outre la qualité globale de l’interprétation, le brio du film repose sur un montage numérique virtuose non linéaire, une méthode qui autorise toutes les variations possibles, voire les innovations. L’histoire est structurée selon les deux temps classiques de l’ascension et de la chute d’un caïd : d’abord Ace nous commente tous le mécanisme de siphonnage de l’argent des joueurs dans son casino, puis il va commettre deux erreurs irréparables : son amour passionnel pour Ginger, ex-prostituée, et sa relation dangereuse avec son pote Nicky. Avec ce style incomparable de fluidité narrative et de traitement dense des caractères qui le caractérise, Martin Scorses signe un film exceptionnel pétri de tensions et de questions éthiques : perfectionniste intransigeant, le cinéaste use à satiété de tous les moyens techniques capables de transmettre les émotions sans jamais sombrer dans la facilité. Casino est un modèle de mise en scène que l’excellente restauration 4K permettra d’apprécier dans d’excellentes conditions.

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Commentaire technique

Image : copie UHD, issue du scan 4K du négatif (film tournée en Super 35 mm avec caméra Panaflex), donc en 4K natif sur l’UHD, le résultat est exceptionnel en terme de piqué quoique le grain argentique semble avoir été fortement réduit, de contraste et de colorimétrie (HR 10, Rec. 2020), magnifique restitution des textures (costumes), étalonnage chaud aux tons saturés et aux couleurs chatoyantes, noirs profonds, image propre sans aucun défaut

Son : mixage anglais remix en DTS-X, dialogues clairs, très belle dynamique mais spatialisation assez discrète, les surrounds de hauteur et les LFE étant plus sollicités pour la musique que pour les ambiances de casino ; la VF n’a pas eu droit au remix DTS-X et se contente d’un DTS 5.1 relativement dynamique mais aux doublages très artificiels