L'Envol : un tableau rural esthétique et austère (en DVD et VOD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire fait un été la rencontre d'une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie.
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• Titre original : L'Envol
• Support testé : DVD
• Genre : drame, romance
• Année : 2022
• Réalisation : Pietro Marcello
• Casting : Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Noémie Lvovsky, Louis Garrel, Yolande Moreau, François Négret, Ernst Umhauer, Inès Es Sarhir
• Durée : 1 h 40 mn 22
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,50/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 français
• Bonus : entretien avec Pietro Marcello (2023, 8 mn 40) - entretien avec Louis Garrel et Juliette Jouan (2023, 12 mn 10) - Prendre L’Envol, Making of par Maria Giménez Cavallo (16 mn 38)
• Éditeur : Le Pacte
Commentaire artistique
L’Envol est une version cinématographique très libre du roman « Les voiles écarlates » (1923) de l’écrivain russe Alexandre Grine, pacifiste et romantique, par le cinéaste documentariste italien Pietro Marcello qui en a coécrit le scénario. Abandonnant l’aspect conte du roman, l’adaptation cherche à mettre en évidence l’apparition des familles recomposées qui marque le tournant du modernisme social. Dans le film, la famille élargie réunit des marginaux mal vus du village : Raphaël (Raphaël Thiery), sa fille Juliette (Juliette Jouan) et sa patronne Adeline (Noémie Lvovsky) ainsi qu’une famille de forgeron. Mais le film est surtout centré sur les liens très forts qui unissent Juliette et son père Raphaël, puis ce qui il en advient après la substitution du père (mort) par un inconnu, un aviateur intrépide, archétype de l’homme moderne, Jean (Louis Garrel), qui va se laisser dominer par Juliette. On n’est pas loin du film féministe anti patriarcal qui rappelle le crime impuni de la mort de la mère de Juliette par viol et la tentative du fils du violeur, Renaud (Ernst Umhauer), de violer Juliette : autant de crimes tolérés par la société villageoise ancestrale qui préfère se méfier de Raphaël l’étranger et d’Adeline la sorcière. L’Envol a été tourné en Picardie par une équipe essentiellement française avec une attention documentaire aux détails mais sans chercher, à tout prix, la reconstitution historique : le contexte minimaliste de L’Envol reste très esquissé, aidé par l’insertion d’archives. Le film bénéficie de la très belle photographie naturaliste de Marco Graziaplena qui a su traduire la magie des lieux tout suggérant leur dimension surnaturelle : la fermette du tournage aurait d’ailleurs été un endroit de captivité de Jeanne d’Arc, un des éléments de merveilleux dans le film tout comme la magicienne malicieusement incarnée par Yolande Moreau. Il faut souligner en effet tout le bénéfice que le cinéaste a su tirer, avec des improvisations réussies, de ses interprètes, tout particulièrement la jeune Juliette Jouan, parfaite dans son rôle, et Raphaël Thiery avec son extraordinaire composition de sculpteur sur bois. L’Envol a la singularité de changer de ton en cours de métrage : si toute la première partie nous plonge dans la vision assez contemplative de la vie âpre des paysans du début du 20e siècle - le parcours de Juliette enfant et de son père - le film passe ensuite à une manière de comédie musicale - la romance Juliette et Jean - soutenue par la composition toujours inventive et plaisante de Gabriel Yared. Cet assemblage diversifié de tableau bucolique et de conte fantastique, mêlant noirceur, poésie et métaphore socio-politique, possède la belle élégance et la grande habileté d’une réalisation inspirée qui a su délicatement préparer L’Envol de Juliette vers la modernité et la liberté. Un film unique, austère et onirique, qui célèbre autant la nature de son contexte que l’émancipation de son héroïne par la musique. Fascinant.
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Commentaire technique
Image : copie SD, assez bonne définition mais piqué limité par le support et une forte texture argentique (tournage en 35 mm avec en appoint une caméra Arri 416), contraste naturaliste très mesuré, parfois un peu dense (scène ouverture), pas de lumières crues, prédilection pour les lumières laiteuses des débuts et fins de journée, noirs solides, étalonnage chaud, colorimétrie nuancées aux couleurs pastels à l’ancienne aux tons saturés
Son : mixage français 5.1, dialogues clairs et équilibrés, bonne dynamique sur les ambiances et la belle partition signée Gabriel Yared, spatialisation très mesurée aux effets surrounds naturalistes sans excès hormis quelques scènes (avion), LFE très ponctuel
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (3,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt14212090/
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