Sauve qui peut (la vie) et Soigne ta droite : le cinéma de Jean-Luc Godard dans les années 80 (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Sauve qui peut (la vie) : Denise abandonne son mari, son travail et la ville pour aller vivre à la campagne. Paul a peur de quitter la ville, peur de la solitude depuis le départ de Denise. Isabelle a quitté sa campagne pour venir se prostituer en ville. Récit des angoisses et aspirations d'hommes et de femmes face à une société qui les broie.

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Soigne ta droite : l'« Idiot », dit aussi le « Prince », est un cinéaste réduit à faire des travaux alimentaires. Ainsi, il doit réaliser dans la journée un film pour un commanditaire qui ne sait pas trop ce qu'il veut. Pour se tirer d'affaires, le « Prince » teste diverses fictions et nous en livre les ébauches, les ratures.

• Titre original : Sauve qui peut (la vie) - Soigne ta droite
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, comédie dramatique
• Année : 1980, 1987
• Réalisation : Jean-Luc Godard
• Casting : (1) Isabelle Huppert, Jacques Dutronc, Nathalie Baye, Roland Amstutz, Cécile Tanner, Anna Baldaccini, Roger Jendly, Fred Personne, Nicole Jacquet (2) Jane Birkin, Dominique Lavanant, Pauline Lafont, Éva Darlan, Isabelle Sadoyan, Carina Barone, Jacques Villeret, François Périer, Michel Galabru, Rufus, Jean-Luc Godard, Philippe Khorsand
• Durée : 1 h 27 mn 53 - 1 h 21 mn 29
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 - 1,37/1
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français - DTS-HD MA 2.0 stéréophonique français
• Bonus sur le Blu-ray de Sauve qui peut (la vie) : Scénario de « Sauve qui peut (la vie) », écrit et réalisé par Jean-Luc Godard (1979, 20 mn 14) - JLB/ADB, interview d’Antoine de Baecque, auteur (2010, 13 mn 52) - JLB/NB, interview de Nathalie Baye (2010, 16 mn 36) - JLB/RB, interview de Renato Berta, co-directeur de la photographie (2010, 9 mn 21) - JLB/IH, interview d’Isabelle Huppert (2010, 12 mn 34) - JLB/GY, interview de Gabriel Yared, compositeur (2010, 5 mn 54) - bande annonce (3 mn 06)
• Bonus sur le Blu-ray de Soigne ta droite : courts métrages de Jean-Luc Godard Lettre à Freddy Buache (1982, 10 mn 37) et Meeting WA (1986, 26 mn 20) - JLB/ADB, interview d’Antoine de Baecque, auteur (2010, 9 mn 08) - JLB/CC, interview de Caroline Champetier, directrice de la photographie (2010, 25 mn 58) - JLB/PJ, interview de Pierre Jodlowski, compositeur (2010, 15 mn 52) - JLB/JCC, interview de Jean-Claude Carrière, scénariste (2010, 28 mn 22) - bande annonce (3 mn 17)
• Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Dans les années 80, après avoir expérimenté la production vidéo et réalisé quelques séries télévisées, Jean-Luc Godard tente, sans succès, de monter deux films ayant des gangsters (Jacques Mesrine, Bugsy Siegel) comme protagonistes. Ce sera finalement Sauve qui peut (la vie) qui va concrétiser son retour au cinéma. Sur un scénario et des dialogues signés Anne-Marie Miéville et Jean-Claude Carrière, le réalisateur conçoit un film organisé comme une partition musicale en quatre mouvements (imaginaire, peur, commerce, musique), soutenue par la musique inventive de Gabriel Yared (cf. bonus) et structuré comme un triptyque à trois personnages : Denise Rimbaud, une monteuse, Paul Godard, un cinéaste, et Isabelle Riviere, une prostituée, incarnés par Nathalie Baye, Jacques Dutronc et Isabelle Huppert (cf. bonus). Le film, comme la plupart des œuvres du cinéaste, va diviser la critique, certains criant au génie, d’autres étant plus mesurés. Si effectivement le talent créateur du réalisateur suisse est toujours à l’œuvre, surtout dans la mise en scène, le propos peut dérouter et le fond pas politiquement correct peut heurter. C’est néanmoins le premier film de Jean-Luc Godard à ne pas être foncièrement politique bien qu’au final il soit question l’aliénation des personnes par la société. Le film analyse en effet, avec le personnage d’Isabelle, la sexualité comme le reflet des caractères et comment ce tabou, en supprimant les codes sociaux imposés, révèle la réalité des comportements primaires. Dans cette intention, Sauve qui peut (la vie) ne craint pas les audaces visuelles et les propos très crus présentés selon un montage tranché et un usage suggestif du ralenti.
Vers la fin de la décennie, en 1986, avec sa comédie dramatique Soigne ta droite, Jean-Luc Godard démontre que, s’il n’a rien changé à son style singulier de cinéma, il est aussi un excellent comédien burlesque. Le cinéaste définissait son film comme une fantaisie en 17 ou 18 tableaux : autant de chapitres pour une adaptation toute personnelle de « L’idiot » de Fiodor Dostoïevski. Le titre exact serait s’ailleurs Une Place sur la terre, car l’intrigue parle de trois groupes aux projets divers : les Rita Mitsouko finalisant un de leurs albums, un individu (Jacques Villeret) ne trouvant pas réponse à sa quête de société idéale et des voyageurs aériens désirant arriver à destination. Le mélange fiction burlesque et documentaire sur un groupe de rock ne convaincra pas les foules. Pourtant le numéro comique du réalisateur jouant un cinéaste complaisant et stupide ne manque pas d’à-propos et le tournage des Rita Mitsouko en pleine phase tendue de la création d’intérêt. Comme à son habitude, Jean-Luc Godard compose un film insolite parsemé de métaphores dont on ne saisit pas toujours la finalité, mélange sophistiqué de citations littéraires et de gags insolites. La casting étoilé réunit des artistes aussi talentueux que Jane Birkin, Jacques Villeret et François Périer, etc. qui semblent heureux de participer à ce film surprenant qui récolta, ex-aequo, le Prix Louis-Delluc 1987. Réflexion sur la création, qu’elle soit cinématographique ou musicale, Soigne ta droite surprend par son manque de linéarité et la confusion de ses assertions, traversée de thèmes existentiels en digne spécimen du cinéma inimitable et personnel de son auteur. À redécouvrir grâce à une copie HD superbement restaurée.

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Commentaire technique

Sauve qui peut (la vie)

Image : copie HD, bonne définition, piqué sur les détails, texture argentique régulière (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), image bien nettoyée, contraste naturaliste, image lumineuse, noirs soutenus, étalonnage et colorimétrie réalistes, teintes nuancées
Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, bonne dynamique sur les ambiances, pas de distorsion ou de souffle

Soigne ta droite

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Image : copie HD, superbe définition, excellente piqué sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), image propre, excellente contraste naturaliste, image lumineuse, étalonnage et colorimétrie naturalistes, teintes réalistes vives et nuancées, tons sans dominante
Son : mixage français 2.0 (Dolby au cinéma), dialogues très clairs, excellente dynamique sur les ambiances et les séances de travail pour l’album «The No Comprendo» des Rita Mitsouko, spatialisation artificielle très spectaculaire avec beaucoup d’effets surrounds appuyés