Coffret Roger Corman d'après Edgar Allan Poe : Le Masque de la Mort Rouge et 7 autres films (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Le Masque de la Mort Rouge : reclus dans son château, alors que la peste sévit à l’extérieur de ses murs, Prospero, un prince adorateur de Satan, mène une vie de débauche et de meurtre. Alors que le prince se livre à des jeux abominables, indifférent à la soumission de sa maîtresse Julianna au diable, apparaît un mystérieux étranger, tout de rouge vêtu…
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La Chute de la maison Usher : en entrant dans le manoir familial de sa fiancée, un homme décèle une malédiction familiale tenace et redoute que son futur beau-frère n’ait enterré prématurément sa future épouse.
La Chambre des tortures : hanté par d’horribles souvenirs d’enfance, Nicholas Médina, fils du plus célèbre assassin de l’Inquisition Espagnole est au bord de la folie. Mais lorsque sa femme infidèle, feint d’être morte pour le pousser au pire, elle apprend à ses dépens le sens du mot « Trahison ».Car l’homme qu’elle souhaite détruire, n’est pas seulement son juge et son jury… il est aussi son bourreau.
L’Enterré vivant : Guy Carrel, un médecin, obsédé par la crainte d’être enterré vivant, se fait ériger son propre tombeau. C’était sans compter sur son épouse Emily, qui n’a d’autre but que de s’emparer de sa fortune. Passé à tort pour mort, il est enterré vivant. Sa vengeance sera terrible.
L’Empire de la terreur : dans « Morella », un homme est hanté par l’esprit démoniaque de sa défunte épouse. Dans « Le Chat Noir », deux amants sont enterrés vivants par un mari jaloux et dans « La Vérité sur le cas de Mr Valdemar », un sorcier subit les conséquences du sort diabolique qu’il a lancé à un jeune homme innocent.
La Malédiction d’Arkham : Charles Dexter Ward arrive avec sa femme au village d’Arkham, pour visiter le manoir de son arrière-grand-père, dont il vient d’hériter. En sataniste convaincu, son ancêtre avait jeté une malédiction sur les habitants du village. Charles va reprendre cette malédiction à son compte, dans un esprit de vengeance maléfique.
Le Corbeau : au XVe siècle en Angleterre, le Dr Craven s’est retiré de la confrérie des magiciens pour pleurer Lenore, sa femme perdue. Un soir, il reçoit la visite d’un corbeau doué de parole. Celui-ci lui révèle avoir vu sa femme, bien vivante, dans le château du terrible sorcier Scarabus…
La Tombe de Ligeia : plusieurs années après la mort de sa femme Ligeia, Verden Fell épouse Lady Rowena. Malgré ce mariage, il reste obsédé par sa première femme et attend son retour prochain. Il retombe dans ses sombres habitudes, enfermé dans une aile de son abbaye en ruine, avec son serviteur Kenrick.
• Titre français : La Chute de la maison Usher - La Chambre des tortures - L’Enterré vivant - L’Empire de la terreur - Le Corbeau - La Malédiction d’Arkham - Le Masque de la mort rouge - La Tombe de Ligeia
• Titre original : House of Usher - The Pit and the Pendulum - The Premature Burial - Tales of Terror - The Raven - The Haunted Palace - The Masque of the Red Death - The Tomb of Ligeia
• Support testé : Blu-ray
• Genre : horreur, comédie
• Année : 1960, 1961, 1962, 1962, 1963, 1963, 1964, 1964
• Réalisation : Roger Corman
• Casting : Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey, Harry Ellerbe, Eleanor LeFaber, John Kerr, Barbara Steele, Luana Anders, Antony Carbone, Patrick Westwood, Lynette Bernay, Peter Lorre, Basil Rathbone, Debra Paget, Joyce Jameson, Ray Milland, Hazel Court, Richard Ney, Heather Angel, Alan Napier, John Dierkes, Lon Chaney Jr., Frank Maxwell, Leo Gordon, Elisha Cook Jr., Boris Karloff, Olive Sturgess, Jack Nicholson, Elizabeth Shepherd, John Westbrook, Derek Francis, Oliver Johnston, Richard Vernon, Jane Asher, David Weston, Nigel Green, Patrick Magee
• Durée : 1 h 19 mn 20 - 1 h 20 mn 33 - 1h 21 mn 16 - 1 h 28 mn 41 - 1 h 26 mn 07 - 1 h 27 mn 09 - 1 h 21 mn 43 - 1 h 30 mn 22
