Voyages - Casting - Nulle part terre promise : trois films d'Emmanuel Finkiel (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : Voyages (4/5) Casting - Nulle part terre promise (3,5/5)

Synopsis

Voyages : Varsovie 1999, un groupe de personnes rescapées du génocide nazi se rend en car à Auschwitz pour le souvenir…

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Casting : entre 1994 et 1998, pour la préparation de Madame Jacques sur la Croisette et Voyages, Emmanuel Finkiel organise un casting sauvage de non professionnels au sein de la communauté ashkénaze française. Il a construit un documentaire à partir de ces entretiens individuels et ces bouts d'essais où se mêlent sans cesse le vécu des gens et la fiction des personnages…
Nulle part terre promise : trois personnages sillonnent l'Europe d'aujourd'hui. Un jeune cadre. Une étudiante. Un kurde et son fils. Vers l'est ou vers l'ouest, en camion, en business class, en stop, en train, avec ou sans papier, à travers l'Europe contemporaine, chacun en quête de sa terre promise.

• Titre original : Voyages - Casting - Nulle part terre promise
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, documentaire
• Année : 1999, 2001, 2008
• Réalisation : Emmanuel Finkiel
• Casting : (1) Shulamit Adar, Liliane Rovère, Esther Gorintin, Nathan Cogan, Moscu Alcalay, Maurice Chevit (3) Elsa Amiel, Nicolas Wanczycki, Haci Aslan, Haci Yusuf Aslan, Joanna Grudzinska
• Durée : 1 h 44 mn 14 - 1 h 27 mn 31 - 1 h 34 mn 32
• Format vidéo : (1) 16/9 (2,3) 4/3
• Format ciné : (1, 3) 1,85/1 (2) 1,37/1
• Sous-titrage : français, anglais
• Pistes sonores : (1) DTS-HD MA 5.1 yiddish/français/russe/allemand (2) DTS 2.0 français/hébreu/yiddish (3) DTS-MA 2.0 français/turc/anglais/allemand
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD des films Voyages, Casting et Nulle part terre promise - livret « Voyages vers quelle terre promise » de Jean-Michel Frodon (8 pages) - Le Voyage d'Esther, documentaire de David Quesemand (2000, 26 mn 29)
• Éditeur : Doriane Films

Commentaire artistique

Prix Louis-Delluc et César du premier film et du montage, Voyages a été écrit et réalisé en 1999 par Emmanuel Finkiel, jusque-là assistant réalisateur de Jean-Luc Godard et de Krzysztof Kieślowski. Il est question du voyage physique et intérieur de trois femmes, Riwka en Pologne, Régine à Paris et Véra à Tel Aviv, dont les histoires sont reliées subtilement grâce à l’habileté du scénario qui traite du thème de la Shoah. Si les récits sont indépendants, de nombreux éléments les relient entre eux évoquant une histoire bien plus ample et donnant une impression satisfaisante de prolongement narrative maîtrisée. Car, au-delà de la trivialité de ces destinées individuelles, presque banales, Voyages élargie considérablement sa vision en abordant indirectement les conséquences de la solution finale et de la création de l’état d’Israël sur le sort des juifs européens. Trois grandes comédiennes, Shulamit Adar (Riwka), Liliane Rovère (Régine) et Esther Gorintin (Véra) vont interpréter leurs personnages avec une humanité et un naturel fascinant qui ajoutent à l’intensité et à l’émotion que suscite ce film doté d’une mise en scène singulière (cf. livret bonus). Emmanuel Finkiel combine brillamment ses choix artistiques : dominante chromatique, usage intense du gros plan, tournage en situation en décors réalistes, maestria de la profondeur de champ, attention portée aux moyens de transports, etc. Ce style bien particulier, déjà en germe dans son court-métrage césarisé Madame Jacques sur la Croisette (1997), deviendra sa marque de fabrique et peut être à nouveau observé dans Nulle part terre promise réalisé en 2008. En décrivant les atermoiements de ses protagonistes à répondre à leur quête identitaire et existentielle, Voyages nous invite autant à partager leurs questionnements individuels qu’à s’interroger, de manière plus universelle, sur la place de chacun en société. Filmé comme un reportage avec des acteurs inconnus, mais toujours très justes et émouvants, spécialement Esther Gorintin (cf. documentaire bonus), le film sait déjouer les écueils du genre et offre au spectateur une réelle liberté de jugement en évitant tout prosélytisme et toute tentation polémique. On pourra s’en convaincre en visionnant Casting (2001) dans lequel le cinéaste nous dévoile son travail préparatoire : une étape enrichissante à la recherche de ses personnages dans la communauté ashkénaze française. Les apprentis acteurs interviewés, parlant le yiddish et plutôt âgés, livrent leur version personnelle du texte à interpréter, un exercice non exempt de commentaires et de digressions mêlant les souvenirs réels à la fiction narrative : passionnant. En 2008, Emmanuel Finkiel réitère son idée ambitieuse d’aller à l’universel en racontant le destin croisé de quelques personnages. Ce sera Nulle part terre promise, prix Jean Vigo : il n’est plus question de Shoah mais d’Europe où circulent une étudiante vidéaste (Elsa Amiel), un industriel délocalisant froidement son usine (Nicolas Wanczycki) et un kurde et son fils (Haci et Haci Ysuf Aslan) migrant vers l’Angleterre : autant de quêtes d’une « terre promise » et d’une liberté illusoires. Sans être identique, le processus créatif est proche de celui de Voyages, invitant le spectateur à décrypter tout ce que ses ellipses narratives ne montrent pas. Le brio de la mise en scène, du travail sur l’image et le son et de l’intensité des situations, suscitent l’admiration, même si Voyages reste un drame comparativement plus émouvant et indéniablement plus mémorable, avec en prime, une restauration remarquable en HD qui sublime sa vision.

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Commentaire technique

Voyages

Master restauré en 4K en 2022 à partir des négatifs originaux par Cosmodigital avec le soutien du CNC sous la direction artistique d’Emmanuel Finkiel
Audiodescription sur le film Voyages uniquement

Image : copie HD, superbe définition, excellent piqué sur les détails, grain argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K), image exempte de tout défaut majeur, superbe gestion du contraste, image lumineuse avec du détail dans les ombres, étalonnage naturaliste, colorimétrie pimpante aux teintes réalistes et tons saturés
Son : mixage multilingue 5.1, dialogues très clairs, excellente dynamique sur les ambiances, spatialisation naturaliste sans excès aux effets surrounds limités

Casting - Nulle part terre promise

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Ces deux films n’ont pas été restaurés
Images : définition moyenne, manque de piqué, grain appuyé (tournage en 35 mm), Nulle part terre promise est en 4/3 avec larges bords noirs, contrastes corrects, étalonnages datés, colorimétries manquant de naturel
Son : mixages multilingues 2.0 stéréo, voix claires, bonne dynamique, spatialisation très limitée (2) et frontale (3)