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La Roue : un monument incontournable du Septième Art (en Blu-ray et DVD)

Blu ray La Roue 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5).

Synopsis :

Le mécanicien-chef Sisif recueille une petite orpheline à la suite d'une catastrophe de chemin de fer. Elle s'appelle Norma et est élevée avec Élie, le fils de Sisif, à peu près du même âge. Tout semble aller pour le mieux, mais peu à peu Sisif se sent pris d'une étrange passion pour sa fille adoptive.

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• Titre original : La Roue
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, classique
• Année : 1923
• Réalisation : Abel Gance
• Casting : Séverin-Mars, Ivy Close, Gabriel de Gravone, Pierre Magnier, Georges Térof, Max Maxudian, Gil Clary, Géo Dugast
• Durée : 7 h 56 mn 51 (Prologue et première époque : 1 h 55 mn, Deuxième époque : 1 h 51 mn 39, Troisième époque : 1 h 34 mn 36, Quatrième époque : 1 h 35 mn 36)
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1 Noir et Blanc et teinté
• Sous-titrage : anglais, allemand
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 musique
• Bonus : La Roue, un chef-d’œuvre restauré, documentaire sur la restauration du film (30 mn 16) - Autour de La Roue, documentaire sur les coulisses du tournage réalisé par Blaise Cendrars (8 mn 49) - Avant/après sur la restauration de l'image (4 mn 59) - scènes coupées (6 mn 31) - Actualité Pathé d’époque : « L’occupation de la Ruhr par les troupes françaises 1923 » (3 mn 47) - Abel Gance dans L’histoire du cinéma français par ceux qui l’on fait interviewé par Armand Panigel (1974, 7 mn 12) - Abel Gance, Léonce Burel et Marguerite Beaugé dans Cinéaste de notre temps d’André Labarthe (1964, 6 mn 34)
• Livret de 140 pages : « La Roue Abel Gance cahiers d’une restauration » : introduction de Sophie Seydoux, le travail de restauration par François Ede, retour sur la collaboration des Cinémathèques Suisse et Française par Céline Ruivo et Caroline Fournier, la musique : 12 questions à Bernd Thewes en charge de la reconstruction de la musique, liste des 117 compositions musicales utilisées pour le film
• Éditeur : Pathé !