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : édition collector combo Blu-ray et DVD, numérotée limitée à 2 000 exemplaires, avec un livre « Les démons de l’esprit » (158 pages) et fiches des films
• Bonus sur le Blu-ray de La Chute de la Maison Usher : présentation par Christophe Gans (2022, 46 mn 43) - interview de Vincent Price à Malibu (VOST, 1986, 11 mn 13) - bande annonce (VO, 2 mn 31)
• Bonus sur le Blu-ray de La Chambre des tortures : présentation par Olivier Père (2022, 25 mn 46) - séquence TV ajoutée (VOST, 5 mn 03) - bande annonce (VO, 2 mn 27)
• Bonus sur le Blu-ray de L'Enterré vivant : présentation par Olivier Père (2022, 19 mn 27) - hommage à Roger Corman par Bertrand Tavernier et Joe Dante (2022, 12 mn 30) - interview de Roger Corman (VOST, 2002, 9 mn 15) - bande annonce (VO, 2 mn 32)
• Bonus sur le Blu-ray de L'Empire de la terreur : présentation par Olivier Père (2022, 19 mn 10) - bande annonce (VO, 2 mn 23)
• Bonus sur le Blu-ray de Le Corbeau : présentation par Olivier Père (2022, 25 mn 28) - Richard Matheson, raconteur d'histoires de Greg Carson (VOST, Richard Matheson, Storyteller, 2003, 6 mn 34) - Corman et la comédie de Poe de Greg Carson (VOST, Corman's Comedy of Poe, 2003, 8 mn 11) - bande annonce (VO, 2 mn 26)
• Bonus sur le Blu-ray de La Malédiction d'Arkham : présentation par Patrick Brion (2022, 7 mn 35) - présentation par Christophe Gans (2022, 42 mn 31) - Un autre Edgar Poe de Greg Carson (VOST, A Change of Poe, 2003, 11 mn 19) - bande annonce (VO, 2 mn 13)
• Bonus sur le Blu-ray de Le Masque de la mort rouge : présentation par Olivier Père (2022, 34 mn 03) - présentation par Alain Schlokoff (2009, 14 mn 22) - Roger Corman derrière le masque, interview (VOST, Roger Corman Behind the Masque, 2002, 18 mn 07) - Roger Corman et le cinéma fantastique par Éric Paccoud (2022, 9 mn 51) - bande annonce (VO, 2 mn 13)
• Bonus sur le Blu-ray de La Tombe de Ligeia : présentation par Bertrand Tavernier (2022, 34 mn 39) - présentation par Olivier Père (2022, 23 mn 03) - Souvenirs de Roger Corman par Joe Dante (VOST, 2022, 14 mn 20) - bande annonce (VO, 2 mn 29)
• DVD bonus : documentaire Le Monde de Corman, les exploits d'un rebelle à Hollywood de Alex Stapleton (VOST, Corman's World: Exploits of a Hollywood Rebel, 2011, 86 mn 20)
• Éditeur : Sidonis Calysta
Commentaire artistique
Roger Corman, producteur de quelques 400 films et réalisateur de 50, est certainement le maître de la série B fauchée, au scénario le plus souvent délirant mais toujours dynamique. Ses films, souvent devenus cultes, ne révèlent pas les qualités d’un auteur mais d’un excellent connaisseur des goûts du public des doubles programmes et des cinémas de quartier. Capable de réaliser un film en moins d’une semaine, il n’est guère regardant sur la forme. Pourtant le cycle sur Edgar A. Poe qu’il inaugure en 1960 avec La Chute de la maison Usher va constituer une parenthèse enchantée dans une filmographie pléthorique. Dès cette première adaptation, avec l’acteur emblématique Vincent Price, il met au point une méthode pour transposer les histoires morbides du romancier souvent trop courtes pour un long métrage. En réalité, chaque scénario n’est pas une adaptation fidèle, mais développe les éléments propre à la nouvelle retenue dans la dernière partie du film tandis que les deux tiers qui précèdent ne sont que pure invention (ou amalgame d’autres nouvelles) : dans La Chute de la maison Usher ce sera un récit de malédiction ancestrale revue par Richard Matheson avec des personnages inventés. Habitué à tourner de petits films en noir et blanc sans argent, Roger Corman arrive à convaincre AIP (Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson) de financer son nouveau projet de film d’horreur en couleur (comme les productions mémorables de la Hammer Films) et en écran large avec quelques acteurs dignes de ce nom. Ce premier film n’avait pas vocation à ouvrir un cycle