Skip to main content
PUBLICITÉ

Main basse sur la ville : un film perspicace sur les arcanes de la corruption immobilière napolitaine (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Edoardo Nottola est entrepreneur et membre du Conseil Municipal de Naples. Il s'est enrichi grâce à la spéculation immobilière et à la construction d'édifices à bas coût. A l'approche des élections municipales, il cherche à élargir le nombre de ses soutiens afin d'avoir une plus grande marge de manœuvre. Mai un immeuble vétuste s'écroule et un scandale éclate devant le nombre de morts et de blessés, tous des pauvres gens.

>>> ACHETER SUR AMAZON
- LE COMBO BLU-RAY/DVD

LA SUITE APRÈS LA PUB
  • Titre original : Le Mani sulla città
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : drame
  • Année : 1963
  • Réalisation : Francesco Rosi
  • Casting : Rod Steiger, Salvo Randone, Guido Alberti, Marcello Cannavale, Dante Di Pinto, Alberto Conocchia, Carlo Fermariello, Terenzio Cordova
  • Durée : 1 h 41 mn 14
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 1,85/1 Noir et Blanc
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique italien, français
  • Bonus : MediaBook avec le Blu-ray du film (101 mn), le DVD du film (97 mn ) et un DVD de bonus - le livre « À propos de Main basse sur la ville » signé Jean Gili, historien du cinéma, Hacène Belmessous, écrivain et chercheur, Patricia Barsanti, présidente de la Société Cinématographique Lyre (80 pages) - La Contre-Enquête de Francesco Rosi, interview de Michel Ciment, auteur du livre « Le Dossier Rosi » (1976, réédité en 1987) (19 juin 2023, 29 mn 03) - conversation autour du film entre Paola Palma, Maîtresse de conférences en Études Cinématographiques, et Frédéric Mercier, journaliste cinéma (39 mn 46) - bande annonce (VO, 3 mn 30)
  • Éditeur : Rimini Éditions

 

 

