Pygmalion + Un Cottage dans le Dartmoor : deux réalisations marquantes d’Anthony Asquith (en DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Pygmalion : le professeur Henry Higgins, expert en phonétique, fait la connaissance d'une jeune fleuriste de Covent Garden, Eliza Doolittle, au très fort accent cockney. Avec son ami le colonel Pickering, il fait le pari de la faire passer pour une duchesse…

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Un Cottage dans le Dartmoor : Joe, jeune barbier, tombe amoureux de Sally, sa collègue esthéticienne. Quand Harry, un client du salon, s'éprend lui aussi de Sally, la jalousie de Joe lui fait commettre l'irréparable. Emprisonné, il parvient à s'enfuir pour poursuivre ses actes sanglants...

• Titre original : Pygmalion - A Cottage on Dartmoor
• Support testé : DVD
• Genre : comédie dramatique, drame
• Année : 1938 - 1929
• Réalisation : Anthony Asquith (1, 2) et Leslie Howard (1)
• Casting : (1) Leslie Howard, Wendy Hiller, Wilfrid Lawson, Marie Lohr, Scott Sunderland, Jean Cadell, David Tree, Everley Gregg (2) Hans Schlettow, Uno Henning, Norah Baring
• Durée : 1 h 35 mn 36 - 1 h 31 mn 20
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : (1) Dolby Digital 2.0 monophonique anglais - (2) Dolby Digital 2.0 musique de Stephen Horne au piano
• Bonus : Un cottage dans le Dartmoor de Anthony Asquith (A Cottage on Dartmoor, 1929, version restaurée, N&B, 1.33/1) - livret illustré (12 pages) écrit par Jean-François Baillon, professeur à l’université de Bordeaux Montaigne et collaborateur de la revue Positif
• Éditeur : Doriane Films

Commentaire artistique

Tout le monde connaît la version musicale My Fair Lady adaptée de la pièce « Pygmalion » que George Bernard Shaw écrivit en 1912 et qui fut montée à Londres au théâtre en 1914 avec Mrs. Patrick Campbell. Mais avant de devenir cette comédie musicale à succès de Broadway en 1956, puis le film de George Cukor en 1964, la pièce avait déjà été adaptée plusieurs fois au cinéma avec des variations narratives (cf. livret). La version Pygmalion dirigée par Anthony Asquith en 1938 possède le privilège d’être adaptée par George Bernard Shaw en personne qui accepta de modifier la fin et surtout qui écrivit de nouvelles scènes (cf. scène du bal de l’ambassade). Produit par Gabriel Pascal et codirigé par Leslie Howard, cette adaptation cinématographique, dont le brillant casting réunit Wendy Miller (Eliza), Leslie Howard (Higgins) et Wilfrid Lawson (Alfred Doolittle), est devenue la version de référence, y compris pour la scène. Si le thème principal sur la fracture sociale (le changement de classe ne faisant pas le bonheur) et l’irresponsabilité (danger moral de transformer le destin d’un individu) est toujours au cœur de l’intrigue, le film confère au récit un romantisme que déniait totalement George Bernard Shaw. L'auteur sera récompensé, avec les trois autres scénaristes, par l’Oscar du meilleur scénario adapté pour ce film. La transposition de la pièce à l’écran ne renie jamais ses origines : le film respecte à la lettre les cinq actes de la pièce mais la dynamique de la narration est superbement maitrisée grâce à la qualité de l’interprétation et à l’habileté de la mise en scène. Plusieurs séquences d’anthologie (scène du bain, rencontre avec Alfred Doolittle, scène des billes, etc.) sont brillamment filmées par Harry Stradling Sr. qui n’hésitera pas en reproduire certaines dans My Fair Lady. Le duo Eliza/Higgins fonctionne à merveille jouant le grand écart entre Wendy Hiller, as de l’accent cockney et du charme de la victime, et Leslie Howard, professeur misogyne, arrogant et tyrannique. Les deux comédiens parviennent sans cesse à éviter le simple comique démonstratif pour donner à l’histoire une dimension profondément humaine qui atténue drastiquement le cynisme du texte original. Soyons lucide, tout le mérite de l’histoire revient aux dialogues spirituels et incisifs inventés par George Bernard Shaw et tout la fascination du film à Wendy Hill qui domine sans peine le casting (tout comme le fera Audrey Hepburn dans la comédie musicale). En bonus du DVD, c’est un autre film plus ancien d’Anthony Asquith qui est proposé : Un Cottage dans le Dartmoor (1929) d’après une histoire d’Herbert C. Price et restauré en 2006 par la BFI. C’est un des derniers films muets tournés en Angleterre et un manifeste esthétique sidérant : les gros plans de visage, les éclairages tranchés, le montage ébouriffant sont exemplaires, signes d’un authentique chef-d’œuvre. Le récit est celui d’un pur mélodrame réunissant un amoureux transi et meurtrier, une jeune et délicate manucure et un solide fermier objet de jalousie. Tout le film est fondé sur un flashback qui nous explique leur histoire mais traité avec une dextérité visuelle stupéfiante, héritée de l’expressionnisme. La recherche était aussi sonore : on ne peut que regretter la perte de cette expérimentation sonore (scène hypertrophiée de la séance de cinéma), même si la version restaurée, avec une musique au piano composée et jouée par Stephen Horne, permet de savourer visuellement ce drame dans des conditions très appréciables.

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Commentaire technique

Image : copie SD, version restaurée, définition variable et piqué limité, contraste correct mais image souvent dense et noirs bouchés, image propre et stable

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues variables mais assez clairs malgré des ronflements et fluctuations incessants sur la bande sonore, assez bonne dynamique, bruit de fond