Chien de garde : un premier long-métrage prometteur (en DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

JP et son jeune frère Vincent, un être impulsif et instable, sont comme deux petits princes de la rue. Leur royaume ? Verdun, quartier de Montréal, qu’ils sillonnent en « collectant » pour leur oncle, un petit malfrat plus dangereux qu’il n’y paraît. Dans le même appartement bruyant s’entassent les deux frères, leur mère Joe, alcoolique aux périodes de sobriété fragiles, et Mel, la fiancée de JP, qui, comme lui, aspire à mieux. Mais peut-on jamais échapper à son milieu, à son sang ?

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• Titre original : Chien de garde
• Support testé : DVD
• Genre : drame
• Année : 2018
• Réalisation : Sophie Dupuis
• Casting : Théodore Pellerin, Jean Simon Leduc, Maude Guérin, Claudel Laberge, Paul Ahmarani, Marjo, Sébastien Tessier
• Durée : 1 h 24 mn 06
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 5.1 français canadien
• Bonus : film annonce (1 mn 33)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Pour son premier long-métrage, dont elle a aussi écrit le scénario, la réalisatrice québécoise Sophie Dupuis propose une étude de caractères centrée sur une fratrie de Montréal, pâtissant des conséquences d’une existence partagée entre une mère fragile et alcoolique et un trafic local de drogue. Le tableau qui en résulte est caractérisé par la violence des relations entre les divers protagonistes et le peu d’empathie qu’ils dégagent : cette peinture pessimiste et démoralisée des contradictions de la condition humaine n’a rien de réjouissant. Difficile de s’attacher à ces personnages peu glorieux empêtrés, peut-être malgré eux, dans le sordide d’un quotidien minable : entre une mère instable et un oncle mafieux, les frères JP et Vincent ont bien du mal à trouver leurs marques, spécialement JP qui semble sur la voie fragile d’une possible rédemption, soutenu par son amour pour Mel, apparemment la seule personne équilibrée de l’histoire. La réalisatrice précise s’être inspirée d’un récit entendu sur une famille de collecteurs pour développer les thèmes qui lui tenaient à cœur : la famille et les liens fraternels, si difficiles à appréhender et encore plus à exprimer. Son film cherche à décortiquer les incohérences psychologiques de l’amour familial dont chaque membre semble souffrir. Ce n’est pas le premier film à plonger dans les tourments du mal-être des marginaux aux prises avec la délinquance et avec les petits règlements de compte entre amis, mais Chien de garde a ses propres atouts, disposant d’une interprétation excellente et d’une direction d’acteurs remarquable. Autant l’intrigue ne suscite guère l’enthousiasme, autant les quelques comédiens recrutés sont vraiment tous impressionnants par leur implication et leur maîtrise acquise après quelques semaines de répétitions. Théodore Pellerin, une révélation, excelle à incarner Vincent, ce jeune frère incontrôlable et déstabilisant, tandis que Jean Simon Leduc dote JP, le frère aîné « chien de garde », d’une subtilité émotionnelle éloquente. Le duo est parfaitement épaulé par les deux personnalités féminines contrastées de la mère et de la copine, jouées par Maude Guérin et Claudel Labege ; quant à Paul Ahmarani, il hérite du rôle du méchant : le peu estimable oncle Dany. Tous ces interprètes sont dirigés avec efficacité par Sophie Dupuis qui parvient sans peine à insuffler à Chien de garde une tension affective palpable. Ce réel talent à filmer les fractures est la marque d'une auteure prometteuse.

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Commentaire technique

Image : copie SD, image globalement bien définie dans la limite étriquée du support DVD, bon contraste mais éclairages réduits en intérieurs, étalonnage naturaliste, colorimétrie chaude, tons nuancés

Son : mixage 5.1 en français canadien, dialogues dynamiques, spatialisation naturelle sans excès aux ambiances réalistes assez peu spectaculaires sauf sur les différentes musiques retenues