Les Fleurs de Shanghai : la vie des courtisanes comme un rêve esthétique (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
À la fin du XIXe siècle, dans la concession britannique de Shanghai, plusieurs « Maisons des fleurs », réservées à l’élite masculine, forment un monde clos où l’on vient autant pour dîner, fumer de l’opium, jouer au mah-jong et se distraire que pour rencontrer des courtisanes. Les femmes qui y travaillent sont appelées « les fleurs de Shanghai ». Wang, un haut fonctionnaire, est le client officiel de la sublime et dépensière Rubis. Dans une autre maison, il fréquente aussi Jasmin…
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• Titre original : Hai shang hua
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1998
• Réalisation : Hou Hsiao-hsien
• Casting : Tony Leung, Chiu Wai, Michiko Hada, Michelle Reis, Carina Lau, Jack Kao, Rebecca Pan, Vicky Wei, Hsuan Fang, Annie Shizuka Inoh, Ming Hsu
• Durée : 1 h 53 mn 54
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 mandarin ancien de Shanghai
• Bonus : édition prestige limitée avec le Blu-ray et le DVD (108') du film - livre exclusif « Les Fleurs de Shanghai. Le Prix des sentiments, à propos de Hou Hsiao-hsien » de Charles Tesson (60 pages) - jeu de 5 photos - affiche du film (40 x 60 cm)
• Bonus HD : Un monde flottant, entretien avec Jean-Michel Frodon, critique et professeur à Sciences Po Paris (2020, 18 mn 33) - Cinéma de notre temps : HHH - Portrait de Hou Hsiao-Hsien, documentaire réalisé par Olivier Assayas, musique de Georges Delerue, exclusivité Blu-ray (2000, INA - ARTE France, nouvelle restauration 2K, 1 h 31 mn 10) - bande annonce 2020 (1 mn 43)
• Éditeur : Carlotta Films
Commentaire artistique
Présenté en version restaurée 4K dans un coffret de la collection édition prestige limitée n° 11 (2000 exemplaires) avec goodies et un livre de Charles Tesson, Les Fleurs de Shanghai est un chef-d’œuvre réalisé en 1998 par le cinéaste taiwanais Hou Hsiao-hsien, reconnu pour ses films d’auteur, largement plébiscités et récompensés en Europe (Cannes, Venise, Berlin). Pour mieux appréhender la carrière et la personnalité du réalisateur, il ne faudra pas manquer l’excellent documentaire que lui a consacré Olivier Assayas en 2000 et donné en supplément exclusif restauré sur le blu-ray. Les Fleurs de Shanghai a été écrit par Chu Tien-wen à partir d’un roman « feuilleton » inachevé de Hans Ziyun (Hans Bangqing), qui décrit dans les années 1890 l’univers qu’il fréquentait, celui des maisons closes de luxe de Shanghai qui exerçaient leur commerce en toute liberté dans les concessions étrangères. Ce monde feutré est dépeint sans jamais aborder la dimension sexuelle supposée : dans la culture chinoise de la frustration amoureuse, le bordel est un lieu où l’on peut assouvir une passion réprimée, trouver des sentiments monnayables qui s’expriment dans la splendeur des maisons des « fleurs », magnifiques demeures où vivaient dans le luxe entremetteuses et prostituées financées par des clients fortunés. Structuré en 37 plans-séquence, Les Fleurs de Shanghai a été filmé dans des décors construit en studio à Taiwan reproduisant avec minutie le huis clos de ces établissements. Bénéficiant d’un casting chinois (Tony Leung) et japonais remarquable de naturel, le film détaille méthodiquement le quotidien de quelques courtisanes, qui était plus composé de tracas financier et de relations de dépendances que de préoccupations charnelles. Les Fleurs de Shanghai est un film contemplatif qui donne à observer les clients et les courtisanes dans l’exercice des plaisirs de la table et du jeu plus qu’à développer une narration construite sur une histoire forte. On comprend les enjeux essentiels, amour, mariage, jalousie, finances, mais le « non-récit » nous livre les détails par petites bribes, montrant au spectateur des instants fugaces que le cinéaste s’ingénie à clore abruptement par un fondu au noir sans autre explication. Les amateurs pourront s’extasier sur les ingénieux et subtils mouvements de la caméra qui dynamisent ces plans-séquence et apprécier la qualité de la reconstitution (costumes, accessoires, mobilier, etc.) esthétiquement sublime. Les Fleurs de Shanghai est de ces films qui donne lieu à des analyses infinies induites par la richesse de son contenu artistique et sensoriel (cf. le livre-supplément de Charles Tesson). D’aucuns pourront se pas accrocher au statisme de la mise en scène et à la composition « flottante » de la réalisation de Hou Hsiao-hsien qui, avec ce film « historique », rompait avec ses œuvres antérieures se déroulant exclusivement à Taiwan et dont style spécifique participa à l’éclosion du Nouveau Cinéma de Taiwan. En effet Les Fleurs de Shanghai est un film qui impose au spectateur un certain effort : il faudra oublier le confort de l’intrigue linéaire classique pour se laisser porter (flotter ?) par son rythme si particulier, parfois qualifié d’hypnotique, que l’on peut sans doute expliquer par son caractère répétitif. Loin du spectacle sulfureux que laisser présager son thème, Les Fleurs de Shanghai est un film qui ne se dépare jamais de son tact et de sa décence. Si la distanciation avec les personnages et l’esthétisme envoûtant de la mise en scène ne permettent pas une réelle identification, cette étonnante et rare expérimentation cinématographique n’interdit pas au cinéaste de pointer la noirceur de la société (prostitution , opium) et l’aliénation de la condition féminine avec ces courtisanes assujetties économiquement par les hommes qui ne rêvent que de liberté et de reconnaissance. Par sa dimension épurée et quasiment onirique Les Fleurs de Shanghai demeure un jalon essentiel dans la filmographie de Hou Hsiao-hsien. Fascinant.
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Commentaire technique
Nouvelle restauration 2019 par L’immagine Ritrovata pour le 22nd Shanghai International Film festival et la Shochiku à partir d’un scan 4K du négatif 35 mm avec un étalonnage réalisé sous la direction de Hou Hsiao-hsien et du directeur de la photographie Ping Bing Lee.
Image : copie HD, définition honorable mais au piqué relatif, voire moyen sur certains plans, grain argentique (tournage en 35 mm) en grande partie gommé, contraste manquant de luminosité sans rattrapage de la sous-exposition globale de la photographie, image dense et bouchée aux ombres multiples, étalonnage chaud et colorimétrie privilégiant les teintes rouges et dorées, tons trop saturés, image sans défaut
Son : mixage mandarin 5.1, dialogues clairs, pas de distorsion ou de souffle, excellente dynamique sur la musique de Yoshirio Hanno, spatialisation naturaliste discrète et sans grands effets (hormis les séquences de repas et de jeu) en raison d’un tournage en intérieur
Notre avis
Image : 
(3,5/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0156587/
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