Trois séries B d’horreur et de fantastique des années 50 en haute définition (en Blu-ray et DVD)

Note artistique globale : (3/5)

Synopsis

Docteur Cyclope : sans la jungle amazonienne, le docteur Thorkel conduit des expériences incroyables : après des années de recherche, il arrive à réduire l'être humain à une taille minuscule. Quand un de ses confrères, le docteur Bulfinch, accompagné de son assistante Mary Robinson viennent lui rendre visite, Thorkel ne veut pas trop dévoiler ses conclusions…

Le Peuple de l’enfer : lors d'une expédition en Asie menée par le docteur Roger Bentley, des archéologues sont pris dans un tremblement de terre. Celui-ci révèle sous terre les restes d'une civilisation vielle de 5000 ans…

Le Monstre des abîmes : le professeur Donald Blake, qui travaille dans une université, fait l'acquisition d'un poisson qui a été irradié aux rayons gamma. Lors de l'examen du specimen, Blake reçoit le sang du poisson sur lui. Les effets sont catastrophiques : il se transforme peu à peu en bête sauvage et sanguinaire…

• Titre français : Docteur Cyclope - Le Peuple de l’enfer - Le Monstre des abîmes
• Titre original : Dr. Cyclops - The Mole People - Monster on the Campus
• Support testé : Blu-ray
• Genre : fantastique, thriller, aventure, horreur
• Année : 1940, 1956, 1958
• Réalisation : Ernest B. Schoedsack, Virgil W. Vogel, Jack Arnold
• Casting : (1) Albert Dekker, Thomas Coley, Janice Logan, Charles Halton, Victor Kilian, Frank Yaconelli, Paul Fix, Frank Reicher (2) John Agar, Cynthia Patrick, Hugh Beaumont, Alan Napier, Nestor Paiva, Phil Chambers, Rodd Redwing, Robin Hughes, Frank Baxter (3) Arthur Franz, Joanna Moore, Judson Pratt, Nancy Walters, Troy Donahue, Phil Harvey, Helen Westcott, Alexander Lockwood, Whit Bissell, Ross Elliott
• Durée : 1 h 16 mn 49 - 1 h 17 mn 32 - 1 h 16 mn 33
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Technicolor (1) 2,00/1 Noir et Blanc Superscope (2) 1,85/1 Noir et Blanc (3)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
• Bonus : (1) le film par Eddy Moine (9 mn 33) - bande annonce d'époque (1 mn 57) - livret de 16 pages sur le film par Alain Petit - (2) le film par Jean-Pierre Dionnet (7 mn 51) - bande annonce (1 mn 19) (3) le film par Jean-Pierre Dionnet (7 mn 24) - Jack Arnold géant de la peur par Jean-Pierre Dionnet (6 mn 57) - bande annonce (1 mn 05)
• Bonus sur tous les titres : dans la même collection - jaquette réversible avec affiche originale - DVD du film
• Éditeur : Elephant Films

Commentaire artistique

Ces trois séries B d’horreur et de fantastique relèvent de la catégorie des films à petit budget sans grande star destinés à compléter les « double-programmes », c'est-à-dire ces séances de cinéma des années 50/60 où l’on projetait deux films à la suite.

Docteur Cyclope a été réalisé, dans un Technicolor flamboyant, par Ernest B. Schoedsack, codirecteur de deux films réputés pour leurs effets spéciaux signés Willis O’Brien, le classique King Kong (1933) et le péplum Les Derniers Jours de Pompéi (1935). Pour Docteur Cyclope le choix du Technicolor trichrome est une première pour un film fantastique et de science-fiction : on mesurera la qualité exceptionnelle du procédé grâce à la superbe restauration disponible sur le blu-ray. Le scénario de Tom Kilpatrick, assez simple et sans surprise avec son savant fou, adapte une nouvelle parue en 1940 dans un magazine à bon marché, dit « pulp ». Mais ce qui fait tout l’intérêt de cette série B réside dans les excellents effets spéciaux de Farciot Edouart et Gordon Jennings et les décors fascinants par leur échelle démesurée conçus par A. E. Freudeman. Il y a dans ce film un peu de King Kong avec la main géante tandis que la miniaturisation annonce le classique du genre de Jack Arnold, L’Homme qui rétrécit (1957). Le docteur Thorkel, biologiste excentrique et sans scrupule, est incarné par Albert Dekker, saisissant avec ses lunettes épaisses et son crâne chauve. C’est Janice Logan, actrice à la brève carrière (1939-1944), qui apporte la note féminine indispensable à toute production hollywoodienne. Docteur Cyclope est un divertissement sans prétention dont les trucages et les scènes d’action (celle du crocodile…) conservent leur intensité, légèrement sublimée, en ces temps d’effets spéciaux numériques, par la nostalgie d’un tournage en Technicolor. Distrayant.

