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La Zone d'intérêt 4K : une évocation hors champ saisissante de la Shoah (en UHD, Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5).

Synopsis :

Le commandant d'Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s'efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.

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  • Titre original : The Zone of Interest
  • Support testé : UHD
  • Genre : drame, historique
  • Année : 2023
  • Réalisation : Jonathan Glazer
  • Casting : Sandra Hüller, Christian Friedel, Freya Kreutzkam, Ralph Herforth, Max Beck, Ralf Zillmann, Imogen Kogge, Stephanie Petrowitz
  • Durée : 1 h 34 mn 55
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 1,78/1 (HDR10)
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 allemand, français
  • Bonus : édition Digipack limitée avec l’UHD du film et le Blu-ray du film - Making of (32 mn 05) - secrets de tournage (7 mn 30) - entretien avec Antoine Desrues, critique de cinéma (31 mn 38)
  • Éditeur : Blaq out

  

Commentaire artistique

Récompensé par divers prix, dont le Grand Prix au Festival de Cannes, trois BAFTA et deux Oscars (meilleur film international et meilleur son), La Zone d’intérêt est le quatrième long métrage du cinéaste britannique Jonathan Glazer qui a assuré l’écriture du scénario et la réalisation en 2023, dix ans après son remarquable film de science-fiction fantastique Under the Skin (2013). Le film adapte très vaguement le roman « The Zone of Interest » publié en 2014 par le romancier britannique Martin Amis : le titre fait référence au terme (interessengebiet) utilisé par les nazis pour définir une zone de 40 kilomètres carrés entourant le camp d’Auschwitz (nom allemand donné à la ville polonaise d’Oświęcim). Alors que le roman donne la parole, entre autre, à trois protagonistes : un officier SS, amoureux de l’épouse du commandant du camp, le commandant et un sonderkommando, le film décide plutôt de décrire, avec le réalisme d’un documentaire, la vie idyllique surréaliste de Rudolf Höss, chef du camp, en compagnie de sa femme Hedwig et de ses cinq enfants, dans une belle maison d’Auschwitz, séparée de l’horreur voisine par un simple mur de clôture. Avec ce choix narratif très particulier, le scénariste a cherché à cerner « la capacité de violence » inhérente à la nature humaine et la difficulté de la distanciation lorsque des individus ordinaires se révèlent des monstres inhumains dans le contexte de la Shoah. Plutôt que de réaliser sur ce sujet douloureux une reconstitution historique, comme cela a souvent été fait, Jonathan Glazer a décidé de privilégier une approche contemporaine, même s’il s’est d’abord largement documenté au Musée national d’Auschwitz-Birkenau. Les nombreuses archives consultées ont permis au chef décorateur Chris Oddy de construire une maison des Höss aussi fidèle que possible mais entièrement aménagée pour abriter les caméras dissimulées dans les murs et dans le jardin ainsi que leurs câblages. Refusant tout design à l’ancienne, La Zone d’intérêt a été tourné en numérique (caméras 6K Sony Venice), seule technique capable de produire des images irréprochables non vintage (définition et contraste). Les scènes de vision nocturne en noir et blanc, qui constituent des pauses oniriques, illustrent un acte de résistance recueilli par le cinéaste : une petite fille polonaise déposait la nuit des pommes pour les prisonniers et a découvert une partition de musique. Comme la règle de tournage interdisait tout éclairage d’appoint, le directeur photo a utilisé des caméras thermiques FLIR modifiées. Pour le cinéaste, l’usage de ces dispositifs était claire : créer une sort d’arène modélisant son idée de « Big Brother chez les nazis ».

La Zone d’intérêt se confronte à la question essentielle de la représentation de l’Holocauste analysée dans son livre « Refus de témoigner » par Ruth Klüger en 1997 qui mettait en garde contre le sentimentalisme kitsch du témoignage. Le film de Jonathan Glazer a su éviter l’écueil de l’inmontrable en parvenant à faire ressentir l’horreur de le « solution finale » sans jamais la dévoiler, mais en multipliant les indices de son existence (mixage sonore, bâtiments, cheminées, etc.) pour conserver intacte sa dimension dérangeante. Car derrière la description du quotidien de la famille Höss, froidement incarnée (au prix d’une réflexion de fond) par Sandra Hüller (Hedwig) et Christian Fridel (Rudolf), la monstruosité du couple réside dans la banalité de leur nature humaine ordinaire capable d’émotion, sur eux-mêmes, quand ils sont préoccupés (mutation de Rudolf Höss pouvant provoquer la perte de l’Eden). Pour maintenir le malaise du spectateur et lui éviter de s’habituer au train-train de la vie des Höss, La Zone d’intérêt est ponctué d’éléments d’inconfort : écrans de couleur (noir, blanc, rouge), musique angoissante composée par Micachu, arrière-plans sonores, insert du ménage dans le musée et dans une chambre à gaz. Avec La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer a bien saisi l’enjeu crucial et très discuté de la représentation de la Shoah au cinéma. S’il a, fort intelligemment, choisi de ne rien montrer, son film procède par sous-entendus suggérant que les pratiques des Höss pour préserver la pureté de la race aryenne trouvent leur correspondance, à une autre échelle, de l’autre côté du mur. En explorant l’aveuglement et l’hypocrisie glaçante d’un bourreau nazi, père de famille attentionné, et de sa femme, aryenne féconde et disciplinée, La Zone d’intérêt  souscrit pleinement au devoir de mémoire.

