La Conspiration du Caire : une conjuration politico-religieuse machiavélique (en Blu-ray, DVD et VOD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l'Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l'institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au coeur d'une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays.
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• Titre original : Walad Min Al Janna
• Support testé : Blu-ray
• Genre : thriller
• Année : 2022
• Réalisation : Tarik Saleh
• Casting : Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri, Makram Khoury, Mehdi Dehbi, Sherwan Haji, Ahmed Laissaoui, Ramzi Choukair
• Durée : 2 h 00 mn 37
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 arabe, français
• Bonus : aucun
• Éditeur : Memento Distribution
Commentaire artistique
Grand prix du scénario au Festival de Cannes en 2022, La Conspiration du Caire est un thriller sur fond d’Islam sunnite écrit et réalisé par Tarik Saleh. Le cinéaste suédois, d’origine égyptienne, a obtenu en 2017 la reconnaissance internationale pour son film policier Le Caire confidentiel, récompensé au Festival de Sundance. En raison des thèmes sensibles abordés dans Le Caire confidentiel, à propos du régime en place et de la police, le réalisateur, interdit de travailler en Égypte, avait dû tourner son film au Maroc. Logé à la même enseigne, La Conspiration du Caire a été réalisé en Turquie qui a fourni des décors vraisemblables, aptes à simuler les lieux du récit : les rives du lac Menzaléh et la ville du Caire. Même si l’évocation de la mosquée, siège de l’université Al-Azhar, et des extérieurs urbains cairotes, ne pourra tromper les familiers de la métropole égyptienne, le résultat est satisfaisant : la mosquée Süleymaniye d’Istanbul et les décors intérieurs, imaginés par Roger Rosenberg, font illusion (à ce sujet, on regrettera l’absence de tout bonus explicatif sur les conditions du tournage). La réalisation efficace et classique, servie par son casting et sa figuration nombreuse des imams et des étudiants d’Al Azhar, parvient à rendre crédible cette histoire policière captivante, surtout pour un public qui se fait une image biaisée de la religion islamique. En effet, la nouveauté majeure de ce thriller réside dans son ancrage dans les milieux de la plus haute institution islamique sunnite : cette idée originale, très lointainement inspirée par la lecture du roman « Le nom de la rose », valait bien un prix à Cannes. Tarik Saleh admet que, malgré le regret d’être indésirable en Égypte, il a ainsi bénéfice d’une grande liberté pour traiter de sujets sensibles comme la collusion entre le pouvoir et l’institution religieuse ou les turpitudes que certains protagonistes commettent par ambition ou fanatisme. Le cinéaste imagine pour son thriller politique qu’un jeune fils de pécheur du delta, Adam (Tawfeek Barhom), est accepté à l’université d’Al Azhar - une réminiscence de ce qui est arrivé réellement à son grand-père - opportunité unique pour échapper à l’archaïsme de ses origines. Mais le prix à payer sera élevé puisque le jeune étudiant va être embringué, bien malgré lui, dans une machination mortelle des services de la Sureté de l’état décidés à satisfaire la volonté du président égyptien de nommer un nouveau Grand Imam à sa botte. La mission passe par l’infiltration conduite par l’officier Ibrahim, un vieux de la vieille sachant tout sur tout, incarné avec son habituel dynamisme par Fares Fares, l’acteur fétiche de Tarik Saleh. Doté d’une intelligence rare, Adam va prendre la mesure des enjeux et des dangers que fait courir cette conjuration politico-religieuse. Avec Ibrahim, il va percer à jour la stratégie du cheikh aveugle, joué par l’acteur arabe israélien Makdram J. Khoury, et la duplicité du cheikh Al Durani, incarné par l’acteur franco-syrien Ramzi Choukair. Partagée entre les intérêts contradictoires d’un pouvoir despotique et d’islamistes radicalisés, l’intrigue de La Conspiration du Caire est complexe, fertile en ramifications narratives et en péripéties variées, somptueusement photographiées par Pierre Aïm qui a privilégié un tournage semi-documentaire (caméra à la main). L’usage du scope est parfait pour les grandes scènes d’ampleur qui ponctuent l’action (enseignements dans la cour de la mosquée, prières, masse des enseignants et des étudiants, concours de tajwid, etc.) et qui accroissent la tension dramatique de ce thriller, manifestement en rapport avec l’actualité (conflit entre le président Al-Sissi et le grand imam Cheikh el-Tayeb). La Conspiration du Caire a tout de l’enchaînement diabolique d’une intrigue hitchcockienne qui se déroulerait dans un cadre inhabituel : effectivement, avec Adam héros innocent impliqué contre son gré, le spectateur est plongé dans un système institutionnel aux ressorts mystérieux fort habilement exposés par une mise en scène nerveuse. Une intrigue machiavélique et palpitante.
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Commentaire technique
Image : copie HD, magnifique définition au piqué chirurgical sur les gros plans (focale fixe de 40 mm), pas de texture (tournage numérique avec caméras Arri Alexa LF), gestion naturaliste du contraste, image lumineuse détaillée dans les basses lumières, noirs solides, étalonnage réaliste chatoyant, colorimétrie aux teintes naturelles nuancées et tons saturés
Son : mixage arabe 5.1, dialogues clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances (mosquée, université, rues du Caire) et la musique suggestive de Krister Linder, spatialisation ample aux effets surrounds très immersifs (foule, réverbération des architectures), LFE ponctuellement très efficaces ; VF 5.1, claire, bonne dynamique et spatialisation proche de celle de la VO, doublage soigné, mais trop distant des ambiances pour être naturel
Notre avis
Image : (5/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (0/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt15452062/
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