Jojo Rabbit : une fable séduisante et salutaire (en Blu-ray, DVD et VOD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Jojo est un petit allemand solitaire. Sa vision du monde est mise à l'épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu'imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
• Titre original : Jojo Rabbit
• Support testé : Blu-ray
• Genre : comédie dramatique
• Année : 2019
• Réalisation : Taika Waititi
• Casting : Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie, Scarlett Johansson, Taika Waititi, Sam Rockwell, Rebel Wilson, Alfie Allen, Stephen Merchant
• Durée : 1 h 48 mn 23
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français, néerlandais, allemand, italien, mandarin, danois, finlandais, suédois, castillan, norvégien, japonais, anglais
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais - DTS 5.1 français, castillan, allemand, italien - Dolby Digital 5.1 japonais
• Bonus : commentaires audio de Taika Waititi - scènes coupées (8 mn 57) - prise vue, bêtisier (3 mn 26) - Dans Jojo Rabbit, les coulisses (29 mn 46) - teaser (0 mn 59) - bande annonce cinéma (2 mn 19)
• Éditeur : 20th Century Fox Entertainment
Commentaire artistique
Après un blockbuster au budget démesuré, Thor : Ragnarok, le cinéaste Taika Waititi retrouve avec Jojo Rabbit le ton singulier et inimitable qui a fait sa réputation de ses films antérieurs plus modestes tels que le décalé et jouissif A la Poursuite de Ricky Baker (2016). Pour ce nouvel opus, dont il a écrit le scénario, Taika Waititi adapte le roman de Christine Leunens « Le ciel en cage » que l’auteure a rédigé à l’issu de recherches en 2000 sur les « Jeunesses hitlériennes » (Hitlerjugend). Une première fois adapté au théâtre de Wellington en 2017, il a intéressé le réalisateur par la dimension de son sujet : une vision du nazisme présentée à travers les yeux d’un jeune garçon endoctriné qui finira par devenir lucide. L’ambition de Jojo Rabbit était de concilier l’humour et la dérision avec un fort message de tolérance contre tous les préjugés, en partie nourri par le vécu du cinéaste, lui-même juif et maori. Mais plutôt que traiter ce thème intemporel avec gravité, il a préféré utiliser l’arme de la satire et du décalage, ce qu’il sait toujours très bien faire. Avec Jojo Rabbit, il nous convie à suivre un garçonnet très attachant, complètement aveuglé par la propagande, et s’inventant une figure protectrice imaginaire et inénarrable d’Hitler. Le jeune Roman Griffin Davis incarne avec un naturel désarmant l’adorable Jojo Rabbit tandis que le réalisateur joue avec ostentation le dictateur et père de substitution. Jojo est entouré de partenaires hauts en couleurs : une jeune juive Elsa (Thomasin McKensie) qui va transformer sa manière de voir, un surprenant capitaine K (Sam Rockwell) assisté d’une étonnante Fräulein Rahm (Rebel Wilson), une effrayant chef de la Gestapo (Stephen Merchant), un petit camarade rondelet et sympathique Yorki (Archie Yates). C’est Scarlett Johansson qui interprétera avec une vraie sensibilité son adorable maman Rosie. Taika Waititi use et abuse de la meilleure arme possible contre le fanatisme, le rire, ce qui ne l’empêche pas de manier avec habileté la critique et de susciter l’émotion. Jojo Rabbit est certes un film allégorique, à décoder entre les lignes, mais ce n’est pas un pamphlet grossier et manichéen qui serait contre-productif : le film ménage une part d’humanité à tous ses personnages, même les plus abjects, et en particulier à son petit héros que son endoctrinement ne rend pas antipathique. Taika Waititi est sur le fil du rasoir mais parvient à nous faire aimer cet enfant dépossédé de son innocence que les événements se chargeront de désillusionner. Ne reculant pas sur les situations cocasses et les anachronismes, Jojo Rabbit présente une vision très chatoyante des années de guerre vues par des yeux d’enfant. Dans le même temps un grand soin est apporté à la reconstitution (uniformes, véhicules, armes) pour bien contextualiser la fable. À l’instar de Charlie Chaplin et d’Ernst Lubitsch, deux artistes de génie qui ont usé du rire en plein Seconde guerre mondiale, Taika Waititi a su affûter son arme parodique pour mieux dénoncer le totalitarisme et prôner la tolérance. Malgré un ton caricatural parfois un brin excessif, Jojo Rabbit parvient à démasquer, sur un ton délibérément burlesque, la perversité machiavélique de l’endoctrinement, surtout chez les enfants, et la menace toujours d’actualité de la pensée totalitaire. Salutaire.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire technique
Image : copie HD, excellente définition et piqué irréprochable (tournage avec caméras Arri Alexa Mini et SXT, Mater Format 2K), contraste sans faille pour une image très lumineuse, étalonnage chatoyant, colorimétrie vive aux teintes éclatante et tons nuancés
Son : mixage anglais 5.1 extrêmement dynamique, dialogues clairs au centre, musique et ambiances énergiques, spatialisation ample immersive et occasionnellement spectaculaire (explosions, bataille…), surrounds et LFE très efficaces ; VF 5.1 soignée et dynamique mais ne pouvant rivaliser avec les « accents » contrefaits de la VO
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixages sonores : (4,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt2584384/
Blu-ray et DVD disponibles sur Amazon
LA SUITE APRÈS LA PUB
|