Bones and All : le road-trip d’une romance cannibale (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Maren part à la recherche de sa mère et rencontre Lee, un adolescent à la dérive qui va l'embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l'Amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamment fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d'une société qui les considère comme des monstres ?

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• Titre original : Bones and All
• Support testé : Blu-ray
• Genre : horreur, romance
• Année : 2022
• Réalisation : Luca Guadagnino
• Casting : Taylor Russell, Timothée Chalamet, Mark Rylance, Michael Stuhlbarg, Andre Holland, Chloë Sevigny, David Gordon Green, Jessica Harper
• Durée : 2 h 10 mn 47
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français, anglais, néerlandais
• Pistes sonores : Dolby Atmos (Dolby TrueHD 7.1) anglais - Dolby Digital 5.1 français, espagnol
• Bonus : Une plongée au cœur du film (2 mn 23) - Luca Guadagnino : sa vision de Bones and All (1 mn 32) - À la rencontre de Lee (2 mn 06) - À la rencontre de Maren (1 mn 32) - Des marginaux amoureux (1 mn 52)
• Éditeur : Warner Bros. Entertainment France

Commentaire artistique

Adapté du roman horrifique de Camille DeAngelis paru en 2016, Bones and All réunit à nouveau l’équipe gagnante de Call Me by Your Name (2018), le réalisateur italien Luca Guadagnino et l’acteur franco-américain Timothée Chalamet. Suivant fidèlement le roman, le scénario de David Kajganich conjugue habilement divers genres bien établis : road movie, horreur cannibale, romance adolescente. Le thème principal de la différence est au cœur de l’intrigue dont la narration suit les pérégrinations à travers divers états américains de Maren (Taylor Russell), une jeune fille pas comme les autres, à la recherche de sa mère. Elle voyage en compagnie de Lee (Timothée Chalamet), un autre ado ayant la même nature «monstrueuse», mais le couple est pisté par Sully (Mark Rylance), un adulte bizarre et vorace. Bien que déconseillé aux âmes sensibles, Bones and All ne compte que très peu de scènes gores : le cinéaste s’est plus intéressé à la romance des fuyards qu’à leurs exactions anthropophages même si l’ombre de cette malédiction inexpliquée plane sur toutes leurs actions. Si, effectivement, deux ou trois séquences ont tout de La Nuit des morts-vivants, le film est surtout traité sous l’angle classique de l’errance du couple de jeunes tueurs marginaux unis par leur spécificité, façon Twilight. Le ton romanesque de ce road movie et la relative discrétion frontale du cannibalisme transforment cette intrigue d’horreur en une idylle adolescente tragique dont la caractérisation de ses protagonistes est une aubaine pour les comédiens. D’ailleurs l’actrice Taylor Russell, jusque-là plutôt connue pour ses rôles dans les séries, a remporté un prix du meilleur espoir à la Mostra de Venise 2022, festival qui a aussi octroyé son Lion d’argent au réalisateur. Bones and All compte plusieurs autres comédiens remarquables, surtout Mark Rylance en terrifiant carnassier et André Holland en père dépassé. Le rôle de la grand-mère de Maren est incarné par Jessica Harper, inoubliable Suzy de Suspiria (1976), et celui de sa mère internée, très bref mais marquant, par Chloë Sevigny. Si on laisse de côté les quelques séquences saignantes qui font la renommée sulfureuse du film, Bones and All est surtout fascinant pour sa peinture de l’Amérique profonde des années Reagan. La trajectoire initiatique des ados traverse en effet le Maryland, le Minnesota, l’Indiana, le Kentucky et le Michigan : tout un programme avec, en filigrane, une description sans fard de l’état d’une société qui a conditionné partiellement la nature des marginaux dont l’anthropophagie congénitale serait le symbole des ratés du libéralisme. Bones and All est un film bancal qui hésite constamment entre l’épouvante et la romance et ne parvient pas à concilier de manière satisfaisante ces deux composantes. Frôlant parfois le stéréotype, la réalisation trop classique de Luca Guadagnino ne réussit jamais à nous émouvoir et se révèle, paradoxalement, plus efficace dans les scènes cannibales que dans la romance…

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Commentaire technique

Image : copie HD, très bonne définition et piqué sans faille, texture argentique homogène (tournage en Super35 mm avec caméras Arriflex 235, Master Format 4K), gestion très naturelle du contraste aux éclairages délicats (matinée, fin de journée), noirs solides, étalonnage réaliste subtil et chaud dans l’esprit des années 80, colorimétrie naturaliste aux teintes nuancées sans vivacité, tons rarement saturés

Son : mixage anglais Dolby Atmos, dialogues centrés très clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances (trafic, fastfood) et sur la musique suggestive de Trent Reznor et Atticus Ross, très belle spatialisation naturaliste aux effets surrounds immersifs efficaces ponctuellement amplifiés par les canaux de hauteur, LFE très énergiques aux moments-clés ; VF 5.1 non lossless, claire et dynamique, spatialisation moins immersive, doublage correct mais voix décollées des ambiances donc plus artificielles