L'Œuf du serpent : une vision bergmanienne de la montée du nazisme (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
En 1923, Berlin connait une période sans précédent de chômage, de misère, de désarroi et d'atrocités. Abel Rosenberg trouve le cadavre de son frère, qui vient de mettre fin à ses jours. Mais pour l'inspecteur Bauer, les choses ne sont pas aussi simples : depuis un mois, sept morts mystérieuses ont eu lieu dans le quartier, et celle-ci semble liée aux précédentes. Abel trouve refuge chez Manuela, l'ex-femme du défunt.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
• Titre original : The Serpent's Egg
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, historique
• Année : 1977
• Réalisation : Ingmar Bergman
• Casting : Liv Ullmann, David Carradine, Gert Fröbe, Heinz Bennent, Glynn Turman, James Whitmore
• Durée : 1 h 59 mn 29
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 Couleur et Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD du film - livret «L’œuf du serpent : l’enfer est à lui» (8 pages) - présentation du film par Bernard Eisenschitz, historien du cinéma et spécialiste de Bergman (13 août 2021, 40 mn 23) - Année 23, entretien avec Nicolas Beaupré, spécialiste de la Première Guerre Mondiale, professeur à l'Enssib de Lyon (août 2021, 34 mn 45) - film annonce (3 mn 10)
• Éditeur : Rimini Editions
Commentaire artistique
L’Œuf du serpent est une œuvre à part dans la filmographie d’Ingmar Bergman : considéré à juste titre comme un des maîtres du cinéma mondial, l’auteur est victime en 1976 d’une inculpation pour fraude fiscale (ensuite abandonnée) qui le plonge dans une sévère dépression et l’incite à s’exiler à Paris, puis à Munich. C’est là qu’il va réaliser, produit par Dino de Laurentiis, un film qui était prévu au départ pour être tourné en Suède et dont il a écrit le scénario. Ce sera sa seule superproduction en langue anglaise avec un casting international. L’actrice norvégienne Liv Ullmann, familière du cinéaste (dix films ensemble), est la seule interprète scandinave du film. David Carradine, la star américaine qui hérite du rôle principal d’Abel Rosenberg, avait convaincu Ingmar Bergman grâce à son interprétation de Woody Guthrie dans le film En Route pour la gloire (1976) d’Hal Ashby. L’intrigue de L’Œuf du serpent se situe durant la République de Weimar minée par une inflation vertigineuse et se déroule pendant la courte période du 3 au 11 novembre 1923 qui sera marquée par le «Putsch de Munich», une tentative manquée d’Adolf Hitler, dirigeant le NSDAP, de s’emparer du pouvoir (cf. bonus). Maltraité par la critique américaine, L’Œuf du serpent est mieux apprécié en Europe : en effet ce film «noir expressionniste» est passionnant à plus d’un titre ! Sous couvert de narrer les errements de son héros taciturne et alcoolique, Ingmar Bergman nous présente, grâce aux moyens considérables engagés (figurants, décors, accessoires) et à la très belle photographie de Sven Nykvist, un tableau saisissant de ces années de misère (cf. bonus) durant lesquelles la chute du Mark et ses corollaires (faim, indigence), l’occupation française de la Ruhr et la montée du nationalisme constituent les ferments manifestes (l’œuf du serpent métaphorique) de ce qui allait suivre (montée du nazisme). Le film, délibérément sinistre, plonge le spectateur dans une atmosphère malsaine de peur et de désespoir. Dans L’Œuf du serpent le contexte est presque plus important que l’intrigue elle-même qui ne ménage pas les symboles forts et les personnages typés comme ce savant fou Hans Bennent (excellemment joué par Heinz Vennent), ce commissaire Bauer lucide (Gert Fröbe) et ce prêtre totalement impuissant (James Whitmore), incapable de réconforter Manuela (Liv Ullmann) dans son tourment. Le ton particulièrement pessimiste et le tableau frontal d’une Allemagne en pleine décadence a probablement desservi la réception du film mais la maîtrise de la réalisation et la richesse de son contenu font de L’Œuf du serpent un film précisément bergmanien, bien éloigné du blockbuster hollywoodien attendu. David Carradine incarne avec justesse ce personnage, noyé dans une ville sans personnalité, qui erre à la recherche de réponse tout en développant, à juste titre, la psychose d’une conspiration dont il ne mesure pas l’ampleur. On sait que le cinéaste projetait ses états d’âme dans ses films : il est probable que ses démêlés avec le fisc suédois ont indirectement pesé sur la création d’Abel Rosenberg persécuté. Sans égaler les grandes œuvres du maître, L’Œuf du serpent reste une «superproduction» digne d’intérêt et propice à la réflexion.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire technique
Le film a été restauré en 2017 par le Svenska Filminstitutet à partir d’un duplicata 35 mm du négatif pour l’image et d’une copie 35 mm pour le son monophonique
Image : copie HD, Master HD, bonne définition globale en particulier sur les gros plans de visage, grain argentique assez présent (tournage en 35 mm, Master Format 2K), la gestion des contrastes est assez variable et pas toujours homogène avec des densités différenciées, noirs pas toujours francs, étalonnage chaud, colorimétrie aux teintes nuancées et tons saturés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, bonne dynamique et absence de souffle ; VF 2.0 monophonique, claire et distincte, doublage très artificiel décollé des ambiances
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0076686/
LA SUITE APRÈS LA PUB
|