Le Salaire de la violence : tensions familiales dans l’Ouest américain (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Lee Hackett, rancher brutal, à la limite de la violence, a deux fils qu'il essaie d'éduquer à son image. Il a pleinement réussi avec l'ainé d'entre eux, puisque ce dernier est accusé de meurtre. En revanche, le plus jeune prend le contrepied de son père, allant jusqu'à être attiré par la sœur de la victime. Pour Lee, les temps commencent à changer et les deux frères vont devoir s'opposer.

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• Titre original : Gunman's Walk
• Support testé : Blu-ray
• Genre : western
• Année : 1958
• Réalisation : Phil Karlson
• Casting : Van Heflin, Tab Hunter, Kathryn Grant, James Darren, Mickey Shaughnessy, Robert F. Simon, Edward Platt, Ray Teal
• Durée : 1 h 34 mn 52
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,55/1 (CinemaScope)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD du film - présentation du film par Bertrand Tavernier (2014, 25 mn 11), Jean-François Giré (2022, 19 mn 45) et Patrick Brion (2014, 6 mn 22)
• Éditeur : Sidonis Calysta

Commentaire artistique

Réalisé en Arizona, dont la photographie en Scope par Charles Lawton Jr. a su saisir la grandeur des paysages et la dynamique des cavalcades, Gunman’s Walk (la promenade du tireur) en VO, pompeusement baptisé Le Salaire de la violence en VF, a été écrit par Frank S. Nugent et réalisé par Phil Karlson, cinéaste plus connu pour ses films noirs que pour ses westerns. L’intrigue tourne autour d’une puissante histoire de famille dirigée par Lee (Van Helin), un personnage violent et réactionnaire, qui est partagé entre ses deux fils au caractère opposé : Ed, le beau blond mal dans sa peau et irascible (Tab Hunter) et Davey, le doux et juste cadet (James Darren). Il est question de troupeaux de chevaux, de protagonistes passéistes et de rapports houleux avec les Sioux, impliquant Clee Chouard, une jolie métisse incarnée par Kathryn Grant. Ed est interprété par l’acteur Tab Hunter qui estimait que Le Salaire de la violence était un de ses meilleurs films dans lequel il n’était pas simplement recruté comme beau gosse de la chanson pop mais comme un comédien affirmé. Effectivement ce western appartient à la veine des films à forte teneur psychique dans lesquels les affrontements psychologiques sont aussi importants que ceux au pistolet. Savamment construit autour du trio des Hackett, de leurs rapports entre eux et avec l’extérieur, Le Salaire de la violence développe avec subtilité et intensité tous les conflits que l’art du scénariste a su inventer : tensions familiales, autorité paternelle, fratrie éclatée, attitudes rétrogrades, ségrégationnisme, etc. Excellemment porté par son casting très convaincant, y compris dans les nombreux rôles secondaires (shérif joué par Robert F. Simon et son second par Mickey Shaughnessy), ce drame familial décrit un propriétaire terrien qui vit toujours dans un lointain passé colonial et raciste, ne supportant pas d'être mis en doute et prêt à tout pour préserver ses intérêts et celui de son fils meurtrier. Son cadet, au contraire, symbolise l’Ouest modernisé dans lequel la violence n’est pas une solution et qui permet aux indiens d’avoir aussi leur part. La mise en scène de Phil Karlson a su éviter tout manichéisme schématique pour mettre en valeur avec subtilité les enjeux psychologiques soutenus que suscitent cette sorte de tragédie antique, mais sans pour autant négliger les codes habituels du genre : chevauchée, bagarres, duels… Le Salaire de la violence, western peu ordinaire qui condamne la violence et l'intolérance, est aussi plaisant à suivre pour ses péripéties que fascinant à apprécier pour la profondeur de son étude de caractère. Pour son message sans ambiguïté contre l’usage des armes, Le Salaire de la violence a une résonnance étonnamment moderne qui mérite l’approbation.

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Commentaire technique

Image : copie HD, restaurée, format 2,55/1 globalement respecté, définition et piqué variables, parfois excellents, parfois moyens (générique en particulier), texture argentique homogène (tournage en 35 mm CinemaScope), contraste naturaliste et équilibré, image lumineuse, noirs francs, étalonnage naturaliste, colorimétrie très chaude aux teintes soutenues et tons saturés, image propre et stable

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs et sans distorsion, bonne dynamique sur les ambiances (chevaux, cavalcades, tirs) et la musique de George Dunning, pas de bruit de fond ; VF 2.0 monophonique, claire et dynamique, niveau plus bas que celui de la VO, doublage ancien, soigné et équilibré