mais son succès inespéré va entrainer les titres suivants, dont six tirés d’E.A. Poe et un de H.P. Lovecraft. L’équipe gagnante qu’il met en place pour La Chute de la maison Usher sera l’artisan des films suivants avec Vincent Price comme acteur star, Richard Matheson comme scénariste, Floyd Crosby pour la photographie, Daniel Haller pour les décors et Les Baxter pour ses partitions emphatiques. Le film est particulièrement spectaculaire pour sa séquence où la Maison Usher brûle : Roger Corman obtint l’autorisation d’incinérer une vieille grande californienne destinée à la démolition ! Suivent La Chambre des tortures, au lieu du projet Le Masque de la Mort Rouge jugé trop sévèrement concurrencé par Le septième sceau (1957) d’Ingmar Bergman, et L’Enterré vivant sur un scénario de Charles Beaumont, sans Vincent Price, mais avec Ray Milland. Avec L’Empire de la terreur, Roger Corman cherche à solutionner la brièveté des nouvelles d’E.A. Poe en tentant le film à sketches par la réunion de trois histoires avec quelques autres emprunts. Dans le segment Le Chat noir, teinté d’humour noir, Peter Lorre compose un ivrogne mémorable et dans La Vérité sur le cas de M. Valdemar, Basil Rathbone fait la preuve de son talent en jouant l’hypnotiseur intransigeant. Le succès de ce film avec son nouveau ton d’humour morbide incite Roger Corman à filmer Le Corbeau avec le trio emblématique Vincent Price, Peter Lorre et Boris Karloff, un jeune débutant Jack Nicholson (qui détesta jouer avec le volatile !) et un duel amusant de magiciens. Hazel Court y incarne une séduisante et volage épouse de sorcier.
À la mi-juillet 1963, Roger Corman sort La Malédiction d’Arkham, seule « infidélité » à E.A. Poe puisque le scénario de Charles Beaumont est surtout adapté de « L’affaire Charles Dexter Ward » de H.P. Lovecraft et plus lointainement d’un poème d’E.A. Poe « Le palais hanté » (1839 et cité dans « La chute de la maison Usher ») qui est le titre anglais du film. En fait AIP cherchait à faire croire au public que le film était tiré d’E.A. Poe à une époque H.P. Lovecraft était méconnu : un véritable tour de passe-passe scénaristique et de marketing ! Clairement l’amalgame entre les deux auteurs reste purement artificiel mais ce film, avec Vincent Price et Lon Chaney Jr., sur la possession par une entité cosmique ne démérite pas : les fans retrouveront le style Corman et des emprunts directs au film Le Corbeau.
Après Le Corbeau, Roger Corman réalise ses deux dernières adaptations d’E.A. Poe au Royaume-Uni, patrie du gothique horrifique qui offrait des déductions fiscales non négligeables. Le premier film est Le Masque de la mort rouge, incontestablement le meilleur du cycle et un quasi chef-d’œuvre tourné avec une équipe d’acteurs et de techniciens britanniques. Outre ses comédiens fétiches, Vincent Price et Hazel Court, le cinéaste bénéficie des prestations excellentes de Jane Asher, Nigel Green, Patrick Magee. Si la photographie est signée de Nicolas Roeg, les magnifiques décors qui réutilisent ceux du film Becket (1964) sont toujours de Daniel Haller. La nouvelle très brève d’E.A. Poe est amplifiée par Charles Beaumont et R.W. Campbell qui créent de très nombreux personnages ou les copies dans d’autres histoires, comme le nain Quasimodo et Esmeralda (jouée par une enfant grimée en adulte, Verina Greenlaw) empruntés à la nouvelle « Hop-Frog ». La mise en scène inventive et un tournage plus long que d’ordinaire expliquent l’intensité de ce film qui se démarque incontestablement dans le cycle Poe. Vincent Price incarne un fascinant Prospero, un prince décadent et perfide, qui espère empêcher l’Apocalypse de son univers, menacé par la Mort Rouge, l’une des sept Morts aux couleurs symboliques qui concrétisent la fin du monde. Roger Corman nous invite à partager dans un éblouissant spectacle esthétique en Scope et en couleurs saturées, un bal masqué morbide qui illustre la déchéance annoncée des puissants.
