Perfect Days : la philosophie du quotidien d’un agent d’entretien de toilettes publiques (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Hirayama travaille à l'entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s'épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu'il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

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Titre original : Perfect Days
Support testé : Blu-ray (exclusivité Fnac)
Genre : comédie dramatique
Année : 2023
Réalisation : Wim Wenders
Casting : Kōji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano, Aoi Yamada, Yumi Aso, Sayuri Ishikawa, Tomokazu Miura, Min Tanaka
Durée : 2 h 04 mn 26
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,33/1
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 japonais, français
Bonus : Autour d'un thé avec Wim Wenders (73 mn 38) : D’où vient Hirayama ? (17 mn 28), Fiction ou documentaire ? (11 mn 04), Trop d’histoire, c’est un désastre (12 mn 52), Voir à travers les yeux du personnage (3 mn 57), Ozu est là (13 mn 32), J’aime faire des films quand je ne sais pas comment les faire (17 mn 45)
Éditeur : Blaq out

Commentaire artistique

Perfect Days, réalisé par Wim Wenders est à l’image de ses films précédents, inventif et fascinant. Cette coproduction germano-japonaise a valu à son interprète principal Kōji Yakusho, un Prix d’interprétation masculine bien mérité au Festival de Cannes. Ce n’est pas la seule récompense remportée pour cet immense acteur à la filmographie pléthorique et au palmarès éblouissant. L’idée de Perfect Days est née d’une invitation du cinéaste Wim Wenders à Tokyo par Koji Yanai, un cadre de la société Fast Retailing (Uniqlo), pour qu’il réalise un film documentaire sur les neuf toilettes publiques construites dans le quartier de Shibuya dans le cadre des J.O. de 2020. Mais finalement, en collaboration avec Takuma Takasaki, Wim Wenders a préféré en tirer un long métrage de fiction dépeignant le labeur quotidien d’Hirayama, un nettoyeur de WC qui travaille pour le compte de la municipalité. Grand admirateur de Yasujirō Ozu, rappelé jusque dans le nom du protagoniste, le cinéaste a choisi de faire un film extrêmement dépouillé avec une mise en scène minimaliste, tant à l’image assurée par Franz Lustig au format 4/3, que dans la narration qui enchaîne sans fioriture les travaux répétitifs du personnage. Écrit en trois semaines et tourné en 17 jours à Shibuya, Perfect Days est une sorte de road-movie urbain qui nous entraine dans les pas d’Hirayama à découvrir, au son de cassettes de musiques d’un autre temps, les toilettes ultramodernes dont le design tout en courbes est le résultat du talent, entre autre, de Sou Fujimoto et de son cabinet d’architectes. Ces toilettes sont dessinées pour s’intégrer dans leur contexte (parcs, immeubles, bureaux) comme celles des sanctuaires de Yoyogi Hachiman et Yamate Dori ou comme ces étonnantes toilettes avec murs s’opacifiant du parc Yoyogi, etc. Les familiers de Tokyo reconnaitront sans peine tous les lieux filmés qui confèrent au film un réel aspect documentaire. Pourtant Perfect Days est bien plus qu’un reportage en nous invitant à partager la vie journalière d’Hirayama partagée entre ses lectures nocturnes (William Faulkner, Patricia Highsmith, Aya Kōda ), ses écoutes de cassettes audio des années 60/80 (Lou Reed, Ottis Redding, Patti Smith, Nina Simone, etc.), ses rêveries sur la nature qu’il se plait à photographier avec son vieil appareil photo analogique et ses diners dans un petit restaurant familier. Cette routine va être perturbée par son jeune assistant Takashi (Tokio Emoto) et sa copine Aya (Aoi Yamada), puis par l’irruption de sa nièce Niko (Arisa Nakano) et enfin par la venue de la mère de celle-ci sa sœur Keiko (Yumi Asō). Ces quelques rencontres témoignent du fort humanisme d’Hirayama et de son empathie poétique dans une suite de tableaux contemplatifs sans grand enjeu dramatique. Le naturalisme de ce quotidien est sporadiquement bouleversé par des séquences oniriques en noir et blanc conçues par Donata Wenders et par la part intime non dévoilée de Hirayama qui se laisse deviner, celle d’un homme au passé dépressif sauvé par la vision d’un komorebi (lumière solaire filtrée par les feuillages). Malgré sa réalisation épurée, ce bel hommage à Yasujirō Ozu, et son héros songeur, Perfect Days se savoure sans aucune lassitude : son ton poétique et sa réflexion existentielle sur le temps qui s’écoule sont bien des thèmes connus qui préexistaient dans l’œuvre du cinéaste. Un beau portrait humain qui témoigne d’une culture japonaise qui considère les toilettes comme « de petits sanctuaires de paix et de dignité » selon Wim Wenders qui a cherché à traduire la spiritualité et de philosophie que révèle le travail d’Hirayama. Fascinant.

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition et superbe piqué sur les détails (mobilier urbain, végétation des parcs), pas de texture image (tournage numérique avec caméra Sony Venice 2, Master Format 4K), gestion naturaliste du contraste, images aux éclairages nuancés, noirs francs, étalonnage et colorimétrie réalistes aux teintes naturelles sans dominante

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Son : mixage japonais 5.1, dialogues clairs, excellente dynamique sur les ambiances et sur les musiques écoutées sur cassettes par le héros (Ottis Redding, Patti Smith, Lou Reed, Nina Simone, etc.), spatialisation naturelle aux effets surrounds immersifs mesurés (nettoyage, véhicules, bruits urbains et naturels), LFE très ponctuel ; VF 5.1, claire et dynamique, doublage soigné mais ne pouvant égaler les sonorités particulières du japonais