Commentaire artistique

Certains films ont marqué l’histoire du cinéma de leur empreinte indélébile : La Roue est de ces chefs-d’œuvre que tout amateur et cinéphile doit avoir vu absolument. Monument du 7e Art, le film d’Abel Gance l’est dans tous les sens du terme, aussi bien sur le plan artistique que technique. Un tournage échelonné sur 16 mois (de décembre 1919 à avril 1921) dans divers lieux en fonction de l’état de santé d’Ida Danis, la jeune épouse du cinéaste rongée par la tuberculose, des décors plantés au milieu des rails d’une gare en activité ou construit au sommet d’une montagne près de Chamonix, des kilomètres de pellicule, des scènes à haut risque (tournage en montagne ou sur une voie ferrée en construction), tout dans La Roue est disproportionné à l’égal de la sensibilité esthétique et du génie cinématographique qui habitaient le jeune cinéaste trentenaire alors auréolé du succès de son précédent chef-d’œuvre, J’accuse (1919). La production et le tournage de La Roue se sont déroulés avec force complication et une certaine folie créatrice dont rendent compte l’excellent livret qui accompagne le film, qu’on lira avec profit, et l’étonnant Making of d’époque (cf. bonus) réalisé par Blaise Cendrars, alors assistant bénévole d’Abel Gance. La démesure qui caractérise le film s’exprime aussi par la durée de sa version initiale projetée à partir du 14 décembre 1922 en trois séances de deux époques soit près de huit heures. Pour ce métrage stupéfiant (environ 11000 m de pellicule), Arthur Honegger et Paul Fosse, chargés de la musique, ne pouvant composer une partition d’une telle durée opteront pour un choix de 117 morceaux extraits « d’œuvres modernes d’une haute tenue musicale » (Darius Milhaud, Gabriel Fauré, Charles-Marie Vidor). Arthur Honegger se contentera de composer un court prélude suggestif. Dès la Première, les critiques fusent, notamment celle de Fernand Léger qui avait dessiné l’affiche du film, contre la durée excessive : les versions ultérieures ne vont cesser d’être raccourcies par l’auteur lui-même qui n’hésitera pas plus tard à couper, hélas, dans les négatifs originaux, ce qui compliquera les restaurations ultérieures : ainsi la version d’exploitation (10495 m) montrée de février à avril 1923 est amputée de 300 m, puis suivra une version sérieusement écourtée ramenée à 4200 m sans compter des versions alternatives destinées à l’exploitation internationale et pas toujours remontée par l’auteur. Une ultime tentative en 1950 de présenter une version courte sonorisée est finalement abandonnée. Dans les années 1970 une première restauration (3400 m) est entreprise par Marie Epstein, sœur de Jean Epstein pour qui La Roue était « le plus beau film du monde » mais il faudra attendre la découverte en 1987 de la version de 6000 m conservée par la Cinémathèque Suisse pour qu’elle propose une nouvelle restauration plus proche du premier film de 1923.
C’est au terme de cinq années de patients efforts qu’en 2019 est reconstruit et restaurée une version intégrale accompagnée de sa musique originale reconstituée. Les ressources conjointes des Cinémathèques Suisse et Française (cf. bonus) auront permis à François Ede (cf. bonus) de diriger la difficile reconstruction de La Roue dans un montage proche de la version conçue en 1923 par Abel Gance. Pour suppléer à la disparition de la copie originale complète, deux éléments ont été déterminants, le scénario orignal et, surtout, le registre musical du Gaumont Palace répertoriant, dans l’ordre de projection, les morceaux joués en live par un orchestre symphonique. C’est aussi grâce à cette liste que Bern Thewes, qui a déjà à son actif plusieurs travaux similaires (musique du film Octobre en 2012), a pu mener à bien en trois ans avec une équipe de sept personnes la reconstitution de la musique et combler les 60 minutes manquantes. Pour parfaire la restauration, les intertitres manquants ont été reconstitués (signés FJSP) ainsi que les titrages de chaque époque.
La redécouverte de La Roue dans sa durée démontre, si c’était nécessaire, la maitrise technique et la créativité visuelle de son auteur : poursuivant ses expériences formelles et dramatique, déjà saisissantes dans J’accuse, Abel Gance imagine une histoire ferroviaire pathétique propre à exprimer son approche du drame avec toutes les potentialités offertes par le langage cinématographique. Il rédige un scénario, vaguement inspiré d’un roman de Pierre Hamp, qu’il organise en deux temps : la « symphonie noire » puis la « symphonie blanche ». C’est une tragédie qui se noue autour de Sisif, un cheminot troublé par la fillette, la Rose du rail, qu’il a sauvée d’un accident de chemin de fer et dont l’existence, symbole de la Roue du destin, va conditionner les malheurs de tout son entourage. Un tantinet mélodramatique, l’intrigue, qui prend son temps, est interprétée avec une formidable intensité psychologique par Séverin-Mars (Sisif) qui mourra avant que le film ne soit projeté. Le comédien est entouré par l’actrice anglaise Ivy Close (Norma) et par Gabriel de Gravone (Elie) tout aussi touchant ; Pierre Magnier incarne avec une belle intensité Jacques de Hersan, mari de Norma. Cette ténébreuse histoire prend toute sa dimension grâce à l’extraordinaire talent d’Abel Gance qui transcende la mise en scène et ne cesse de multiplier, avec l’aide de ses opérateurs dont Léonce Burel, les innovations visuelles : tournage réaliste en extérieurs avec de vraies locomotives, jeux d’éclairages (scènes de nuit, panache des trains, neige…), usage de caches et jeux de couleurs, surimpressions et montage énergique, etc. Étonnamment Abel Gance joue avec emphase de anthropomorphisme (la locomotive) dans cette tragédie conçue comme apte à « faire marcher les catastrophes des sentiments et celle des machines… ».. La Roue est plus qu’un film sur le rail ou un drame poignant, c’est une véritable œuvre d’art.

 

Blu ray La Roue

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Commentaire technique

La reconstruction/restauration de La Roue supervisée par la Fondation Jérôme-Pathé est basée sur de nombreuses sources hétérogènes : la copie de la Cinémathèque Suisse (20 bobines), le négatif original tronqué (14 bobines) conservé à la Cinémathèque Française, des copies 35 mm diverses (Cinémathèque de Toulouse, archives de Prague, collection de Lobster Films), deux contretypes 16 mm de la Cinémathèque Françaises, qui a aussi fourni un matériel inédit (49 boites de négatifs inexploités et 9 boites de chutes, doubles et coupes). Après scan 4K, ces éléments ont été stabilisés, débarrassés de leur scintillement, harmonisés avec nettoyage des défauts et des variations de densité, redimensionnement des images, ajustement de la granulation, comblement des lacunes, usage de fondus-enchaînés pour fluidifier la projection, étalonnage des passages teintés en simulant une projection d’époque avec une lampe à arc (4500° K).

Image : copie HD, définition variable selon les plans mais ceux issus du négatif original sont carrément époustouflants avec un piqué chirurgical sur les détails. Compte tenu des vicissitudes des négatifs et des copies du film, le résultat est absolument magnifique : le grain très argentique, la régularité de la projection, la stabilité du cadre sont remarquables. Les défauts n’ont pas tous été gommés volontairement afin de respecter l’intégrité de l’œuvre et les deux dernières époques accusent de nombreux dégâts difficiles à compenser. Les nombreuses séquences teintées par divers procédés (Abel Gance en aurait même abusé) ont donc été calées chromatiquement sur des couleurs théoriquement projetées avec une lampe à arc en usage dans les années 20 : le résultat est fascinant et l’on ressent bien la volonté artistique de l’auteur (rouge dramatique, bleu apaisant…)

Son : mixage musical 5.1 ample et dynamique puisqu’enregistré en direct par l’Orchestre Philharmonique de Berlin (14 septembre 2019) conduit par Frank Strobel, la puissance orchestral est parfaitement immersive grâce à un usage efficace des surrounds et LFE mais la prise de son ne spatialise pas vraiment les instruments dans l’espace. Grandiose et saisissant

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue(5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0014417/

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