 

UHD La Zone d interet 

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Commentaire technique 

À propos de l’image : le film a été tourné dans une maison d’Auschwitz, proche de l’originale et fidèlement réaménagée comme la vraie, avec un dispositif spécifique de dix caméras simultanées sans opérateur. Chaque caméra était cachée de manière à ce que les acteurs puissent interpréter la vie réelle de la famille Höss sans aucune interférence, le tout étant piloté hors du plateau. Le directeur de la photographie Łukasz Żal indique que le travail sur l’image était de « capturer le plus fidèlement possible un morceau de vérité entre les gens » d’où cette batterie de caméras capable de saisir la prestation des non professionnels (enfants, figurants) incapable de jouer identiquement deux fois de suite. 

Image : copie UHD, 4K natif, superbe définition et piqué chirurgical sur toute la profondeur de champ résultant de l’usage d’objectifs Leitz à focales courtes 21, 24, 28 mm (tournage numérique avec caméras SonyAlta Venice et SonyAlta Venice Rialto, Master Format 4K), contraste naturaliste neutre bien géré en HDR10 évitant toute surcharge esthétique, image un peu plus dense sue sur celle du Blu-ray, éclairages souvent tranchés en lumière solaire du jour, réalistes nuancés en éclairages artificiels (ampoule d’époque), noirs francs, étalonnage neutre, colorimétrie réaliste aux teintes naturelles équilibrées en HDR10, sans dominante ou saturation flatteuse

À propos de la piste sonore : l’UHD et le Blu-ray sortis en Allemagne sont dotés d’une piste Dolby Atmos alors que l’UHD français n’est proposé qu’en DTS-HD MA 5.1. A-t-on perdu au change ? Oui et non, car les intentions du réalisateur Jonathan Glazer et du concepteur sonore Johnnie Burn (Oscar) sont claires. Dans une interview à Polygon, Johnnie Burn a indiqué que le mixage est composé de deux ambiances distinctes et non liées : la première, qui concerne la famille Höss, contient les dialogues, la partition et les effets sonores de chaque scène. La deuxième, en arrière-plan, qui englobe les sons d'Auschwitz (sirènes hurlantes, coups de feu, mugissement des cheminées, cris des prisonniers) a été conçue pour ne jamais interférer avec les émotions des personnages de la famille Höss, même si certains sons ont été retenus pour leur ambiguïté (cf. cris : est-ce les enfants qui jouent ou des atrocités commises de l’autre côté du mur du camp ?). Conscient que ce mixage était plus perceptible dans une salle de cinéma que dans un environnement domestique, Johnnie Burn a décidé, à partir d’un mixage Dolby Atmos multidirectionnel au positionnement très précis, de retirer une partie de la bande passante pour rétrécir l’espace et supprimer tout effet sensationnel. La majeure partie du son, avec les dialogues, a été concentrée sur les voies avant et réduite sur les voies surrounds, latérales et arrières, même si le mixage domestique est un plus appuyé en arrière-plan. 

Son : mixage allemand 5.1, les dialogues et bruitages concernant la famille Höss sont très clairs et centrés, belle dynamique sur les effets sonores du quotidien dans la maison et dans le jardin et sur la musique étrange de Micachu (Mica Levi), spatialisation impressionnante par ses effets sonores élaborés reconstituant sur les surrounds les bruits atroces situés au-delà du mur de clôture jamais franchi par l’image, LFE continu, efficace et angoissant ; VF 5.1, claire et respectant le mixage original réparti sur deux zones, doublage soigné et bien intégré 

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue(5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

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IMDb : https://www.imdb.com/title/tt7160372/

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