Barton Fink : un petit bijou des frères Joel et Ethan Cohen (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5) 

Synopsis 

New York, 1941. Auteur engagé ayant rencontré le succès à Broadway, Barton Fink attire désormais l'attention d'Hollywood. Sollicité pour écrire un scénario sur le catch, il quitte la grisaille new-yorkaise pour les fastes du cinéma. L.A. s'entiche de Barton Fink qui découvre l'angoisse de la page blanche. Avec l'aide de son assistante Audrey et de son aimable voisin Charlie Meadows, il trouve l'inspiration qu'il recherche dans un registre des plus sinistres…

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• Titre original : Barton Fink
• Support testé : Blu-ray
• Genre : comédie dramatique
• Année : 1991
• Réalisation : Joel et Ethan Cohen
• Casting : John Turturro, John Goodman, Judy Davis, Michael Lerner, Jon Polito, Steve Buscemi, Tony Shalhoub, Richard Portnow
• Durée : 1 h 56 mn 54
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 anglais, français
• Bonus : Mediabook avec le Blu-ray du film et un livret (32 pages) dédié à la mémoire de Michel Ciment avec des textes de Thomas Bourguignon : « L’illusionniste et le visionnaire », Alain Masson : Le cauchemar du scénariste » et les entretiens de 1991 avec les frères Cohen et John Turturro - Le film le plus énigmatique des frères Coen par N.T. Binh, Positif (2024, 28 mn 33) - entretien avec Michael Lerner (2017, 18 mn 52) - entretien avec John Turturro (2017, 14 mn 28) - entretien avec Carter Burwell (2017, 20 mn 01) - scènes coupées (12 mn 46) - bande annonce (2 mn 25)
• Éditeur : L’Atelier d’Images 

Commentaire artistique  

Barton Fink est un film majeur des frères Joel et Ethan Cohen : en 1991, au Festival de Cannes, il remporte en même temps (exceptionnel) la Palme d'or, le Prix de la mise en scène pour Joel Cohen et le Prix d'interprétation masculine pour John Turturro. L’Académie des Oscars en revanche ne lui décerne aucun prix. C’est pendant l’élaboration du scénario complexe de leur futur film Miller’s Crossing, que les scénaristes désireux de prendre du recul sur leur travail d’écriture quitte la Californie pour New York où ils vont rédiger en trois semaines, avec une aisance inespérée, le scénario de Barton Fink. Le rôle-titre est donné à John Turturro, acteur retenu pour Miller’s Crossing, et l’intrigue se déroulera, pour l’essentiel, dans le cadre d’un hôtel décrépi. Le rôle de Charlie Meadows, client de la chambre contigu de Barton, ira à John Goodman, et le casting va compter plusieurs autres rôles singuliers comme ceux du mogul Jack Lipnick joué par Michael Lerner, du producteur Ben Geisler par Tony Shalhoub, du romancier William Mayhew et de sa secrétaire Audrey par John Mahoney et Judy Davis. Dans des petits rôles Steve Buscemi et Meagen Fay incarnent brièvement Chet et Poppy. Filmé en Californie en juin 1990 par Roger Deakins, le nouveau directeur photo inventif et brillant des frères Cohen, l’essentiel de Barton Fink  est réalisé dans le décor art déco de l’hôtel Earle construit en studio (un hangar à avion de Long Beach) par Dennis Gassner. Échec au box-office à sa sortie, Barton Fink est pourtant encensé par la critique qui loue le talent des frères Cohen à évoquer, sur un ton plaisant et satirique, le syndrome de la page blanche de l’écrivain et scénariste hollywoodien. La thématique complexe de Barton Fink englobe de nombreuses allusions tournant, de près ou de loin, autour de la production cinématographique : l’analyse révèle qu’Hollywood, mais aussi le fascisme, la servitude, la religion, le quidam ordinaire sont évoqués dans le film. L’époustouflante composition de tout le casting lui assure la parfaite création de son univers peu commun, mélange de genre allant du burlesque au surréalisme. Si l’intrigue, comme souvent dans le cinéma des frères Cohen, est inexplicable et irrationnelle, voire hermétique pour certains (cf. livret bonus), le plaisir de son interprétation est total. À l’analyse (cf. bonus), Barton Fink est un concentré de remarquables orientations artistiques : rôle majeur du décor chargé d’exprimer la personnalité des personnages, peinture comme élément central énigmatique, confusion des genres résistant à toute classification, symbolisme sexuel, allusions codées à des œuvres et à des auteurs célèbres. C’est en effet le cas pour les divers personnages : ainsi Barton Fink est inspiré du dramaturge Cifford Odets, membre dans les années 30 du Group Theatre de New York et adepte de la Méthode avec des divergences majeures. William Faulkner a servi de modèle à l’écrivain William Mayhew et les personnalités des grands producteurs hollywoodiens des années 40 ont été fusionnées pour créer Jack Lipnick. Les frères Cohen ont indiqué s’être inspirés des films de Roman Polanski, Stanley Kubrick et Preston Sturges. Bref tout Barton Fink baigne dans le creuset hollywoodien retravaillé à la mode Cohen : une approche constamment jubilatoire qui ne s’émousse pas après de nombreuses visions, mais s’enrichit bien au contraire, la marque d’un film d’exception. À revoir sans hésiter grâce à ce Blu-ray bien documenté.   

Commentaire technique 

Image : copie HD, excellente définition et superbe piqué sur les gros plans, texture argentique régulière et naturelle (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), format image retenu : 1,85/1, copie propre, superbe contraste qui restitue bien les éclairages tranchés, du détail dans les ombres, noirs profonds, étalonnage chaud, colorimétrie vive plutôt magenta aux teintes saturées

Son : mixage 2.0 anglais (Dolby Stereo au cinéma), dialogues centrés, bonne dynamique sur la musique énergique de Carter Burwell et sur les chansons, très peu d’effets stéréo pour ce film de dialogues, hormis les rares scènes d’action et quelques sons précis (sonnette, moustiques) ; VF 2.0, dynamique, dialogues peu dynamiques, bon doublage mais qui ne peut remplacer le timbre et le phrasé des voix originales

Notre avis

Image : (4/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0101410/ 

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