Les Éblouis : l’art de la manipulation psychologique (en DVD et VOD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l'aînée d'une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité dans laquelle ils s'investissent pleinement. La jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments. Peu à peu, l'embrigadement devient sectaire. Camille va devoir se battre pour affirmer sa liberté et sauver ses frères et sœurs.
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• Titre original : Les Éblouis
• Support testé : DVD
• Genre : drame
• Année : 2019
• Réalisation : Sarah Suco
• Casting : Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Eric Caravaca, Céleste Brunnquell, Laurence Roy, Daniel Martin, Spencer Bogaert, Benjamin Gauthier
• Durée : 1 h 36 mn 09
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 français
• Bonus : rencontre avec Daniel Sisco, président de l'Association pour la Défense des Familles et de l'Individu victimes de sectes, et Dominique Besnehard, producteur (21 mn 31) - entretien avec Sarah Suco (18 mn 27) - entretien avec Yves Angelo, directeur de la photographie (6 mn 23) - court métrage Nos enfants de Sarah Suco (2017, 9 mn 58) - bandes annonces dont Les Éblouis (1 mn 38)
• Éditeur : Pyramide Vidéo
Commentaire artistique
Sarah Suco, actrice passée derrière la caméra, ne cache pas qu’elle a vécu une décennie de sa jeunesse dans une communauté charismatique. Son premier long-métrage pleinement autobiographique, Les Éblouis, est un projet mûri de longue date, devenu, enfin, réalité. Le scénario qu’elle a coécrit avec Nicolas Silhol n’est cependant pas documentaire mais relève de l’œuvre de fiction avec une dramatisation maîtrisée et une série de caractères plus ou moins empathiques : l’exercice était délicat car si l’émotion peut être suscitée par la narration et l’efficacité de la mise en scène, il est toujours difficile de traduire à l’écran - quand on ne l’a pas vécu de l’intérieur - cette emprise insoutenable qu’une secte exerce sur ces membres, a fortiori lorsque ceux-ci sont de jeunes, voire de très jeunes enfants. Les Éblouis utilise donc le principe classique de l’identification en faisant partager au spectateur le trouble et le désarroi éprouvés par la jeune Camille, adolescente progressivement gagnée par l’emprise psychologique d’une communauté chrétienne aux agissements condamnables mais dont la dérive ne semble pas sensibiliser les parents. Le film décortique, selon un récit efficacement mené, la manipulation psychologique irrésistible qu’exerce avec brio le « Berger », un prêtre expert dans l’art de faire plier les consciences. Incarné par un Jean-Pierre Darroussin tout en subtilité démoniaque, ce meneur va définitivement convaincre Christine et son mari Frédéric du bien-fondé de sa communauté : l’interprétation exemplaire du couple par Camille Cottin et Eric Caravaca confère, par sa sincérité, une rare intensité à l’intrigue. Les Éblouis excelle à démontrer comment des adultes sensibles et, en principe, clairvoyants, peuvent se faire circonvenir sans jamais se douter du piège de l’embrigadement. Le film est d’autant plus poignant que le sectarisme de cette communauté charismatique (un courant initié aux USA) est dépeint à travers les yeux d’une adolescente et de ses petits frères et sœurs : une petite famille anodine plongée dans un rituel contraignant qui régente tous les aspects, moraux et physiques, de la vie. Même si Les Éblouis évite tout manichéisme primaire en décrivant aussi les aspects positifs de la communauté, le tableau, à la limite de l’aliénation, est saisissant : la réalisatrice l’affirme, tout ce que l’on voit dans son film « a existé de manière encore plus violente » ! Dans ces conditions, les efforts extraordinaires déployés par Camille, remarquablement incarnée par Céleste Brunnquell, sont colossaux pour ne pas céder totalement à l’endoctrinement et enfin agir, en dépit de la fracture inévitable qui en résultera avec sa mère définitivement... éblouie. Ce portrait poignant d’une jeune fille, qui s’affranchit de son enfance et toutes les tutelles, n’est jamais caricatural : très bien écrit et filmé avec sobriété par Yves Angelo, ce drame contemporain réussit le pari d’être un film pertinent sur la fascination sectaire, et ses dérives, sans jamais sombrer dans la thèse démonstratrice partisane. Troublant.
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Commentaire technique
Image : copie SD, définition correcte mais un manque manifeste de piqué sur les détails inhérent au format DVD, bonne gestion du contraste y compris en basse lumière, étalonnage chaud naturaliste, colorimétrie réaliste nuancée
Son : mixage français 5.1, dialogues clairs, excellente dynamique en particulier sur la musique, surrounds efficaces, spatialisation naturelle aux ambiances ouvertes avec effets latéraux réalistes
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt9170086/
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