Fata Morgana : un premier film bizarre et hermétique (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Dans une ville évacuée de sa population pour d'obscures raisons, quelques personnes ont décidé de rester. La mannequin Gim n'a pas voulu quitter son compagnon, Alvaro, qui vit dans une somptueuse villa avec des personnalités excentriques. On apprend alors qu'un assassin récidiviste a décidé de frapper à nouveau, et qu'il choisit ses victimes parmi les plus belles femmes de la ville. Le Professeur, un expert en criminologie, est le seul capable d'aider Gim à échapper au meurtrier.

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• Titre original : Fata/Morgana
• Support testé : Blu-ray
• Genre : fantastique, drame
• Année : 1965
• Réalisation : Vicente Aranda
• Casting : Teresa Gimpera, Marianne Benet, Marcos Martí, Antonio Ferrandis, Alberto Dalbés, Antonio Casas, Glòria Roig, Francisco Álvarez
• Durée : 1 h 27 mn 01
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 Noir et Blanc et Couleur
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : LPCM 2.0 monophonique espagnol
• Bonus : Digipack 2 volets avec étui avec le Blu-ray (87 mn 01) et le DVD du film (83 mn 33) - Mirages et illusions, présentation par Christian Lucas (2023, 22 mn 47) - générique alternatif (VOST, 0 mn 40) - diaporama d'affiches et photos (1 mn 24) - bande annonce originale (VO, 1 mn 34)
• Éditeur : Artus Films

Commentaire artistique

Présenté en version intégrale, Fata Morgana est le premier long métrage réalisé par le cinéaste espagnol Vicente Aranda connu pour la singularité de ses films de gauche teintés d’érotisme. De retour en Espagne en 1959 après avoir travaillé au Venezuela, il coécrit Fata Morgana avec Gonzalo Suárez et en assure la réalisation. Le film assez insolite, dans lequel débute l’actrice Teresa Gimpera (dans le rôle de Gim), est aussi déroutant narrativement que visuellement et témoigne du renouveau du cinéma espagnol des années 60 avec l’école de Barcelone qui a compris les leçons de la Nouvelle Vague. Fata Morgana contient en germe les thèmes futurs du cinéma de Vicente Aranda comme le déterminisme social, l’obsession de la beauté, la violence et la victimisation. La trame est celle d’une fable policière (J.J. flic enquêteur est joué par Marcos Marti) surréaliste traitée selon une mise en scène minimaliste qui nécessitera un certain décryptage : le personnage métaphorique du Professeur, incarné par Antonio Ferrandis, aux multiples déguisements met en garde contre la tangibilité des faits. Fata Morgana n’est pas d’une grande limpidité : son excessive austérité et ses affèteries de réalisation rendent son contenu si hermétique que l’on perd vite le fil de son récit et l’intérêt de son intrigue. Film d’auteur abscons, Fata Morgana relève du film expérimental nourri d’essais visuels avec mélange des genres, ambiguïtés narratives et énigmes en série. Il faudra laisser sa rationalité au vestiaire pour décrypter ce thriller baroque, catalogue de styles (giallo, bande dessinée, parodie, romance, anticipation), de symboles souvent impénétrables (bandelettes, neige, poignard-poisson, etc…) et d’un nouveau langage cinématographique, qui laisse un sentiment d’inabouti. Si l’on peut rester insensible à l’hermétisme de ce film excentrique au style très pop art, Fata Morgana a eu le mérite de créer un univers codifié très personnel, que n’aurait pas renié Alain Resnais ou Alain Robbe-Grillet, et de révéler les séduisantes Teresa Gimpera et Marianne Benet. Surprenant.

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Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition et très beau piqué sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), image propre et bien contrastée, lumineuse aux noirs francs, étalonnage chatoyant, colorimétrie vive aux teintes pimpantes et tons saturés

Son : mixage espagnol 2.0 monophonique, dialogues très clairs, excellente dynamique sur les ambiances et sur la musique d’Antonio Pérez Olea, pas de souffle appuyé ou de distorsion