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Coffret Masahiro Shinoda : Fleur pâle - Gonza, le lancier, deux films fascinants (en Blu-ray)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Fleur pâle : enfermé depuis 3 ans, Muraki, un dangereux gangster, sort enfin de prison et se réfugie dans les cercles de jeu de Tokyo. Il y repère Saeki, une jeune femme audacieuse à la vie dissolue…

  

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Gonza, le lancier : Gonza, lancier de renom, s'affronte avec Bannojo, un membre de son clan, pour avoir l'honneur d'accomplir la cérémonie du thé célébrant la naissance d'un héritier de leur seigneur. Pour voir les rouleaux sacrés détaillant les secrets de la cérémonie, Gonza promet d'épouser la fille de la famille qui les possède, bien qu'il soit déjà fiancé à une autre. Alors qu'il étudie les rouleaux avec Osai, la mère de la maison, Bannojo les espionne puis court proclamer dans toute la ville qu'ils ont commis un adultère.

 

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- LE COFFRET BLU-RAY 

  • Titre original : Kawaita hana - Yari No Gonza
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : thriller, drame, historique
  • Année : 1964, 1986
  • Réalisation : Masahiro Shinoda
  • Casting : (1) Ryo Ikebe, Mariko Kaga, Takashi Fujiki, Chisako Hara, Eijirô Tono, Seiji Miyaguchi, Naoki Sugiura, Shin'ichirô Mikami, Isao Sasaki (2) Hiromi Gô, Shima Iwashita, Shohei Hino, Misako Tanaka, Haruko Katô, Hideji Ôtaki
  • Durée : 1 h 36 mn 07 - 2 h 06 mn 34
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 2,39/1 Noir et Blanc (Shochiku Grandscope) - 1,85/1 Couleur
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : DTS-HD MA 1.0 monophonique japonais
  • Bonus sur le Blu-ray de Fleur pâleEsthétique de la clandestinité, entretien avec Masahiro Shinoda (2006, 15 mn 48) - Fleur du mal par Stéphane du Mesnildot (2023, HD, 23 mn 38) - bande annonce originale (HD, 3 mn 25) - bande annonce 2023 (HD, 1 mn 49)
  • Bonus sur le Blu-ray de Gonza, le lancier: bande annonce originale (HD, 2 mn 31)
  • Éditeur : Carlotta Films

 

