La Haine 4K : une fiction pessimiste terriblement d’actualité (en UHD et Blu-ray)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Un jeune arabe de seize ans est entre la vie et la mort, passé à tabac par un inspecteur de police lors d'un interrogatoire. Une émeute oppose les jeunes d'une cité HLM aux forces de l'ordre. Pour trois d'entre eux, ces heures vont marquer un tournant dans leur vie.
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• Titre original : La Haine
• Support testé : UHD
• Genre : drame, policier
• Année : 1995
• Réalisation : Mathieu Kassovitz
• Casting : Vincent Cassel, Hubert Koundé, Saïd Taghmaoui, Karim Belkhadra, François Levantal, Edouard Montoute, Benoît Magimel, Vincent Lindon, Karin Viard
• Durée : 1 h 37 mn 55
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 (HDR 10 et Dolby Vision)
• Sous-titrage : français, anglais
• Pistes sonores : DTS-MA HD 5.1 et 2.0 français
• Bonus : coffret Digipack Film avec l'Ultra HD 4K Blu-ray du film et Blu-ray du film - un livre avec préface et couverture de JR, scénario original du film annoté par Mathieu Kassovitz et polaroïds du tournage (264 pages)
• Bonus sur l’UHD : commentaires audio de Mathieu Kassovitz (1999, 2005, 2020) - bande annonce (0 mn 29)
• Éditeur : StudioCanal
Commentaire artistique
Sorti sur les écrans le 31 mai 1995, La Haine, restauré en 4K, est de nouveau visible 25 ans plus tard : malgré ce quart de siècle écoulé, le film de Mathieu Kassovitz n’a pas pris une ride et profite d’une édition UHD techniquement impeccable. En 1995, le thème du film de banlieue est novateur et sa production va s’avérer particulièrement compliquée : le scénario, inspiré d’une bavure policière (en 1993, le meurtre de Makomé M'Bowolé), le choix d’un tournage en noir et blanc et en décors réels, celui d’acteurs pas encore très connus et de dialogues vifs au vocabulaire crû, font reculer beaucoup de producteurs mais Christophe Rossignon a du flair et se risquera à produire La Haine, futur film culte, qui rafle le prix de la mise en scène à Cannes. Tourné en scope par Pierre Aïm à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) avec l’implication des gens des cités des Muguets et de la Noé, notamment des « grands frères », le film relate, le temps d’une journée, les déambulations de trois potes jusqu’à son issue tragique parisienne. Le résultat saisissant va subjuguer les spectateurs (mais pas les policiers du gouvernement Juppé) et les critiques du monde entier et prouve que ce sujet de société (et les bavures policières) ne concerne pas que les banlieues françaises : en 2020, La Haine est plus que jamais précurseur à propos de la violence policière comme du racisme et ne risque pas de déconcerter les générations actuelles ! Certains ont même considéré que le film était annonciateur de la mode masculine streetwear… L’efficacité de La Haine résulte en grande partie de son aspect naturaliste sublimé par une mise en scène énergique usant de plan-séquences sophistiqués et de plans parfois tarabiscotés (caméra à l’épaule et usage d’un mini-hélicoptère) qui ont été reprochés par certains critiques. Pourtant loin d’être simplement esthétique, la réalisation parvient à concrétiser la réalité de la banlieue et de son quotidien pessimiste : l’évocation est d’autant plus intense que l’on constate qu'en 2020 rien n’a vraiment évolué, quoiqu’en disent les politiques de tous bords. Si le film ne lésine pas sur les allusions (Scorsese, De Palma) et se permet quelques notations surréalistes, La Haine est aussi marqué par sa brillante direction d’acteurs avec son formidable trio de personnages symboliques - Vinz le juif agressif, Hubert le boxeur noir chrétien et Saïd le maghrébin musulman tchatcheur - interprétés par des comédiens toujours justes, spécialement Vincent Cassel dans son meilleur rôle. Au détour de certaines séquences, d’autres futurs grands noms font preuve de leur talent : Benoit Magimel, Karine Viard ou Vincent Lindon. Une partie du film est improvisé et son déroulement est séquencé en scènes indépendantes séparées par un carton horaire. La seule musique du film est celle écoutée par les protagonistes à la radio ou à la télévision. Depuis sa sortie, La Haine a soulevé de nombreuses discussions sur son racisme latent (le blanc Vinz est bien le personnage central du film), sur sa manière de rendre compte des violences policières et sur son aptitude à décrire la banlieue car, malgré son apparence naturaliste, le film reste une fiction. Quoiqu’on puisse en penser, La Haine est désormais un film incontournable sur la culture urbaine dont l’influence reste durable - voir le film Les Misérables de Ladj Ly (2019) - et qui demeure totalement d’actualité.
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Commentaire technique
Image : copie UHD, nouveau Master 4K (restauration depuis le négatif original 35 mm), splendide définition sur les gros plans et les textures, grain argentique homogène et très discret (tournage en 35 mm avec caméras Arriflex, Master Format 4K), superbe gestion des contrastes avec un restitution nuancée en HDR des éclairages diurnes comme nocturnes, noir francs, blancs nuancés, gamme de gris harmonieuse, image propre sans défaut, compression irréprochable
Son : mixage français 5.1 (remix, film en Dolby SR stéréo à l’origine), dialogues très clairs discrètement spatialisés, dynamique sans faille qui profite aux sons ambiants et aux diverses musiques (scène du DJ à sa fenêtre), spatialisation immersive mais très mesurée usant avec parcimonie des surrounds et des LFE, ambiances naturalistes sans hypertrophie
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0113247/
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