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De sang-froid : un fait-divers sordide traité avec l’âpreté d’un documentaire (en Blu-ray et DVD)

Blu ray De Sang froid 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5).

Synopsis :

Le 14 novembre 1959. Une journée ordinaire pour les Clutter. Herb, un agriculteur qui a prospéré à force de travail et de volonté, sa femme Bonnie, à la santé fragile, et leurs enfants, Nancy et Kenyon, 16 et 15 ans, forment une famille aimée et respectée de tous à Holcomb, Kansas. À quelques heures de route, Perry Smith, la trentaine, des velléités artistiques mais déjà cabossé par la vie, tout juste sorti de prison, va retrouver un ancien codétenu, Dick Hickock, qu'il admire pour son charme et son bagout. Cette nuit-là, le destin de ces six êtres sera inéluctablement lié et scellé car les deux complices s'apprêtent à commettre le plus odieux des crimes. Et rien ne sera plus jamais comme avant.

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• Titre original : In Cold Blood
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1967
• Réalisation : Richard Brooks
• Casting : Robert Blake, Scott Wilson, John Forsythe, Paul Stewart, Gerald S. O'Loughlin, Jeff Corey, John Gallaudet,James Flavin
• Durée : 2 h 14 mn 40
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais, français
• Bonus : boîtier Mediabook avec visuel conçu par Thierry Couquard (Black Cherry), Blu-ray et DVD du film - livret « De sang-froid : du réalisme au fétichisme » rédigé par Philippe Garnier et illustré de photos d'archives (80 pages)
• Bonus sur le Blu-ray : Larmes noires à Holcomb, par Patrick Brion (2020, 39 mn 05) - Richard Brooks parle de De Sang-froid, entretien pour l'émission Cinéma Cinémas d’Antenne 2 du 25 janvier 1988 (VOST, 18 mn 40) - Contrebasses pour un massacre, la musique originale de Quincy Jones par Stéphane Lerouge (2021, 30 mn 23) - bande annonce (VOST, 2 mn 57)
• Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

En 1966, Truman Capote publie son roman « De sang-froid » (In Cold Blood A True Account of a Multiple Murder and Its Consequences), fruit d’une enquête poussée, sur place, à propos d’un meurtre sans mobile apparent, la nuit du 14 au 15 novembre 1959, d’une famille de fermiers de Holcomb au Kansas. Fort d’une documentation colossale, l’écrivain va détailler le contexte local de cet horrible fait divers et décrire les divers intervenants, à commencer par les auteurs du crime, deux marginaux sortis de prison : Dick Hickock et Perry Smith. Paru d’abord en épisodes dans The New Yorker en 1965, le roman, véritable analyse sociologique, devient rapidement un best-seller mondial. Pour ce livre, Truman Capote avait longuement rencontré les deux meurtriers dont la pendaison (14 avril 1965) sera pour lui une « épreuve atroce dont je ne remettrai jamais complètement », en particulier celle de Perry Smith qui le fascinait et pour lequel il aurait eu des sentiments amoureux. Bien que très informé, il convient de noter qu’assez récemment, en 2013, des documents inconnus, divulgués par le fils d’un des policiers Harold Nye, attestent des lenteurs de l’enquête et de l’erreur d’appréciation du détective Alvin Dewey qui pensait qu’un proche des Clutter était le meurtrier.

