Les Espions : un Serial frénétique selon Fritz Lang (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Un réseau d'espions sévit impunément dans l'Allemagne de la fin des années 20 et les services secrets semblent dépassés. On confie alors à l'agent n° 326 la lourde tâche de traquer le chef de cette organisation. Sa mission sera semée d'embûches et de rencontres, notamment celle avec la fatale Sonja qui fera tout basculer.
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• Titre original : Spione
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1928
• Réalisation : Fritz Lang
• Casting : Rudolf Klein-Rogge, Gerda Maurus, Lien Deyers, Louis Ralph, Craighall Sherry, Willy Fritsch, Paul Hörbiger, Hertha von Walther
• Durée : 2 h 30 mn 20
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 musique de Neil Brand
• Bonus : combo Digipack avec le Blu-ray et le DVD du film - Les Espions The Void Machine, texte de Murielle Joudet, montage par Julien Wautier (2022, 11 mn 26) - Les Espions, vu par Bernard Eisenschitz, historien et spécialiste de Fritz Lang (2022, 35 mn 32) - Un petit film mais avec beaucoup d'action, documentaire de Guido Altendorf et Anke Wilkening (2006, Spione, Ein kleiner film, aber mit viel action, 1 h 08 mn 42)
• Éditeur : Potemkine Films
Commentaire artistique
Après l’échec critique et commercial de son monumental Metropolis (1927), la production UFA (Universum Film AG) a exigé de Fritz Lang qu’il réalise deux films à petit budget, dont Les Espions dans lequel il va multiplier (cf. bonus) les gros plans de visages et de mains pour s’affranchir des décors gigantesques et coûteux. Les Espions relève du roman d’espionnage en vogue en Allemagne au sortir de la Première guerre mondiale mais qui n’avait pas encore touchée le cinéma. C’est un roman de son épouse Thea von Harbou, coadapté avec son mari, qui sert de base au scénario en supprimant les éléments anticommunistes et racistes de l’ouvrage et en s’appropriant plusieurs affaires qui éclatent en 1927 : l’assassinat d’un ministre dans sa voiture, l’existence d’un mini appareil photo espion. La barbichette d’Haghi est aussi vaguement empruntée à celle de Lénine ou de Trotski. Ce personnage, chef d’une organisation internationale d’espionnage, sera incarné par Rudolf Klein-Rogge qui avait déjà fait forte impression en étant le docteur Mabuse en 1922. Le reste du casting est plus surprenant : c’est la première apparition des actrices Gerda Maurus (Sonja) et Lien Deyers (Kitty) au côté de l’excellent Fritz Rasp (Jellusic), déjà présent dans Metropolis, et de l’acteur Willy Fritsch, qui apparait tout d’abord comme un vagabond mal rasé, à l’opposé de son registre habituel de dandy. Fritz Lang tourne Les Espions surtout en studio avec une armada de caméras et recherche le réalisme extrême allant jusqu’à filmer des tirs à balle réelle dans une scène. La photographie et les ombres de Fritz Arno Wagner ont parfois une petite touche expressionniste. Qualifié par son auteur de « petit film avec beaucoup d’action », Les Espions suscite la fascination par son intrigue embrouillée dans laquelle les enjeux vitaux d’états politiques (Allemagne, Japon) sont au cœur de manipulations, d’enlèvements, de chantages et de férocités en tout genre. Les morts violentes, les suicides, une catastrophe ferroviaire, les personnages multiples, les situations impossibles, les coups de théâtre, tout est prétexte pour offrir au public un film d’action extrême, magistralement dirigé et monté par son auteur. Dans la tradition du Serial, le film de Fritz Lang ne laisse aucun répit à son public : qu’importe si la sempiternelle lutte entre le Bien (n° 326) et le Mal (Haghi, le cerveau diabolique et variante du Dr. Mabuse), pimentée de romances (entre n° 326 et Sonja, entre Dr. Masimoto, joué par Lulu Pick, et Kitty), ne révolutionne pas le film à suspense, l’action omniprésente demeure toujours palpitante. Les Espions est un film qui ne manque ni de charme, si d’intérêt : outre les gadgets utilisés par Haghi (bureau) qui annoncent ceux d’un certain agent 007, le film a carrément inspiré Alfred Hitchcock pour Les 39 Marches (1935) dans lequel il adapte la scène de la balle arrêtée par un livre et la mort sur scène d’un méchant. Bref, comme toujours, y compris dans ses œuvres mineures, Fritz Lang reste un maestro du 7ème Art dont les films n’ont jamais cessé de servir de modèles.
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Commentaire technique
La restauration du film a été effectuée en 2004 par la Friedrich-Wilhem-Murnau-Stifung (Wiesbaden). Sans le négatif original, différents films nitrate ont été utilisés. La base, choisie pour sa longueur et sa qualité, a été une copie nitrate conservée aux Národní Filmový Archiv de Prague. Les scènes manquantes ont été complétées par des éléments nitrates d’autres cinémathèques : Filmarchiv Austria de Vienne, National Film and Sound de Canberra et Cinémathèque Française de Paris. Les intertitres originaux sont tirés de la copie viennoise et d’un négatif duplicata de la Gosfilmofond de Moscou. Le générique n’a pas été conservé. Les crédits ont été repris des documents de censure et le graphisme s’inspire de l’époque. Les travaux ont été effectués par L’immagine Ritrovata (Bologne). Le négatif Master de cette version a servi de base à la numérisation en résolution 2K par Omnimago GmbH (Ingelheim).
Image : copie HD, excellente définition et très bon piqué (tournage en 35mm, Master Format restauré 2K), la restauration n’a pas pu éliminer tous les défauts (rayures, taches), excellente contraste malgré des variations ponctuelles de densité, noirs denses, blancs nuancés, échelle de gris homogène
Son : mixage stéréophonique 2.0, musique composée par Neil Brand en 2005, excellente dynamique qui restitue toute l’énergie du piano et la profondeur de l’instrument
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : 
(4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0019415/
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