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Punishment Park : une anticipation politique implacable et radicale (en Blu-ray et VOD)

Blu ray Punishment Park 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)

Synopsis

En 1970, le conflit au Vietnam s'aggrave. Face à la vague de protestation d'une partie de la jeunesse américaine, le Président décrète l'état d'urgence et met en application « le McCarran Act ». Une loi de 1950 qui autorise le gouvernement fédéral à placer en détention toute personne « susceptible de mettre en péril la sécurité intérieure ». Dans une zone désertique du sud de la Californie, non loin des tentes où siège le tribunal civil chargé d'instruire le procès du groupe 638, les membres du groupe 637 découvrent sur le terrain les règles du « jeu ». Contre la promesse de leur libération, ils auront 3 jours, sans vivres et sans eau, pour atteindre un drapeau américain planté dans les montagnes à 80 km de là...

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• Titre original : Punishment Park
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, thriller
• Année : 1971
• Réalisation : Peter Watkins
• Casting : Patrick Boland, Kent Foreman, Carmen Argenziano, Luke Johnson, Cathrine Quittner, Scott Turner, Stan Armsted, Mary Ellen Kleinhall
• Durée : 1 h 30 mn 59
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : LPCM 2.0 monophonique anglais
• Bonus en VOST : trois films de Peter Watkins The Trap (1975, Fällan, 64 mn 41) - The Forgotten Faces, film inédit (1961, 18 mn 09) - The Diary of an Unknown Soldier (1959, 16 mn 57)
• Éditeur : Doriane Films

Commentaire artistique

Punishment Park, réalisé en 1970, est un des films phares du cinéaste britannique Peter Watkins à qui l’on doit, entre autre, l’excellente évocation de La Bataille de Culloden (1964) et le terrifiant essai sur la menace nucléaire, La Bombe (1966), films pour lesquels il a mis au point et peaufiné un style surprenant qui mélange le tournage à la manière d’un documentaire et l’interprétation sur le vif d’acteurs plus ou moins professionnels à la limite de l’improvisation. D’abord comédien, Peter Watkins a été remarqué grâce à ses courts métrages (cf. bonus), The Diary of an Unknown Soldier (1959), sur les pensées d’un soldat qui va mourir, et The Forgotten Faces (1961), sur l’insurrection de Budapest de 1956 avec lequel il se débarrassait des codes hollywoodien et adoptait la technique du reportage. Suite à l’échec de son long métrage pacifiste Les Gladiateurs (1969), filmé, à l’époque des mouvements de 1968, en Suède où il s’était installé, il part vivre aux USA où il écrit et dirige Punishment Park. Toujours conçu dans ce style de fiction pseudo-documentaire qui fait sa spécificité, ce film est ouvertement opposé à la politique punitive de Nixon qui frappe aussi bien le Vietnam que les USA. Peter Watkins s’inspire notamment de la fusillade de l’université de Kent (Kent State Shootings) durant laquelle la garde nationale a abattu 4 étudiants qui manifestaient contre l’intervention de l’armée américaine au Cambodge. Pour son film, il conçoit l’existence aux USA, dans un futur indéterminé, d’un camp de détention filmé par une équipe documentaire britannique qui s’exprime en voix off et qui va progressivement abandonner son objectivité en constatant la brutalité des représailles. L’intrigue est située dans le désert Californien où sévit un tribunal d’exception légalisé par «l’état d’urgence» et chargé de condamner des « activistes » anti-américains - étudiants, chanteurs, militants noirs, pacifistes - puis de leur proposer un choix, pipé d’avance, entre la prison et une épreuve de survie dans le désert. Le film suit deux groupes en parallèle : le 637 dans l’action sous le soleil impitoyable et traqué par les policiers et le 638 au tribunal obligeant chaque accusé, des marginaux femmes et hommes, à justifier ses revendications. Pour obtenir l’intensité palpable de chaque scène de traque, le cinéaste a fait jouer ses comédiens en plein mois d’août dans le désert de Mojave et il faut admirer la dextérité de Joan Churchill à filmer à l’épaule avec une caméra 16 mm. Le cinéaste a aussi choisi de faire interpréter les membres du tribunal par des civils recrutés dans les environs et qui expriment spontanément leurs reélles opinions politiques dans des séquences où les cris fusent. Ces scènes de procès expéditif sont fascinantes, en particulier le sort du jeune noir Charles Robbins (joué par Stan Armsted) qui finit bâillonné de la même manière que Bobby Seale, un des fondateurs du Black Panther Party, qui avait été ainsi muselé au procès des Chicago Seven en 1969. Avec Punishment Park, la position de Peter Watkins ne fait pas mystère : son film est clairement une condamnation du fascisme et d'ailleurs, taxé d’incitation à la révolte, il sera éreinté par la critique aux USA où il ne restera que 4 jours à l’affiche. Bien que sa diffusion ultérieure ait été longtemps retardée (2007 en France), Punishment Park, en raison de sa radicalité, doit être considéré comme un des films majeurs des années 70 et impose aujourd’hui un parallèle manifeste avec le camp de Guantanamo. Même si on peut lui trouver quelques faiblesses, comme le jeu inégal des non professionnels et l’hystérie de certaines scènes, le naturalisme documentaire de Peter Watkins se révèle extrêmement efficace, tout en proposant une réflexion sur la vérité des reportages diffusés par les médias et leur schéma narratif (monoforme). Il n’aura de cesse de perfectionner son style pour faire passer ses opinions contestataires, même quand il devra l’adapter à des exigences techniques particulières comme, en 1975, pour son téléfilm suédois The Trap (cf. bonus), un huis clos étonnant sur la menace nucléaire.

 

Blu ray Punishment Park

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Commentaire technique

Nouveau transfert haute définition restauré : tourné en 16 mm, le film Punishment Park a été remastérisé à partir d'une nouvelle copie 35 mm, tirée du négatif « gonflé » en 35 mm restauré et conservé à Paris

Image : copie HD, définition et piqué variables allant de bon à correct selon les plans, texture argentique homogène et assez discrète (tournage en 16 mm avec caméra Éclair ACL16, Master Format 2K à partir du négatif gonflé en 35 mm), image très propre hormis des poils sur les bords du cadre, bonne gestion du contraste, image lumineuse mais densité variable avec quelques images surexposées, noirs soutenus, étalonnage très chaud, colorimétrie naturaliste à dominante ocre jaune et magenta, tons saturés

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs avec quelques montées dans les aigus, pas de distorsion ni de souffle, excellente dynamique sur les ambiances (tribunal, poursuite) et sur la musique de Paul Motian

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile griseetoile grise(2,5/5)

IMDb
Punishment Park : https://www.imdb.com/title/tt0067633/
The Trap : https://www.imdb.com/title/tt0336478/

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