Commentaire artistique

Les deux films du coffret, Fleur pâle (1964) et Gonza, le lancier (1986) confirment que la fougue créative de Masahiro Shinoda, cinéaste nippon de la Nouvelle Vague japonaise (Silence, 1971), n’a rien perdu de son intensité et que d’un film à l’autre, avec des moyens croissants, il a su démontrer son attachement à la défense des marginaux.
Fleur pâle, adapté d’un roman de Shintarō Ishihara et superbement photographié en scope noir et blanc par Masao Kosugi, explore l’univers très codifié des yakusas et des maisons de jeu. On découvrira au côté de Muraki (Ryo Ikebe), fraichement libéré de prison, la force des parties clandestines et la passion des participants à manier de petites cartes en bois avec dessins de fleurs qu'ils jouent jusqu’à plus soif. C’est dans ces lieux que le malfrat rencontrera la belle Saeko (Mariko Kaga), sorte de BB locale et joueuse impénitente, avec qui il nouera une relation forte et pernicieuse : un film sous influence baudelairienne selon le réalisateur qui va expérimenter des choix visuels et des effets sonores singuliers... pas toujours au goût de son scénariste Masaru Baba lui reprochant de négliger son intrigue ! Fleur pâle a été réalisé à une époque où les studios donnent l’aval à de jeunes cinéastes pour renouveler le cinéma d’après-guerre en traitant plus directement des changements qui s’opèrent dans une société découvrant la démocratie (américaine) et ses travers. Le symbolisme de ces mutations vers un Japon plus modernisé est agréablement incarné par la jolie Saeko dont la liberté de ton dans un univers yakuza machiste plutôt rétrograde fait impression. Effectivement la mise en scène cherche à traduire les introspections des personnages plus qu’à raconter une romance tragique : si le film propose quelques séquences d’action (assassinat), les moments les plus fascinants demeurent les parties de cartes soigneusement chorégraphiées et documentées à l’extrême. Le personnage presque mutique de Muraki dans ce polar dépouillé est dans la veine des héros chers à Jean-Pierre Melville : taciturne et subversivement passif.
Gonza, le lancier, est un jidai-geki réalisé 22 ans après Fleur pâle et récompensé par l’Ours d’argent à Berlin. Il propose une plongée dans les codes du Japon de l’ère Edo en adaptant une pièce de marionnettes (devenue ensuite pièce de Kabuki) « Yari No Gonza Kasane Katabira» (1717) du grand dramaturge Chikamatsu Monzaemon inspirée de faits réels survenus à Osaka. Le réalisateur avait déjà adapté une autre pièce de l’auteur en 1969 pour son superbe film Double suicide à Amijima. C’est d’ailleurs avec les mêmes collaborateurs qu’il dirige Gonza, le lancier qui bénéficie donc des talents exceptionnels de Taeko Tomioka pour son scénario fascinant, de Shima Iwashita pour ses images sublimes et de Tōru Takemitsu pour sa musique typée. Tout le film tourne autour de la notion d’adultère et du code de l’honneur inextricable de la société qui ne peuvent déboucher que sur une issue fatale. La scène finale sur le pont sera une démonstration sanglante de cette inéluctabilité qui nous échappe en grande partie, tout autant que l’importance existentielle donnée, tout au long du récit, à l’exécution convenable de la cérémonie du thé : son enjeu est vital car aucune anicroche ne sera tolérée dans la cérémonie protocolaire. Gonza, le lancier est d’autant plus déroutant que la romance inexistante entre Gonza (Hiromi Gō) et Osai (Shima Iwashita) est à la source de cette histoire difficilement compréhensible : la seule motivation de Gonza n’est jamais sexuelle mais pratique pour obtenir des parchemins explicatifs sur la cérémonie du thé. Si la nature du récit reste difficilement accessible à un occidental, il suffira se laisser porter par la perfection plastique (postures, décors, costumes) de l’image et du son pour apprécier la sublime esthétique qui baigne ce film. Gonza, le lancier doit être compris comme une critique sans fard de la société japonaise dont le film pointe l’absurdité des codes et l’archaïsme de la tradition. La mise en scène millimétrée, plutôt contemplative, traduit sans temps mort la transposition de la pièce de théâtre agrémentée de quelques scènes en extérieurs (jardins, rues) et de mouvements de caméra. Magnifique.

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Commentaire technique 

Les deux films ont été restaurés en 2022 en 4K pour Shochiku Co., Ltd. par Shochiku MediaWorX Inc. avec remerciements particuliers à The Japan Foundation.

Fleur pâle

Image : copie HD, bonne définition et piqué homogène sur les détails, texture argentique discrète (tournage en 35 mm, Master Format 4K), copie bien nettoyée, excellent contraste avec des basses lumières détaillées, noirs soutenus, blancs nuancés, gris harmonieux

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Son : mixage japonais 1.0 monophonique, dialogues clairs, belle dynamique sur les ambiances urbaines et sur la musique typée de Yûji Takahashi et Tôru Takemitsu, pas de distorsion

Gonza, le lancier 

Image : copie HD, superbe définition et piqué excellent sur les détails (visage, costumes, architectures), texture argentique régulière (tournage en 35 mm, Master Format 4K), copie très propre, contraste homogène, images lumineuses et détaillées en basse lumière, noirs francs, étalonnage naturaliste chaud, colorimétrie chatoyante aux teintes nuancées réalistes 

Son : mixage japonais 1.0 monophonique, dialogues très clairs, peu de souffle, superbe dynamique sur les ambiances (palais, cérémonies) et sur la belle musique expressive de Tōru Takemitsu

 

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

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IMDb
Fleur pâle : https://www.imdb.com/title/tt0056327/
Gonza, le lancier : https://www.imdb.com/title/tt0091136/

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