L'île rouge : une histoire de réminiscences sensorielles (en Blu-ray, DVD et VOD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Début des années 70, sur une base de l'armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme.
- Titre original : L'île rouge
- Support testé : Blu-ray
- Genre : drame
- Année : 2023
- Réalisation : Robin Campillo
- Casting : Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez, Charlie Vauselle, Amely Rakotoarimalala, Hugues Delamarlière, Sophie Guillemin, David Serero, Luna Carpiaux, Calissa Oskal-Ool, Cathy Pham
- Durée : 1 h 56 mn 27
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,37/1
- Sous-titrage : français
- Piste sonore : DTS-HD MA 5.1 français
- Bonus : aucun
- Éditeur : Memento Films
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Commentaire artistique
Le scénario de L’île rouge a été coécrit par son réalisateur Robin Campillo avec Gilles Marchand et l'écrivain malgache Jean-Luc Raharimanana. Le film est fondé sur des souvenirs d’enfance du cinéaste qui a vécu, avec son père sous-officier et sa famille, les derniers mois d’existence de la base militaire française 181 d’Ivato à Madagascar. Robin Campillo indique avoir conservé une nostalgie durable de cette époque et a, effectivement, dispersé divers indices personnels dans le film (Fantômette, les crocodiles, la bague, etc.). Mais il réfute, cependant, la qualification d’autobiographique car L’île rouge est, selon lui, une fiction que ses souvenirs ont gratifié d’une dimension émotionnelle particulière. Le récit est situé en 1973, un moment précis de l’histoire malgache, lorsque dans l’île, devenue indépendante en 1960, la base aérienne française 181 est transférée à l’armée malgache. C’est donc indirectement par le biais de quelques personnages de cette base, dans laquelle Thomas (Charlie Vauselle) vit avec sa famille, que sont évoqués les effets pervers de la colonisation laissant entendre que ce paradis artificiel pour colons pourrait être éternel. Thomas, dont le film illustre le point de vue, est le double de Robin Campillo : un enfant, partagé entre l’imaginaire de la libre Fantômette (Calissa Oskal-Ool), héroïne masquée de la bibliothèque rose, l’amitié de la petite et perspicace Suzanne (Cathy Pham) et l’observation décalée des évènements environnants interprétés par un enfant imaginatif. Le réalisateur insiste sur la nature onirique intime de son film qui ne prétend jamais être historique. L’existence d’autres personnages participe à la quête de liberté de Thomas, en particulier la jolie malgache Miangaly (Amely Rakotoarimalala dans son premier rôle) qui ne s’illusionne pas sur la dimension coloniale de l’amour que lui porte Bernard (Hugues Delamarlière). Elle est, dans le film, le protagoniste majeur qui déclenche la fin de l’illusion coloniale concrétisée par la prise de pouvoir des indigènes malgaches et par la chanson «Veloma » du groupe Mahaleo. Splendidement filmé, en France et en partie sur place à Ivato, par Jeanne Lapoirie, L’île rouge possède un excellent casting qui a su incarner avec intensité deux familles de coloniaux, les Lopez (Nadia Tereszkiewicz et Quim Gutiérrez) et les Guedj (Sophie Guillemin et David Serero). La réalisation, alternant l’évocation de la vie dans la base militaire, loin des autochtones laissés à l’écart presque tout le récit, et les séquences oniriques (décors de maquettes dans lesquels évolue Fantômette), est aussi exquise que fascinante. Le subtil équilibre établi entre les réminiscences enfantines et l’évocation de l’aberration colonialiste est aussi poétique que troublant. Comme on a pu le qualifier avec justesse par ailleurs, L’île rouge est film proustien et sensoriel franchement abouti.
Commentaire technique
Image : copie HD, définition spectaculaire avec un piqué chirurgical sur les détails (tournage numérique avec caméra Alexa Mini), magnifique contraste aux images lumineuses en extérieurs, noirs profonds, étalonnage chaud chatoyant, colorimétrie somptueuse aux teintes vives et tons très saturés
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Son : mixage 5.1 français, dialogues centrés très clairs, excellente dynamique sur les ambiances (avion, repas, plage) et sur la musique élégante d’Arnaud Rebotini, spatialisation naturaliste ample aux effets surrounds immersifs très enveloppants, LFE efficace
Notre avis
Image : (5/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (0/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt13846540/
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