La Double vie de Véronique 4K : un très grand film sublimé par son interprète Irène Jacob (en UHD et Blu-ray)
Note artistique : (4,5/5)
Synopsis
« J'ai l'impression que je ne suis pas seule » chuchote Weronika à son père, un soir, dans une petite ville de Pologne. La jeune fille chante avec une voix étrange, presqu'irréelle. Plus tard, elle aperçoit sur la place du Marché de Cracovie celle qui pourrait être son double : Véronique. Mais un accident de cœur foudroie Weronika lors d'un concert. En France, Véronique éprouve une douleur violente. Elle sent comme une absence. Puis des signes étranges surviennent : appels nocturnes, courriers et même une énigmatique cassette d'indices sonores…
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• Titre original : La Double vie de Véronique
• Support testé : UHD
• Genre : drame, fantastique
• Année : 1991
• Réalisation : Krzysztof Kieślowski
• Casting : Irène Jacob, Halina Gryglaszewska, Kalina Jedrusik, Aleksander Bardini, Wladyslaw Kowalski, Jerzy Gudejko, Janusz Sterninski, Philippe Volter
• Durée : 1 h 36 mn 50
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 (HDR 10, Dolby Vision)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 polonais/français
• Bonus : boîtier Digipack avec l’UHD et le Blu-ray du film
• Bonus sur l’UHD : présentation du film par Annette Insdorf (8 mn 50) - entretien avec Irène Jacob (2021, 24 mn 45)
• Bonus supplémentaire sur le Blu-ray : entretien avec Zbigniew Preisner (2019-2021, 17 mn env.) - le film vu par Alain Martin, journaliste et écrivain, spécialiste français de Krzysztof Kieślowski (2021, 22 mn env.) - 1966-1988, Kieślowski, cinéaste polonais de Luc Lagier (2005, 31 mn env.)
• Éditeur : Potemkine Films
Commentaire artistique
Après la reconnaissance unanime de son talent incomparable, concrétisé par la réalisation du monumental téléfilm en dix parties Le Décalogue en 1988, Krzysztof Kieślowski bénéficia des apports d’une coproduction franco-polonaise pour son œuvre suivante : ce sera La Double vie de Véronique dont la double héroïne Véronique/Weronika est incarnée, avec grâce et intensité, par la jeune Irène Jacob (cf. bonus) qui récoltera pour ce rôle le prix d’interprétation féminine à Cannes. Avec ce nouvel opus, le cinéaste délaisse la veine de la fiction documentaire sociale pour raconter le destin de deux femmes sous la forme radicalement différente d’une intrigue poético-fantastique. Ce qui ne l’empêche pas de traiter de thèmes récurrents à toute son œuvre et largement mis en évidence dans ce drame. Outre les liens étroits qui unissent la Pologne et la France, on y retrouve, en effet, son goût pour la musique (il invente un faux compositeur néerlandais Van De Budenmayer bien que la musique soit écrite par Zbigniew Preisner), son flair pour choisir des comédiens idéaux (Irène Jacob mais aussi Philippe Volter qui remplacera Nanni Moretti trop souffrant pour jouer), son perfectionnisme pour la précision des détails, etc. Mais, plus que tout, c’est l’esthétique magnifique et « dorée » de l’image, sublimée par le directeur photo Zbigniew Preisner, et la dramaturgie sans faille de la mise en scène qui vont fasciner. La Double vie de Véronique est un film magnifique sur l’impondérable, sur le mystère des hasards, sur la correspondance d’identité, que seule une réalisation exceptionnelle pouvait évoquer et qui constitue, de l’avis général, la marque d’un cinéaste de génie. Malgré la trivialité des existences des deux Véronique, superbement campées par la jeune actrice, le film ne peut être ressenti que dans un registre purement émotionnel (couleurs, cadre, mouvement, musique), voire métaphysique. De cette histoire fantastique, on ne saura rien de concret : la narration nous invite à suivre les deux jeunes femmes sans qu’aucune explication ne soit donnée sur leur gémellité. De Varsovie à Paris, d’une héroïne à l’autre, la seule convergence demeure Irène Jacob superbement filmée dans son double rôle et qui laisse imaginer la possibilité qu’un lien surnaturel pourrait avoir uni, par-delà l’espace et le temps, les deux Véronique (elles se croiseront une fois sans se voir). La mise en scène nous convie à un récit structuré en apparence, mais excessivement subtil et non exempt de symbole, qui défie l’analyse, tout en étant parsemé de personnages plus moins mystérieux sur lesquels on ne s’attardera pas. Cinéaste de l’indicible, Krzysztof Kieślowski réussit parfaitement à transmettre la nature immatérielle des sentiments par une mise en scène exemplaire et un montage sophistiqué (il aurait existé d’innombrables versions en post-production) d’images fascinantes (séquence du concert, de la rencontre ratée, des marionnettes, du reflet de lumière provenant d’un miroir, etc.) portées par la musique leitmotiv qui accompagne les fragments d’existence des deux Véronique. Plus qu’une histoire romanesque sur les amours des Véronique et leurs possibles connexions spatio-temporelles, La Double vie de Véronique est une expérience cinématographique sensible et rendue incomparable par sa beauté confondante. Découvrir ou revoir ce chef-d’œuvre nouvellement restauré en UHD est un bonheur supplémentaire avec le sentiment d’approcher au plus près les intentions esthétiques de son auteur.
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Commentaire technique
Restauration par Hiventy à partir d’un scan 4K du négatif caméra avec restauration des images et étalonnage pour retrouver les couleurs saturées et tranchées désirées par le directeur photo d’époque en suivant ses indications
Image : copie UHD, restauration 4K, définition chirurgicale et piqué sur les détails, grain argentique discret mais conservé (tournage en 35 mm avec Moviecam, Master Format 4K), superbe gestion des lumières en HDR avec un gamma très pointu, des noirs soutenus, étalonnage chaud et tranché respectant les intentions du directeur de la photographie Sławomir Idziak, colorimétrie extrêmement vive avec un gamut à la hauteur en HDR restituant les teintes singulières de plans en rouge, orange et jaune doré, image très propre
Son : mixage polonais/français 5.1 (et 2.0 identique au Dolby Stéréo de la sortie cinéma), dialogues très clairs, excellente dynamique sur les ambiances urbaines, sur le travail sonore extraordinaire (sons sur la cassette) et sur la musique splendide (voix et chœurs) de Zbigniew Preisner, spatialisation très contenue, essentiellement frontale et centrée mais avec une belle ouverture sur les parties chantées (chorale, concert), surrounds discrètement immersifs, LFE ponctuels
Notre avis
Image : (5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (3,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0101765/
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