La Tombe de Ligeia, second film tourné au Royaume-Uni et dernier du cycle Poe, ne peut rivaliser avec le précédent. Hormis le réalisateur et sa star Vincent Price, toute l’équipe est renouvelée : le scénario est de Robert Towne, la photographie d’Arthur Grant, les décors de Colin Southctt, la musique de Kenneth V. Jones, et le tournage tranche en étant en partie effectué dans des décors naturels (prieuré de Castle Acre, comté de Norfolk). Ce « chant du cygne » sera hélas très en deçà des autres titres du cycle : Roger Corman semble se désintéresser de la mise en scène, mais considèrera ce film comme le plus proche du gothique amoureux. Les acteurs sont peu impliqués, voire falots, et l’intrigue, qui reste assez superficielle, n’est guère proche de l’esprit d’E.A. Poe. Un film distrayant mais pas essentiel et qui clôt sans panache le « cycle Poe », un cycle, qui, de l’aveu même de Roger Corman, n’avait jamais été son intention initiale.
Avec ses bonus pléthoriques (excepté l'absences des commentaires audio présents sur les éditions américaines) et ses copies de qualité variable, le coffret Roger Corman d'après Edgar Allan Poe en 8 films est une aubaine inespérée pour tout amateur du genre.
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Commentaire technique
Image : tous ces films ont été tournés en 35 mm et bénéficient d’un Master Format 2K restaurés mais la qualité n’est pas homogène. La plupart des films possèdent une image bien définie, sauf pour La Malédiction d’Arkham, et un piqué satisfaisant avec une texture argentique plus ou moins prononcée ; le nettoyage va du moyen, avec pas mal de défauts perceptibles (La Chambre des tortures), au très correct (L’Enterré vivant, L’Empire de la terreur, Le Corbeau, La Tombe de Ligeia), contraste plus ou moins maitrisé qui peut être excellent (La Chute de la maison Usher) ou passable (Le Corbeau), étalonnage et colorimétrie chatoyants mais saturation variable selon les copies
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, pas de distorsion, assez bonne dynamique qui favorise les ambiances sinistres à souhait et les bandes originales suggestives, mixages pas toujours exempt de défauts perceptibles et de souffle plus ou moins prononcé (La Chambre des tortures) ; VF 2.0 monophonique variable, bonne clarté mais doublages anciens très artificiels à éviter
Le Masque de la mort rouge
Image : copie HD, superbe définition et piqué excellent sur les détails, texture argentique fine (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré en 2021), image très propre et stabilisée, superbe gestion du contraste, image lumineuse, noirs soutenus, étalonnage flamboyant, colorimétrie exceptionnelle aux teintes vives et tons saturés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, ni de souffle, très bonne dynamique sur les ambiances et la musique de David Lee ; VF 2.0 monophonique, doublage daté, très artificiel et ponctuellement erroné
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Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : VO (3,5/5) VF (2,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3,5/5)
IMDb
La Chute de la maison Usher : https://www.imdb.com/title/tt0053925/
La Chambre des tortures : https://www.imdb.com/title/tt0055304/
L’Enterré vivant : https://www.imdb.com/title/tt0056368/
L’Empire de la terreur : https://www.imdb.com/title/tt0056552/
Le Corbeau : https://imdb.com/title/tt0057449/
La Malédiction d’Arkham : https://www.imdb.com/title/tt0057128/
Le Masque de la mort rouge : https://www.imdb.com/title/tt0058333/
La Tombe de Ligeia : https://www.imdb.com/title/tt0059821/