Le Grand couteau : déchirements hollywoodiens (en Blu-ray, DVD et VOD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Charlie Castle était un acteur téméraire, brillant et audacieux. Mais il a signé un pacte avec le diable en se liant par un contrat de sept années à un producteur omnipotent, Stanley Hoff. C'est un homme brisé, qui à la veille de la reconduction de son contrat veut trouver le courage de faire éclater ses chaînes. Il espère ainsi renouer avec son épouse Marion, qui lui reproche de s'être vendu à Hoff, et retrouver son amour du jeu…
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- Titre original : The Big Knife
- Support testé : Blu-ray
- Genre : drame, policier
- Année : 1955
- Réalisation : Robert Aldrich
- Casting : Jack Palance, Ida Lupino, Wendell Corey, Jean Hagen, Rod Steiger, Shelley Winters, Ilka Chase, Everett Sloane
- Durée : 1 h 54 mn 07
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,85/1 Noir et Blanc
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
- Bonus : Digipack avec le Blu-ray du film (114 mn) et le DVD du film (109 mn) - le livret « Derrière les portes de Babylone » écrit par Christophe Chavdia (24 pages) - Robert Aldrich, le cinéaste du ressenti, par Jacques Demange, critique à la revue Positif (21 mn 10) - The Big Knife, une critique de Hollywood ?, interview de Frank Lafond, historien du cinéma et essayiste (30 mn 29) - film promotionnel d'époque (4 mn 59) - film annonce (2 mn 32)
- Éditeur : Rimini Editions
Commentaire artistique
Le Grand couteau a été réalisé en indépendant par Robert Aldrich en 1955, entre son excellent polar En Quatrième vitesse (1955), considéré comme un classique du film noir, et Attaque (1956), un film de guerre mémorable interprété par Jack Palance. Le cinéaste s’était fait un nom à Hollywood grâce à ses deux westerns hors normes avec Burt Lancaster : Bronco Apache (1954) et Vera Cruz (1954). Tous ces longs métrages, sortis en France en 1955, vont susciter les éloges d’une critique unanime à souligner les qualités de ce cinéaste de gauche au style très personnel que la perversité du Maccarthisme choqua volontiers. Ses films, en particulier Le Grand couteau, concrétisent son rapport houleux avec le système du cinéma hollywoodien qu’il ne cessa de critiquer dans la forme et dans le fond. Le film est une adaptation par James Poe d’une pièce de théâtre du dramaturge Clifford Odets dont l’essentiel du contenu est respecté, malgré quelques petits aménagements narratifs (cf. bonus) et de rares scènes additionnelles extérieures (ouverture, plage…) destinées à atténuer la sensation théâtrale d’une intrigue qui se déroule presqu’exclusivement dans la vaste salon de la star Charles Castle jouée par Jack Palance. Dans la pièce à Broadway, montée entre février et mai 1949, c’était John Garfield qui tenait ce rôle mais sa mort brutale en 1952 empêcha qu’il le reprenne au cinéma. S’il est très étonnant de voir Jack Palance abandonner sa stature habituelle d’homme fort pour endosser celle d’un acteur en pleine crise existentielle, il faut avouer qu’il s’en tire à la perfection. Basé sur un incident réel impliquant un magnat d’Hollywood, le film a failli ne jamais être produit par une Major, surtout que le personnage colérique du producteur Stanley Shrinner Hoff, dans lequel cabotine allègrement Rod Steiger, était aussi un amalgame des tics de Louis B. Mayer (pleurnicherie) et d’Harry Cohn (chantage affectif et microphones espions). Le casting du film Le Grand couteau compte d’autres excellents interprètes, notamment Ida Lupino (Marion Castle) et Jean Hagen (Connie Bliss). Dans le petit rôle de la starlette Dixie Evans, Shelley Winters, alors grande actrice de l’Actors Studio, a mis tout son talent en hommage à la mémoire de John Garfield. Selon Robert Aldrich, le tableau au vitriol qu’il peint des milieux hollywoodiens devait être compris comme une critique acerbe de la tyrannie sous toutes ses formes - pas seulement artistiques - dès lors qu’elle porte atteinte à la liberté. La vision pessimiste que Clifford Odets projette de lui-même dans sa pièce était idéale pour dénoncer les relations ambiguës imposées par Hollywood. Le héros et vedette de cinéma Charles Castle incarne le produit de cet asservissement impitoyable des studios qui corrompt les idéaux les plus purs et provoque in fine la pusillanimité des caractères avec des conséquences tragiques. Tous le film est réduit à un balancement incessant de l’acteur entre le bien et le mal, entre le système et la morale. Ce drame très théâtral, dont l’action se résume à des dialogues incessants et des numéros appuyés d’acteurs, aurait pu être assez indigeste sur grand écran. Heureusement Robert Aldrich a su déployer une mise en scène en huis clos dont la dynamique occupe habilement l’espace (en grande partie tourné en studio à Los Angeles), splendidement photographié par Ernest Laszlo qui joue souvent sur la profondeur de champ et sur l’obliquité. L’atmosphère de studio remplit efficacement son rôle d’espace «claustrophobique», métaphore évidente de la situation du personnage étouffé par Hollywood. Un film théâtral, magistralement édifiant, sur les excès de la machine hollywoodienne.
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Commentaire technique
Image : copie HD, belle définition mais piqué altéré par une texture argentique épaisse (tournage en 35 mm, Master Format 2K), copie propre et stable, bon contraste avec quelques variations, lumières équilibrées, noirs soutenus, gris harmonieux, compression sans faille
Son : mixage anglais 2.0 monophonique (au cinéma aussi en stéréo trois pistes), dialogues clairs et équilibrés, bonne dynamique sur les voix et sur la partition limitée de Frank De Vol, léger souffle continu sans conséquence ; VF 2.0 monophonique, niveau élevée mais le doublage caverneux et complétement détaché des ambiances est à éviter
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : VO 
(3,5/5) VF (2/5)
Bonus : (3,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0047880/
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