Le phénoménal succès du livre ne pouvait laisser Hollywood indifférente (cf. bonus) mais malgré le désir de certains cinéastes, comme Otto Preminger, de réaliser l’adaptation, c’est Richard Brooks qui emportera le projet. Il réussira à convaincre le studio de filmer De Sang-froid en noir et blanc et d’engager deux acteurs peu connus au lieu des stars envisagées, Steve McQueen et Paul Newman. Pour diriger un film rigoureusement authentique, transposant à l’écran les recherches documentaires minutieuses effectuées par Truman Capote pour son roman, Richard Brooks décide de filmer sur les lieux mêmes au Kansas, y compris dans la ferme des Clutter et dans la salle du tribunal de Garden City, et de faire participer certains vrais protagonistes locaux, comme par exemple un vendeur de costumes de Kansas City et une partie des jurés. Ce perfectionnisme ne fut pas de tout repos provoquant l’hostilité des survivants Clutter (deux filles absentes du massacre) et des habitants de Garden City mais qui sera finalement surmontée. On sait (cf. livre bonus) que le réalisateur a rigoureusement préparé son scénario sans communiquer avec Truman Capote mais en s’interrogeant sur chaque détail du livre et de la réalité. La scène terrible de la pendaison bénéficiera d’un luxe de détails glaçants (la peur de Perry Smith de salir son pantalon) inconnus de Truman Capote et écrits à Richard Brooks par le révérend James Post de la prison de Lansing. Contrairement au roman, le film De Sang-froid respecte globalement la chronologie des faits, ponctuée de flash-backs signifiants (les meurtres ne seront décrits que très tard) et présentée selon un montage alternant la cavale des meurtriers et l’enquête policière : une structure qui parvient à maintenir habilement l’attention bien que le spectateur connaisse pertinemment l’histoire et son dénouement ! La mise en scène, très efficace, joue sur l’association visuelle énergique de plans d’une extrême vivacité (train, voiture de police, motards, etc.) et d'enchaînements surprises sidérants (sirène/hurlement, véhicule/train). De Sang-froid doit beaucoup de son intensité à son esthétique issue du noir et blanc en 2,35/1 (rare à l’époque) avec des images au contraste appuyé et des éclairages réalistes (phares du bus, lampe torche dans la scène du meurtre, etc.) bien maitrisés par le directeur de la photographie Conrad L. Hall. La partition remarquable de Quincy Jones (cf. bonus) renforce l’effroi par sa tonalité discordante qu’il a composée en se fondant sur l’expertise psychiatrique des meurtriers : inoffensifs individuellement mais psychopathes avérés en duo. Le film n’aurait jamais été aussi prenant sans l’excellente interprétation de Robert Blake, qui, enfant, avait joué dans Le Trésor de la Sierra Madre, film plusieurs fois cités dans De Sang-froid, et Scott Wilson, un choix suggéré par Sidney Poitier, tous deux omniprésents à l’écran et d’une crédibilité à tout épreuve. Ce qui n’a pas empêché Richard Brooks de soigner les rôles secondaires comme celui du détective Alvin Dewey incarné très discrètement par John Forsythe et du journaliste Jensen (sorte de substitut de Truman Capote et rajouté au fil des réécritures du scénario : cf. livret bonus) joué par l’excellent Paul Stewart. Ce casting remarquable, jouant en situation et admirablement dirigé, était indispensable pour exprimer les intentions du réalisateur. Richard Brooks, tout en restant très fidèle à l’esprit du texte de Truman Capote, a tenté d’analyser la dimension psychologique des faits, dont la sauvagerie reste difficilement explicable par le seul mobile d’un cambriolage qui tourne mal, et de démontrer l’inhumanité et l’inutilité de la peine de mort. Le cinéaste avait déclaré au JT de TF1 en mars 1968 : « Je m’intéresse au phénomène de la violence en Amérique » en avouant avoir été profondément bouleversé par le livre de Truman Capote. Sa transposition cinématographique du roman, plus qu’une banale adaptation littéraire, affirmait sa volonté de s’opposer à la violence sous toutes ses formes, y compris judiciaire, qui ravageait les USA dans les années 60 : un pamphlet toujours d’actualité. Magistral.

 

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Blu ray De Sang froid

Commentaire technique

Nouveau transfert numérique créé en résolution 4K sur un scanner de film Oxberry à partir du négatif original à Cineric à New York. La restauration a été réalisée par le Groupe Prasad au Chennai (Inde). La bande-son surround 5.1 a été remastérisée en 24 bits à partir du Master original magnétique trois pistes (LCR) par Chase Audio de Deluxe à Burbank, Californie.

Image : copie HD, nouveau master restauré 4K, définition remarquable, précision chirurgicale sur les gros plans, piqué exceptionnel, grain argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K), image propre nettoyée de tout défaut, magnifique contraste aux noirs tranchés et lumières grisâtres restituant parfaitement la photographie en Noir et Blanc de Conrad L. Hall, étalonnage sans heurt absolument équilibré, échelle des gris bien respectée

Son : mixage anglais 5.1 (remix car le mixage original était sur trois pistes LCR à sa sortie au cinéma), dialogues toujours très clairs et équilibrés, pas de distorsion, superbe dynamique qui restitue avec force la partition colorée de Quincy Jones, spatialisation contenue sans effet surrounds hypertrophiés mais avec un certain ouverture sonore (trafic, musique), LFE réservés ; VF 5.1 claire, excellent doublage dont le mixage ne trahit pas celui de la VO

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)

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IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0061809/

 

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