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Meurtres dans la 110e Rue : un néo polar célèbre pour sa bande originale (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Harlem, dans les années 70, de jeunes délinquants noirs déguisés en policiers font irruption dans un tripot contrôlé par la Mafia, abattent plusieurs hommes et s'emparent d'une grosse somme d'argent. Le parrain local ordonne à son gendre de retrouver au plus vite les braqueurs et de rétablir la frontière qui s'éparent les gangs noirs et les mafieux. Deux policiers, un blanc et un noir, mènent l'enquête.

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  • Titre original : Across 110th Street
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : policier
  • Année : 1972
  • Réalisation : Barry Shear
  • Casting : Anthony Quinn, Yaphet Kotto, Anthony Franciosa, Paul Benjamin, Ed Bernard, Richard Ward, Norma Donaldson, Antonio Fargas
  • Durée : 1 h 41 mn 18
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 1,85/1
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
  • Bonus : combo avec le Blu-ray du film (101 mn 18), le DVD du film (97 mn 15) et un DVD de bonus
  • Bonus sur le DVD de bonus : Le Nihilisme de Barry Shear par Jean-Baptiste Thoret, réalisateur et historien du cinéma (2023, 32 mn 41) - La Blaxploitation par Jean-Baptiste Thoret (2023, 17 mn 42) - L'Enfer de New York par Samuel Blumenfeld, journaliste cinéma au Monde (2023, 31 mn 41) - Signé Bobby Womack par Olivier Cachin, spécialiste des musiques urbaines (2023, 18 mn 20) - film annonce (VO, 2 mn 50)
  • Éditeur : Rimini Éditions

 

 

Commentaire artistique

Meurtres dans la 110e Rue a été réalisé en 1972 par Barry Shear, réalisateur qui a surtout fait carrière à la télévision. La 110e avenue du titre désigne une artère de New York qui, dans les années 70, constituait la « frontière » virtuelle séparant le quartier blanc huppé de Central Park, au sud, du quartier noir pauvre et malfamé de Harlem, au Nord : le titre anglais peut donc se traduire par « Au-delà de la 110e rue ». Ce polar américain est surtout connu pour sa célèbre bande originale funkie composée par Bobby Womack (paroles) et J.J. Johnson (musique) et plus particulièrement pour sa chanson-titre « Across 110th Street » qui devint un succès en décrivant la situation paupérisée des habitants de Harlem prêts à tout pour survivre (cf. excellent bonus par Olivier Cachin). Souvent assimilée à la « blaxploitation » qui s’est développé dans le cinéma américain, surtout dans les années 1970-1975, la chanson a été reprise en référence dans le générique de Jackie Brown (1997) de Quentin Tarentino. Meurtres dans la 110e Rue  a été coproduit par l’acteur Anthony Quinn qui n’a pas obtenu les acteurs espérés : il s’est donc octroyé le rôle du capitaine Frank Matelli, un policier blanc raciste, et a dû renoncer à Sidney Poitier, jugé peu pertinent par les habitants de Harlem, pour incarner le lieutenant noir William Pope, qui sera interprété par Yaphet Kotto. Dans un souci d’intensité d’action et d’authenticité, le réalisateur Barry Shear a tenu à filmer sa guerre urbaine des gangs sur place dans des conditions souvent difficiles : Harlem était alors un quartier défavorisé à l’architecture déshéritée et gangréné par les clans. Avec l’aide efficace de Fouad Said, expert en tournage urbain, le directeur de la photographie Jack Priestley et le caméraman Sol Negrin ont pu compter sur l’usage de la nouvelle caméra révolutionnaire Arriflex 35BL, ultralégère et silencieuse, qui permettait de filmer à main levée en ville et dans les pièces exiguës des immeubles de Harlem. Malgré la soixantaine des lieux de tournage, l’essentiel du film (85%) a ainsi pu être enregistré en direct sans besoin d’être repris par un doublage en post-production. Souvent classé dans la « blaxploitation », Meurtres dans la 110e Rue  est bien plus que cela (cf. bonus) car il possède des spécificités propres au film noir, version Nouvel Hollywood, faisant intervenir des notions de lutte des classes, de paupérisation et de ségrégation raciale. Ce film, d’une violence extrême (gérée par Eddie Smith qui fut le premier cascadeur afro-américain à être crédité dans un générique), a été réalisé à une époque durant laquelle la société américaine est particulièrement malmenée par les émeutes résultant de son profond racisme (notamment à Harlem en 1968 après l’assassinat de Martin Luther King Jr.). Dans ces années 70, la société blanche est confrontée à l’émergence du « pouvoir noir » dans la sphère afro-américaine qui va contaminer aussi les circuits criminels : dans le film, le gangster noir joué par Richard Ward (Doc Johnson) cherche à supplanter la mafia blanche incarnée par Anthony Franciosa (D’Salvio). Le choix de la ville de New York est significatif : en 1970, elle concentre tous les ingrédients de la fracture sociale et raciale avec son cortège de criminalité (rackets, jeux clandestins, prostitution, trafic de drogue) et de grande misère. Cette situation frappe spécialement Harlem, un quartier déserté et abandonné aux plus déshérités, tous rattrapés par la manne mafieuse : du noir aux antécédents irrécupérables (Jim Harris joué par Paul Benjamin) au flic douteux (Mattelli). Meurtres dans la 110e Rue , qui décortique avec une redoutable acuité ce contexte social tragique, est donc bien plus passionnant qu’un simple polar urbain qui se contenterait de multiplier les scènes d’action. Malgré son pessimisme radical, puisqu'il ne propose aucune alternative aux solutions criminelles employées par le pouvoir mafieux, et son duo bancal de flics déjà vu ailleurs, ce film possède une intensité surprenante en raison de sa réalisation efficace, de son interprétation inspirée et de son tournage en décors réels. À découvrir sans hésiter.   

 

Commentaire technique

Image : copie HD, bonne définition mais piqué atténué par les filtrages et l’usage de la nouvelle caméra Arriflex, texture argentique présente mais homogène (tournage en 35 mm avec caméras Arriflex 35 BL, premier film a l’utiliser, et Arriflex 35 IIC, Master Format 2K), copie propre, contraste satisfaisant mais un peu dense avec des basses lumières qui souffrent d’un manque de détail, noirs denses, étalonnage chaud, colorimétrie nuancée aux teintes naturalistes, tons saturés

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Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, bonne dynamique sur les scènes d’action (holdup, final) et la bande originale énergique et fameuse de Bobby Womack et J.J. Johnson ; VF 2.0 monophonique, claire mais sans profondeur, doublage ancien très artificiel qui gomme toutes les aspects typés des dialogues américains locaux

 

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : VO etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5) VF etoile bleueetoile bleueetoile griseetoile griseetoile grise(2/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5) 

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0068168/

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