Le Cercle rouge 4K : Bourvil magistral dans un polar stylé qui fête ses 50 ans (en UHD et Blu-ray)

Note artistique : (5/5)

Synopsis

Le commissaire Mattei est chargé de convoyer le détenu Vogel en train de Marseille à Paris. Mais ce dernier parvient à s’évader. Au même moment, Corey, sorti de prison après cinq années de détention, se rend à Paris pour monter le casse d’une bijouterie place Vendôme. Alors que Corey fait une halte dans un restaurant, Vogel trouve refuge dans le coffre de sa voiture. Le conducteur le repère et les deux hommes font connaissance. Ensemble, ils vont œuvrer sur le casse avec l’aide de Jansen, un ancien flic tireur d’élite...

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• Titre original : Le Cercle rouge
• Support testé : UHD
• Genre : policier
• Année : 1970
• Réalisation : Jean-Pierre Melville
• Casting : Alain Delon, André Bourvil, Gian Maria Volontè, Yves Montand, Paul Crauchet, Paul Amiot, Pierre Collet, André Ekyan, François Périer, René Berthier, Stéphanie Fugain, Mireille Drac
• Durée : 2 h 20 mn 30
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 (HDR)
• Sous-titrage : français, anglais, allemand
• Pistes sonores : DTS-MA 2.0 monophonique français, allemand
• Bonus sur l’UHD : Le Cercle parfait (2020, 42 mn 07, réalisation Jérôme Wybon)
• Bonus de 2010 sur le Blu-ray du film et le Blu-ray de bonus
• Éditeur : StudioCanal

Commentaire artistique

Le Cercle rouge a été le plus grand succès de Jean-Pierre Melville parmi les treize long-métrages qu’il réalisa et c’est aussi son avant-dernier juste avant Un Flic (1971). Mais c’est, surtout, l’ultime film d’un des plus grands comédiens français des années 70, André Robert Raimbourg, dit Bourvil, mort un mois avant la sortie du film. Âpre poursuite policière et cambriolage tragique, Le Cercle rouge a été écrit par son réalisateur qui plaça l’intrigue sous le sceau de la fatalité proférée par une citation apocryphe du mystique hindouiste Râmakrishna. Souvent qualifié de « plus américain des cinéastes français ». Jean-Pierre Grumbach, alias Melville en hommage au créateur de « Moby Dick », était en effet fasciné par le cinéma outre-Atlantique et monta d’ailleurs ses propres studios Jenner. D’un tempérament solitaire et irascible, fasciné par les truands et les personnages plus grands que nature, il a dirigé plusieurs classiques du cinéma hexagonal et finira par exceller dans le genre du film policier, une excellente opportunité pour le cinéaste de réaliser ces tragédies moralistes qui lui tenaient à cœur. Prévu avec un casting très différent réunissant Lino venture, Paul Meurisse et Jean-Paul Belmondo, Le Cercle rouge ne souffrira pas du changement : le trio de gangsters joué par Alain Delon, Yves Montand et Gian Maria Volontè n’a rien à envier aux acteurs envisagés et Bourvil y compose, à contre-emploi, un magnifique inspecteur Mattei tiré à quatre-épingles et fervent ailurophile (qui aime les chats). Si le cinéaste retrouve l’acteur Alain Delon qu’il avait dirigé dans Le Samouraï (1967), un polar tout aussi exceptionnel, auquel il fait jouer une fois de plus le héros taiseux et impénétrable, il offre à Bourvil, malade, l’un de ses plus beaux rôles et à François Perrier un bel emploi secondaire de tenancier de boîte nuit manipulé par Mattei. Ce casting ne va de soi lorsqu’on sait (cf. bonus) qu’il associait Yves Montand, en pleine désillusion sur le bienfondé du communisme, et Gian Maria Volontè, réputé pour son engagement à gauche ! Ce dernier faillit quitter le tournage pour mésentente avec le réalisateur... Malgré tout, Jean-Pierre Melville tint le cap et parvint à réaliser un polar tendu, intense, n’oubliant jamais les leçons du film noir américain et doté d’une mise en scène exemplaire et intemporelle qui inspire encore aujourd'hui les cinéastes. Il traite ses thèmes chers, l’ordre et la loi, la solitude et le poids du destin, avec ce style élégant capable d’aligner ces séquences mémorables sans aucun dialogue (début du film, casse). Admirablement saisies par Henri Decaë, elles sont pourtant fascinantes avec leurs amples mouvements de caméra, leur amplification narrative et leur atmosphère fataliste et crépusculaire. Superbement restauré, Le Cercle rouge est un polar qui reste dans les mémoires et qu’il faut revoir sans hésiter : chef-d’œuvre.

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Commentaire technique

La numérisation et la restauration 4K ont été faites par StudioCanal. La restauration a été effectuée au laboratoire Hiventy à partir du négatif original et de l’interpositif. Le négatif, détérioré par de nombreuses manipulations, présentait des rayures, des déchirures et des collures visibles. L’interpositif présentait beaucoup de taches, de zone de tirage et une géométrie différente de celle du négatif. L’étalonnage a demandé un long travail d’homogénéisation entre les sources en se référant à une copie d’époque et à une copie validée en 2000 par Pierre Lhomme, directeur de la photographie.

Image : copie UHD, excellente définition avec un piqué honorable, grain argentique homogène (tournage en 35 mm, master Format 4K), très bonne gestion du contraste en HDR restituant bien les éclairages clair-obscur originaux, image propre et stable, étalonnage à tendance monochromatique, colorimétrie nuancée limitée, le plus souvent, à quelques teintes froides, bleu, vert, magenta

Son : mixage français monophonique 2.0, dialogues clairs, bien équilibrés avec les ambiances, excellente dynamique sur les ambiances (trafic routier, sons urbains) et sur la partition d’Éric Demarsan, pas de distorsion, pas de défaut majeur ou de bruit de fond