Onoda - 10 000 nuits dans la jungle : le patriotisme jusqu’à l'obstination (en Blu-ray, DVD et VOD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
A la fin 1944, le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hirō Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu'il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l'Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s'achèvera 10 000 nuits plus tard.
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• Titre original : Onoda - 10 000 nuits dans la jungle
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2021
• Réalisation : Arthur Harari
• Casting : Yuya Endo, Kanji Tsuda, Yuya Matsuura, Tetsuya Chiba, Shinsuke Kato, Kai Inowaki, Issei Ogata, Taiga Nakano
• Durée : 2 h 46 mn 52
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 japonais, français
• Bonus sur le blu-ray : Des jours dans la rue, exclusivité Blu-ray (2005, 28 mn 09) - galerie de projets d'affiches (1 mn 00) - bande annonce (2 mn 06)
• Bonus sur le DVD : retour sur la création de Onoda : l'image (25 mn 20), le scénario (37 mn 16), la musique (31 mn 13) - conversation avec les comédiens (33 mn 31) - courts métrages de Arthur Harari : La Main sur la gueule (2007, 53 mn 58) et Peine perdue (2013, 39 mn 24)
• Éditeur : Le Pacte
Commentaire artistique
Hirō Onoda, qui a inspiré Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, est une figure historique légendaire de ces soldats nippons « perdus » qui ont poursuivi la guerre au-delà de la fin du conflit. Envoyé sur l’île de Lubang aux Philippines avec ordre de combattre jusqu’à ce qu’on vienne le chercher, il va continuer à se battre dans la jungle, d’abord en compagnie de trois autres soldats, puis seul, jusqu’en 1974, soit presque trente ans après la reddition du Japon en 1945. Il ne déposera les armes que sur ordre de son supérieur (entre temps il refusera toute injonction de la police et tuera près de trente paysans sur l’île). Gracié, il publiera ses mémoires dans la foulée en 1974 et sera cité dans divers œuvres culturelles (roman, musique, film). Le cinéaste Arthur Harari, qui désirait faire un film d’aventure, explique (cf. bonus) que c’est son père qui lui a parlé de ce « héros » extraordinaire au patriotisme exacerbé. Le sujet était ambitieux puisque se déroulant dans une île du Pacifique avec des protagonistes nippons parlant leur langue ! Grâce au producteur Nicolas Anthomé et un cofinancement complexe (France, Belgique, Allemagne, Italie, Japon), le film finira par se faire. Si le cinéaste s’est documenté sur le personnage et a bénéficié des recherches de Bernard Cendron, il précise ne pas avoir voulu tomber dans la reconstitution historique irréprochable au profit d’une intrigue plus universaliste chargée de références qui ne sont pas que japonaises (Kenzo Mizoguchi, Akira Kurosawa, Kon Ichikawa, etc.) mais aussi occidentales (Jean Renoir, Raoul Walsh, Samuel Fuller, Monte Hellmann). Toutes ses inspirations sont à la base d’un film d’aventures traité comme un western animé par un casting d’acteurs japonais, plus ou moins confirmés, au jeu intense et totalement convainquant qui échappe au piège du stéréotype. Filmé en grande partie en extérieurs au Cambodge dans des conditions pas toujours idéales mais certainement très authentiques, Onoda - 10 000 nuits dans la jungle évoque, avec une lenteur assumée et une économie de mise en scène, toute la tragédie de ces soldats « perdus » vivants une épopée hors de leur époque. Arthur Harari prend son temps en s’attachant aux pas d’Onoda qu’il filme frontalement dans toutes les situations physiques qu’un fugitif peut rencontrer (morts de ses camarades, capture d’une paysanne, contraintes climatiques excessives comme la Mousson…). Malgré toute l’ambiguïté foncière de son attitude obtuse, le protagoniste, souvent montré comme un sphinx énigmatique, va acquérir au fil de la narration une part d’humanisme inattendue et de sérénité provoquée par l’ordre strict de son supérieur de ne pas mourir et sa compréhension absolue de ne pas pouvoir capituler. La longueur du film, avec ses longues scènes contemplatives splendidement photographiées, invite à ressentir vraiment l’environnement naturel qui façonne Onoda contraint de vivoter des ressources de la jungle qui l’étouffe mais qu’il finira par apprivoiser. D’ailleurs le retour à la civilisation, suscitée par un étudiant (conformément à ce qui s’est réellement passé), qui se fera dans le cadre du code de l’honneur militaire, est assumé par un homme revivifié par trente ans de vie dans la Nature qui ont sensiblement humanisé le soldat rigide des origines. Hélas il ne sera pas fait cas de l’après jungle et de la récupération nationaliste de ce «héros» de guerre. Fascinant par son esthétique et intrigant par son histoire et la richesse de sa thématique, Onoda - 10 000 nuits dans la jungle réussit, sans jamais appliquer les codes du biopic édifiant, à conjuguer la simplicité d’un portrait nuancé et limpide, mais guère chargé d’émotion, et la grandeur de l’Histoire abordée par ce fait inconcevable. Assurément, la mise en scène sophistiquée de Onoda - 10 000 nuits dans la jungle, est bien le signe d’un cinéaste avec qui il faudra compter.
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Commentaire technique
Image : copie HD, excellente définition et piqué sur les détails même si certains plans usent de filtres de diffusion, grain rajouté à l’image pour donner une texture cinéma (tournage numérique avec caméra Red Helium), très bonne gestion naturaliste des éclairages, majoritairement naturels mais aussi avec apport de tungstènes, image souvent très lumineuse, noirs soutenus, étalonnage réaliste et chatoyant, colorimétrie vive aux teintes nuancées et tons tranchés avec une très légère dominante dans les mauves
Son : mixage japonais 5.1, dialogues très clairs, excellente dynamique sur les nombreuses ambiances naturelles (vent, cours d’eau, pluie), spatialisation naturaliste ample avec une répartition immersive spectaculaire sur les surrounds (bruits de la jungle, échange de tirs, pluies torrentielles de la Mousson), LFE ponctuels mais très efficaces ; VF 5.1, très claire, bonne dynamique, doublage soigné mais détaché des ambiances et difficilement comparable avec le timbre des voies japonaises
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : (4,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt9844938/
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