Le Peuple de l’enfer débute sur les doctes propos du réel Dr. Frank Baxter, diplômé de littérature anglaise mais surtout connu pour ses apparitions télévisées dans des programmes de science souvent montrés dans les écoles. C’est dire si le film veut en imposer sur le sérieux de son contenu même si le scénario de László Görög se permet de revisiter très librement les civilisations antiques en adoptant la vision tombée depuis en disgrâce du panbabylonianisme. Dans le film les confusions sont nombreuses entre Sumériens, Babyloniens, Égyptiens et Déluge biblique. L’intrigue assez naïve convie les spectateurs à suivre une expédition archéologique qui découvre fortuitement une civilisation antique d’albinos qui survie, comme par miracle, sous la surface terrestre ! L’équipe de savants, emmenée par le fringant docteur Bentley sous les traits de John Agar, acteur réputé de western, va rencontrer ces sumériens cachés, leur grand-prêtre Elinor (Alain Napier), leurs esclaves, des taupes mutantes à bosse, et Adad, une jolie blonde asservie incarnée par Cynthia Patrick dont c’est le seul long métrage notoire. Côté romance, le film devait se conclure sur une union sereine entre Bentley et Adad mais le studio imposa une autre fin moins optimiste. Desservi par ses effets spéciaux rudimentaires et son interprétation banale, Le Peuple de l’enfer ne jouit pas d’une grande réputation. Plus ou moins distrayant, il reste une curiosité pour cinéphile féru de rareté de science-fiction des années 50.

Le Monstre des abîmes a été écrit par David Duncan à qui l’on doit en 1966 le scénario du film de Richard Fleischer Le Voyage fantastique. L’histoire assez simpliste fait intervenir la « régression » du héros à la manière de « Dr Jekyll and Mr. Hyde ». Incarné par Arthur Franz, acteur habitué des films de guerre et des westerns, il devient une brute primitive préhistorique qui terrorise un campus et une jolie blonde jouée par Joanna Moore, actrice essentiellement vue dans les séries télévisées. Ce petit film d’horreur, bouclé en 12 jours, bénéfice des talents de son directeur de la photographie Russell Metty et de la dextérité de mise en scène de Jack Arnold, auteur de quelques pépites du genre comme L’Étrange créature du lac noir (1954), Tarentula (1955) et L’Homme qui rétrécit (1957). Plutôt bien accueilli à sa sortie, Le Monstre des abîmes respecte la règle toujours efficace en la matière : ne montrer la créature que très rarement et faire durer le suspense jusqu’à sa première apparition. Et c’est tant mieux car le maquillage de l’homme simiesque réalisé par Bud Westmore et Jack Evan n’est guère convaincant ! L’ennui de cette série B réside dans son manque d’action qui se résume à quelques rares scènes tournées en extérieurs dans une université privée d’Eagle Rock à L.A. alors que l’essentiel du film consiste en bavardages statiques dans des intérieurs de studio. Critiqué par certains qui ont vu dans la bête une caricature raciste de l’Afro-américain et analysé par d’autre comme une vision métaphorique de l’évolution de l’individu, Le Monstre des abîmes ne transcende jamais son seul objectif de divertissement. Mais malgré ses stéréotypes, le savant-fou et la jolie femme effrayée, et son manque de péripéties, Le Monstre des abîmes possède, avec le recul, le charme certain de ces films désuets et datés des années 50.

Commentaire technique

Docteur Cyclope

Image : copie HD, nouveau Master restauré 4K, excellente définition avec du piqué sur les détails et les textures, grain argentique homogène (tournage en 35 mm), étalonnage chatoyant avec la colorimétrie vive et saturée du Technicolor (conseiller : Natalie Kalmus), image très propre, restauration exceptionnelle
Son : mixage anglais 2.0 monophonique clair, sans bruit de fond ni distorsion, bonne dynamique, aigu légèrement en retrait

Le Peuple de l’enfer

Image : copie HD, nouveau Master restauré, le format retenu est le 2.00/1 Superscope d’origine (film tourné en 35 mm en 1,37/1), bonne définition mais variable selon les plans, grain argentique présent plus ou moins perceptible, bon contraste avec des noirs profonds et des gris étagés, copie pas assez nettoyée avec de nombreux défauts (taches, rayures)
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion ou de bruit de fond, spectre limité dans les aigus

Le Monstre des abîmes

Image : copie HD, nouveau Master restauré 4K, très belle définition, gros plans et textures bien restitués, grain argentique discret (tournage en 35 mm), image lumineuse et très propre, noirs profonds, échelle des gris harmonieuse, blancs nuancés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, bonne dynamique qui profite aux ambiances et à la musique

Notre avis

Image : Docteur Cyclope (4, 5/5) Le Peuple de l’enfer (3,5/5) Le Monstre des abîmes (4/5) 
Mixages sonores : (3,5/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)

IMDb
Docteur Cyclope : https://www.imdb.com/title/tt0032412/
Le Peuple de l’enfer : https://www.imdb.com/title/tt0049516/
Le Monstre des abîmes : https://www.imdb.com/title/tt0051948/

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