Commentaire artistique

Main basse sur la ville est le sixième film que Francisco Rosi consacre à sa ville natale de Naples, en s’intéressant cette fois-ci à la corruption politique et immobilière qui affecte la municipalité napolitaine. Le scénario a été coécrit par le cinéaste avec un autre napolitain, Raffaele La Capria, auteur de « Blessé à mort » (1963) dans lequel il déplorait les désastres urbains dus à la spéculation. Tous deux vont chercher à faire prendre conscience aux spectateurs que les raisons en sont purement politico-économiques en les plongeant dans un fait divers de fiction traité avec le naturalisme de sa solide documentation. Récompensé, entre autre, par le Lion d'Or à la Mostra de Venise en 1963, ce film, qui fait suite à l’un des chefs-d’œuvre napolitains de Francesco Rosi, Salvatore Giulano (1962), prouve que son réalisateur était un brillant observateur de la condition dégradée des populations urbaines flouées par la collusion entre les spéculateurs et les responsables administratifs. D’ailleurs le cinéaste comptait d’abord faire un documentaire sur le sujet mais avait fini par se rabattre sur la fiction pour éviter la censure. Si le film possède un casting de professionnels très impliqués, comme Rod Steiger, qui incarne l’entrepreneur vénal Edoardo Nottola, Salvo Randone, qui joue le mielleux maire De Angelis et Guido Alberti qui interprète Maglione, un politique très porté sur la compromission, une bonne partie des protagonistes du film (conseillers, politiques, journalistes, syndicalistes, femmes en colère, etc.) sont des non professionnels qui jouent leurs propres rôles. Ainsi le virulent et lucide opposant De Vita est intensément interprété par Carlo Fermariello qui était un vrai conseiller municipal et syndicaliste de la CGT à Naples et qui s’est inspiré de la personnalité de Luigi Cosenza, un conseiller municipal communiste ingénieur et architecte. Ainsi, avec ce mélange des genres, Main basse sur la ville  préfigure l’essor du docu-fiction ! Entièrement tourné à Naples dans des décors souvent naturels (sauf les séances du conseil municipal) par Gianni Di Venanzo (directeur photo pour Federico Fellini), assisté de Pasqualino De Santis, Main basse sur la ville  applique la pensée de Francesco Rosi qui affirmait que ses films visaient à trouver la vérité en révélant les relations unissant la cause et les effets des événements racontés : ici l’effondrement spectaculaire et meurtrier (tournage avec 7 caméras d’un immeuble en cours de démolition remaquillé) d’un vieil immeuble laissé à la décrépitude dans une intention spéculative immorale. L’enquête proposée par le film est aussi passionnante que terriblement d’actualité et universel : déjà le cinéaste en 1983 dans son documentaire Naples revisitée avait constaté que la situation de la ville n’avait pas évolué, bien au contraire, mais les nombreux faits divers hexagonaux à propos d’immeubles vétustes et insalubres élargissent singulièrement le propos. Avec Main basse sur la ville , Francesco Rosi n’a pas son pareil pour captiver son public par une intrigue fortement inspirée du film noir et de lui ouvrir les yeux sur des turpitudes politico-économiques pas exactement manifestes (dans l’intrigue les habitants font surtout de la « figuration ») qu’il faut dénoncer. Si le film prouve sans ambages la corruption des politiques, il n’est jamais manichéen, ce qui fait sa justesse car Francesco Rosi ne juge pas ses personnages. Ainsi, malgré ses postures, Rod Steiger (un peu moins cabotin que de coutume) n’est pas juste le vilain de service car son personnage apparait comme un entrepreneur cynique mû par une vitalité fascinante, de même que De Vita reste un idéaliste malgré sa lucidité et l’échec des profonds changements tant attendus. Héritier du néoréalisme autant que du thriller américain, Main basse sur la ville  stupéfie toujours par sa virtuosité technique, sa direction d’acteur exceptionnelle et sa forte conviction qui emporte immédiatement l’adhésion sans que ce tableau sociopolitique fort pessimiste n’ait pris une ride. À voir ou à revoir sans hésiter dans cette belle édition assortie d’un copieux ouvrage très documenté sur le film et son contexte et d’un entretien très éclairant du regretté Michel Ciment (disparu en novembre 2023), fin connaisseur de Francesco Rosi. Seules manquent les interventions du cinéaste lui-même qui étaient disponible sur le DVD sorti en 2005. Passionnant et édifiant.

 

Blu ray Main basse sur la ville

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire technique

Le film a été restauré en 4K en 2020 par la Société Cinématographique Lyre, coproducteur d’origine du film, avec le soutien du CNC et de la Cinémathèque de Toulouse. S’appuyant sur l’ensemble des éléments négatifs disponibles en France et en Italie, tant pour l’image que pour les sons français et italien, les travaux ont été réalisées par les laboratoires Cinecittà Studios (Rome) et Hiventy (Boulogne-Billancourt)

Image : copie HD, excellente définition avec un beau piqué sur les détails, texture argentique fine et régulière (tournage en 35 mm avec caméras Arriflex II C, Master Format 4K version restaurée 2020), copie stable et très propre, très belle gestion du contraste, image lumineuse et détaillée dans les ombres, noirs soutenus, blancs nuancés, gris très bien étagés 

Son : mixage italien 2.0 monophonique, prise de son directe (seul Rod Steiger est postsynchronisé) claire et sans distorsion, pas de souffle ou de saturation, excellente dynamique sur les ambiances (parlement, effondrement, foule) et sur la musique jazzie suggestive de Piero Piccioni, restauration à l’identique du mixage d’origine ; VF 2.0 monophonique, claire, pas de distorsion, doublage ancien équilibré

 

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5) 

LA SUITE APRÈS LA PUB

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0057286/

>>> ACHETER SUR AMAZON
- LE COMBO BLU-RAY/DVD



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