Nous sommes tous des assassins : un film réquisitoire édifiant (en Blu-ray)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

René Le Guen est un jeune dévoyé sans instruction ni morale. Ancien résistant, ses missions l'ont amené à tuer et la guerre finie, sa folie meurtrière se poursuit. Condamné à mort pour plusieurs crimes, il attend de longs mois son exécution aux côtés d'autres criminels destinés également à monter sur l'échafaud.

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• Titre original : Nous sommes tous des assassins
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1952
• Réalisation : André Cayatte
• Casting : Marcel Mouloudji, Raymond Pellegrin, Antoine Balpêtré, Julien Verdier, Claude Laydu, Georges Poujouly, Jacqueline Pierreux, Lucien Nat, Louis Arbessier, Yvonne De Bray,Paul Frankeur, Louis Seigner, Henri Vilbert, Jacqques Morel, Henri Crémieux, Sylvie
• Durée : 1 h 57 mn 49
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : Du puzzle au piège, interview inédite de Noël Herpe, historien du cinéma (HD, 24 mn 18) - Nous sommes tous des assassins restauré (1 mn 56) - bande annonce (4 mn 25)
• Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Les films d’André Cayatte ont toujours défendu une cause et ne laissent jamais indifférent. Dans Nous sommes tous des assassins, que le cinéaste a co-écrit avec Charles Spaak, ce dernier signant aussi les dialogues, il est clairement question de la peine de mort et de sa réelle efficacité supposée. André Cayatte réalise ce drame puissant en 1952 assisté de Pierre Léaud époux de Jacqueline Pierreux (qui joue Yvonne, la sœur de René), tous deux étant les parents de Jean-Pierre Léaud. Le film appartient, avec Justice est faite (1950), Avant le déluge (1954, édité aussi par Gaumont) et Le Dossier noir (1955), à une série de films à « thèse » (selon les détracteurs de la Nouvelle Vague) critiquant sans façon la justice française. Il fait suite à son projet avorté (sur décision ministérielle) de docu-fiction avant la lettre à propos de l’affaire Seznec. Désapprouvé pour son style qui frise souvent le mélodrame, le réalisateur innove à l’époque en initiant l’enquête documentaire « fictionnalisée ». Revoir Nous sommes tous des assassins en 2019 en France, où la peine de mort est abolie depuis 1986, c’est replonger dans une époque où la guillotine ne chômait pas mais, le film démontre avec une minutie effrayante (gardiens en chaussettes surprenant le condamné) les conditions pratiques de l’exécution tout comme il analyse la pertinence de son efficacité judiciaire. Bénéficiant d’un incroyable casting éclectique, André Cayatte structure son film à charge en deux parties : la confusion de l’Occupation et de la Résistance, durant lesquelles René (Marcel Mouloudji saisissant) perd tout repère moral, puis l’oppression effrayante de la cellule de la Santé où René va partager les derniers moments de cinq condamnés à mort dont un docteur désabusé (Antoine Balpêtré) et un Corse effarouché (Raymond Pellegrin). Extrêmement documenté, le film envisage tous les aspects de son intrigue : l’univers carcéral qui ajoute au stress de l’attente avec des gardiens déployant une certaine humanité (Paul Frankeur), les discussions dans le bistrot sur le devenir des corps ou les réactions ambiguës des prisonniers d’autres cellules, la placidité de l’aumônier (Louis Seigner), l’enthousiasme de l’avocat (Claude Laydu) jusqu’au sauvetage du petit frère (Georges Poujouly), la position réactionnaire d’un autre avocat (Henri Vilbert), etc. Véritable plaidoyer contre la peine de mort, Nous sommes tous des assassins ne ménage aucun effort pour nous convaincre mais alourdit sa démonstration en rajoutant parfois un excès dramatique inutile au tableau et ne dédaigne pas les clichés qui seront donc à relativiser. Cependant la qualité de la mise en scène, l’efficacité de la photographie sans afféterie de Jean Bourgoin et le naturalisme de l’interprétation confèrent au film une indiscutable dimension pathétique qui force la conviction. De surcroît, Nous sommes tous des assassins possède l’intérêt cinéphilique de rassembler tout le gratin des actrices et acteurs de seconds rôles du cinéma hexagonal des années 50. intéressant.

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Commentaire technique

Restauration 2018 en 2K par les laboratoires Éclair (image) et LE Diapason (son)

Image : copie HD, belle définition, grain argentique (tournage en 35 mm), image stable et propre, bon contraste, noirs profonds, blancs non brûlés, gamme de gris régulière

Son : mixage monophonique 2.0 français, clair et dynamique, pas de distorsion et autre défaut, équilibré, spectre un peu limité aux extrémités