Ghost Dog, la voie du Samouraï : une mise en scène décalée et savoureuse (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Ghost Dog vit au milieu d'une volée de pigeons, sur le toit d'un immeuble abandonné. Régi par un ancien texte samouraï, Ghost Dog est un tueur professionnel qui vénère un livre : Hagakure. De même, il reste fidèle à son maître, un mafieux de seconde zone qui lui a sauvé la vie… Il n'a qu'un ami, un vendeur de glaces français qui ne parle pas l'anglais. Il n'a qu'un espoir : cette gamine assoiffée de livres. Quand son code moral est trahi par le dysfonctionnement d'une famille mafieuse qui utilise parfois ses services, il réagit strictement selon la Voie du Samouraï. Et va jusqu'à l'élimination, et les complications, de la Famiglia.
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• Titre original : Ghost Dog: The Way of the Samuraï
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, policier
• Année : 1999
• Réalisation : Jim Jarmusch
• Casting : Forest Whitaker, John Tormey, Cliff Gorman, Dennis Liu, Frank Minucci, Richard Portnow, Tricia Vessey, Henry Silva, Isaach de Bankolé
• Durée : 1 h 56 mn 12
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais, français
• Bonus : Blu-ray du film et Blu-ray de bonus - réédition du « Hagakure », livre de conduite des samouraïs sur lequel est basé le film
• Bonus : conversation avec Forest Whitaker et Isaach de Bankolé, modérée par le spécialiste de cinéma Michael B. Gillepsie (2020, 29 mn 56) - conversation avec Ellen Lewis, la directrice de casting (2020, 15 mn 30) - Ghost Dog : L’Odyssée. Sur les traces du samouraï, Making of (2000, The Odyssey : A journey into the life of a Samuraï, 31 mn 30) - scènes coupées et additionnelles (5 mn 24) - interviews d'archives (15 mn 07) - conversation avec Philippe Azoury sur Ghost Dog et le cinéma de Jim Jarmush (2022, 42 mn 13)
• Éditeur : Le Pacte
Commentaire artistique
Avec Ghost Dog, qu’il réalise en 1999, Jim Jarmusch compose un cocktail surprenant de genres divers (film de gangster, arts martiaux, film noir) et de musiques variées (rap de RZA et musiques rap ou hip-hop d’autres compositeurs), même si sa référence majeure demeure Le Samouraï (1967) de Jean-Pierre Melville. Selon son scénario, il imagine, dans une ville américaine non précisée, l’existence d’un tueur à gages afro-américain dont l’existence est assujettie au respect du code de l’honneur des samouraïs. D’après cette règle, citée en plein écran entre les scènes d’après le guide «Hagakure» rédigé en 1709-1716 par Yamamoto Tsunetomo, Ghost Dog est redevable à son Maître, en fait un mafieux italien Louie (joué par John Tormey) qui lui aurait sauvé la vie huit ans auparavant (flashback ambigu). Tous les ingrédients sont présents pour que Ghost Dog appartienne à la série B de genre, mais c’est sans compter sur ce qui fait le talent de Jim Jarmusch : son appétence pour le cinéma décalé, mi film d’auteur, mi film d’action, qui revisite les thèmes abordés avec humour. C’est avec un brio certain qu’il aborde un univers improbable unissant un samouraï moderne très strict sur le Bushido et les inénarrables mafieux locaux, tels Ray Vargo (ineffable Henry Silva) ou Sonny Valerio (Cliff Gorman), présentés comme des personnages pittoresque, alliance de violence et de naïveté. Dans cet univers surréaliste, le cinéaste accroit l’étrangeté de son intrigue en associant au tueur une fillette délurée Pearline (Camille Winbush) et un glacier francophone haut en couleurs, Raymond (Isaach de Bankolé), qui ne comprend pas l’anglais tandis que Ghost Dog ne parle pas le français : un vrai dilemme de communication mais pourtant leurs échanges sont fructueux ! Pour incarner Ghost Dog, le réalisateur a pu compter sur l’incarnation idéale du personnage qui est interprété par Forest Whitaker (il indique l’avoir écrit spécialement pour l’acteur), fusion réussie entre la puissance d’un corps massif, la délicatesse d’un comportement gracieux et la philosophie accomplie de son credo de l’honneur. On mesure toute le brio du jeu de l’acteur lorsqu’il va évoquer la rigueur de la confrontation opposant l’éthique de son personnage avec la trivialité des mafieux qui veulent sa perte. Malgré l’aspect négatif lié au caractère immoral du tueur à gage et la violence de ses actions sanglantes, la folie de Ghost Dog acquiert une dimension romanesque presque sympathique à travers son respect du code de l’honneur, son amour des plus faibles (pigeons voyageurs) et ses rares relations apaisées (Pearline et Raymond). La mise en scène décalée (extraits de dessins animés redondants à l’action par exemple) de Jim Jarmusch, inimitable et constamment plaisante, aurait bien méritée un prix à Cannes….
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Commentaire technique
Image : copie HD, restauration 4K supervisée par Jim Jarmusch pour l’édition Criterion en 2020, excellente définition et très bon piqué sur les gros plans de visage, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K), gestion maitrisée des contrastes notamment dans les basses lumières des scènes nocturnes, noirs denses, étalonnage et colorimétrie naturalistes, teintes réalistes nuancées, image propre, compression fluide
Son : mixage anglais 5.1, dialogues clairs, très bonne dynamique sur les scènes d’action (coups de feu) et la musique énergique signée RZA, spatialisation dont les effets surrounds profitent à la bande originale et aux ambiances dramatiques tendues (vengeance de Ghost Dog), LFE ponctuellement efficace (tirs) ; VF 5.1, claire, dynamique, doublage soigné (le français parlé par Raymond est remplacé par du yoruba), effets surrounds conservés
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0165798/
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