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Daisy Miller : une adaptation raffinée d’Henry James (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Daisy Miller 000

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

L’Américaine Daisy Miller voyage à travers l’Europe en compagnie de sa mère et de son jeune frère. En Suisse, elle fait la connaissance de Frederick Winterbourne, un compatriote depuis longtemps exilé sur le Vieux Continent. Son charme et sa candeur intriguent et séduisent le jeune aristocrate. Leurs chemins se croisent bientôt à Rome où l’excentricité de Daisy va rapidement choquer le cercle fermé des expatriés américains…

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• Titre original : Daisy Miller
• Support testé : Blu-ray
• Genre : comédie dramatique
• Année : 1974
• Réalisation : Peter Bogdanovich
• Casting : Cybill Shepherd, Barry Brown, Cloris Leachman, Mildred Natwick, Eileen Brennan, Duilio Del Prete, James McMurtry, Nicholas Jones
• Durée : 1 h 31 mn 25
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 1.0 monophonique anglais, français
• Bonus : collection édition prestige avec le Blu-ray et le DVD du film - fac-similé du pressbook du film (anglais) - affiche du film (40 x 60) - un jeu de 6 photos du tournage - 8 photos d'exploitation (Lobby Cards) - Daisy Miller : une introduction de Peter Bogdanovich par Laurent Bouzereau (2003, 12 mn 47) - Mourir d'Europe, entretien avec Jean-Baptiste Thoret, historien du cinéma et réalisateur (HD, 2022, 26 mn 30) - bande annonce (3 mn 23)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

Dans la collection « édition prestige » n° 20, cette édition de Daisy Miller accompagnée de ses goodies est limitée à 2000 exemplaires. Le scénario de Frederic Raphael adapte une nouvelle d’Henry James « Daisy Miller. A Study », publiée d’abord en feuilleton dans le Cornhill Magazine (1878). Ce court roman, qui se passe en Suisse puis en Italie, est narré par un jeune aristocrate américain Frederick Winterbourne qui s’éprend, sans se l’avouer, de Daisy Miller, une jeune et jolie américaine dont la spontanéité et le mépris des convenances le désarçonne. Le scénario, très fidèle, respecte le seul point de vue adopté par la nouvelle, celui de Winterbourne, qui interdit de connaître réellement celui de Daisy. Il rajoute néanmoins deux scènes inédites intéressantes : celle de l’«Hôtel des Trois Couronnes» et celle du parc Pincio à Rome. Lorsque Peter Bogdanovich envisage son adaptation cinématographique, il est en couple avec le mannequin Cybill Shepherd qu’il a dirigé dans son film La Dernière séance (1970) en lui confiant son premier rôle de cinéma. Il estime que l’actrice est parfaite pour incarner Daisy Miller et envisage de jouer Winterbourne sous la direction d’Orson Welles… mais ce dernier refuse : il va donc réaliser lui-même le film et confier le rôle de Winterbourne à Barry Brown. En 1970, Peter Bogdanovich avait fondé, avec Francis Ford Coppola et William Friedkin la société de production The Directors Company mais son idée d’adapter Henry James ne convainc pas ses associés (le premier reste neutre, le second est contre) : ces désaccords et l’échec du film mettront fin à la société qui n’aura produit que trois films. Il est vrai, comme souligné dans le bonus, que le projet de cette adaptation paraissait incongru, anachronique et complètement déconnecté de la situation des USA dans les années 70, empêtrées dans l’affaire du Watergate et de la guerre au Vietnam. Le choix des acteurs a déplu à la critique d’alors, spécialement celui de Barry Brown dont le charisme à l’écran est limité : pourtant c’est précisément l’interprète idéal pour incarner un Américain ayant trop longtemps vécu en Europe où il a gagné en scrupule ce qu’il a perdu en franchise. Quant à Cybill Shepherd, elle s’acquitte sans peine de son rôle de jeune femme élégante, changeant de robe à chaque plan (superbes costumes de Mariolina Bono et John Furness) et au bagout intarissable (dialogues étourdissants) : une américaine indépendante et directe telle que la voit Winterbourne qui ne comprend plus sa compatriote. Daisy Miller concrétise l’incompréhension totale qui s’installe entre la jeune Amérique sans contrainte et la vieille Europe corsetée par ses principes et ses codes sociaux. Plus qu’une intrigue romanesque, le film illustre un problème culturel que symbolisent les scènes rajoutées (cf. bonus). Ainsi, en ouverture, la visite quasi muette de l’hôtel dépeint le vieux monde en décrépitude (les chaussures alignées devant les portes) que le jeune Randolph va perturber, rejeton de nouveau riche imposant sa loi. Autre rajout, la promenade dans le jardin Pincio à Rome et son théâtre de marionnettes qui déclenche chez Daisy un rire enfantin naturel (action au service de ses désirs) en total contraste avec l’attitude guindée de Winterbourne (réflexion au service du statut social), coincé dans son savoir-vivre à l’européenne affirmé par madame Walker (Eileen Brennan). La scène du Colisée, comme dans la nouvelle, semble indiquer que l’Europe peut terrasser l’Amérique. Le plan final mélancolique avec Winterbourne est alors très explicite car il semble comprendre enfin que son ardeur américaine a été effacée par son long séjour en Europe, ce qui l’a empêché de comprendre celle intacte de Daisy Miller. Filmé avec classe par Alberto Spagnoli sur les lieux de l’action, à Vevey (hôtel, château de Chillon) et à Rome, Daisy Miller possède une mise en scène très réfléchie qui prend son temps, inspirée par John Ford et Howard Hawks, et qui s’accorde fort bien avec l’esprit de la nouvelle d’Henry James. À sa sortie le film n’obtint pas le succès escompté et divisa la critique, pourtant il gagne à être vu pour son portrait de femme sans contrainte et malicieuse, qui fait fi des conventions sociales, et pour sa dimension allégorique  révélant le fossé culturel qui sépare l’Ancien et le Nouveau Monde. Touchant.

 

Blu ray Daisy Miller

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Commentaire technique

Image : copie HD, Master restauré, définition souvent limitée par des plans très adoucis et un piqué pas toujours très accusé, texture argentique épaisse (tournage en 35 mm), bonne gestion des contrastes y compris en basse lumière (intérieurs), noirs francs, étalonnage chaud, colorimétrie nuancée aux teintes naturelles, image propre

Son : mixage anglais 1.0 monophonique, dialogues (nombreux et vifs) clairs et équilibrés, bonne dynamique, pas de distorsion ; VF 1.0 monophonique, claire, dynamique, doublage soigné mais plus artificiel

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0071385/

 

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