Mère Jeanne des Anges : l’affaire des possédées de Loudun sublimée par un des maitres du cinéma polonais (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (4,5/5)
Synopsis
Pologne, XVIIème siècle. Le père Suryn est envoyé comme exorciste dans un cloître dont les sœurs seraient possédées par divers démons. Plusieurs exorcistes s'y sont succédé sans résultats. Garniec, le curé et confesseur de la communauté, accusé de sorcellerie, est mort sur le bûcher peu de temps auparavant. À son arrivée, Mère Jeanne, la supérieure du couvent, provoque le religieux.
>>> ACHETER SUR AMAZON
- LE COMBO BLU-RAY/DVD
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
- Titre original : Matka Joanna od Aniolów
- Support testé : Blu-ray
- Genre : drame
- Année : 1961
- Réalisation : Jerzy Kawalerowicz
- Casting : Lucyna Winnicka, Mieczyslaw Voit, Anna Ciepielewska, Maria Chwalibóg, Kazimierz Fabisiak, Stanislaw Jasiukiewicz, Zygmunt Zintel, Jerzy Kaczmarek
- Durée : 1 h 49 mn 39
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
- Sous-titrage : français
- Piste sonore : Dolby Digital MA 2.0 monophonique polonais
- Bonus : combo avec le Blu-ray du film (110 mn) et le DVD du film (102 mn) - livret « Des possédées de Loudun à Mère Jeanne des Anges » (16 pages) - L'Impétuosité du désir par Mathieu Lericq (41 mn 02) - Une grille de lecture théologique par Noémie Monico, théologienne (41 mn 29) - bande annonce (1 mn 28)
- Éditeur : Tamasa Diffusion
Commentaire artistique
Présenté en version intégrale restaurée en 4K, Mère Jeanne des Anges a été réalisé en 1961 par le cinéaste polonais Jerzy Kawalerowicz, futur auteur d’un des meilleurs péplums jamais tournés sur l’Égypte ancienne Pharaon (1966). Le scénario qu’il coécrit avec Tadeusz Konwicki et Jarosław Iwaszkiewicz s’inspire d’une affaire de sorcellerie du 17eme siècle : « l’affaire des possédées de Loudun » survenue en septembre 1632 dans le couvent des Ursulines de la ville. La mère supérieure Jeanne des Anges (Jeanne de Belcier) et d’autres sœurs, victimes de possession, sombrent dans la folie. Cette affaire permettra au cardinal de Richelieu d’éliminer le prêtre catholique de Loudun Urbain Grandier renommé Garniec dans le film qui transpose l’action en Pologne (Ludynia). Le sujet sera plus tard traité en 1971 selon une vision très différente par Ken Russell dans son film Les Diables. Dans le film Mère Jeanne des Anges, l’affaire est limitée à la venue d’un exorciste, le père Joseph Surin, joué par Mieczyslaw Voit, qui est chargé de sauver la Mère Jeanne des Anges, incarnée par l’excellente Lucyna Winnicka, capable de passer subrepticement en un instant de la religieuse réservée à la possédée au regard torve. Toute l’action est circonscrite en trois lieux : le couvent et son église, l’auberge et le paysage désertique qui les sépare. Mère Jeanne des Anges est filmée en noir et blanc avec l’esthétique sublime conférée par la photographie fascinante de Jerzy Wójcik qui a su combiner savamment la force d’éclairages francs et le jeu saisissant des lignes architecturales. Certains ont même considéré que ce film était dans le droit fil artistique des œuvres « austères » de Robert Bresson, Michelangelo Antonioni et Carl Th. Dreyer. Indéniablement, cette magnifique qualité formelle apporte au drame un surcroît d’intensité qui est, par ailleurs, largement amplifiée par la force de la musique des chants grégoriens. Mère Jeanne des Anges bénéficie, en outre, de la mise en scène exceptionnelle d’un maitre du cinéma, qui recevra le Prix du jury du Festival de Cannes en 1961 et d’une interprétation admirable. Les thèmes de la croyance, de la superstition et l’exorcisme, voire du libre arbitre, sont indissolublement liés au cœur d’un récit qui se prive volontairement de repères historiques identifiables : ce n’est pas tant la trivialité des faits qui passionne Jerzy Kawalerowicz que la réaction et la posture des individus face à la question existentielle de la foi. Avec ce film, le cinéaste souhaitait « ouvrir un débat entre la position matérialiste et la position idéaliste et réagir contre les mensonges, les conformismes et les dogmatismes de toutes sortes » : délaissant la reconstitution historique, Mère Jeanne des Anges a donc été délibérément conçu comme symbolique en jouant sur les éclairages, les lieux, les costumes et les caractères. Si le personnage de la mère supérieure est intense, celui du père Suryn, le plus présent à l’écran, est doté d’une psychologie complexe et torturée, déstabilisé par la difficulté de sa mission d’exorciste et par un manque de confiance en soi qu’il tente de combattre par la mortification. Les échanges entre les deux personnalités expriment subtilement les rapports passionnels ambigus qui vont se développer entre eux avec, in fine, toute la question fondamentale du sauvetage de leurs âmes. Pour son auteur, le message implacable de Mère Jeanne des Anges consacre la « faillite de la position idéaliste ». Un film sur la spiritualité, intemporel à l’esthétique graphique sublimée. Envoûtant.
Commentaire technique
Image : copie HD, excellente définition et superbe piqué sur les détails, texture argentique fine (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré en 4K en 2011), copie très bien nettoyée, excellente gestion du contraste aux éclairages très tranchés, blancs nuancés, noirs profonds, gris bien étagés
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Son : mixage polonais 2.0 monophonique, dialogues clairs, belle dynamique sur les ambiances (couvent, église, auberge) et sur la musique d’Adam Walaciński, pas de distorsion, ni de souffle appuyé
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0055153/
>>> ACHETER CHEZ L’EDITEUR
- LE COMBO BLU-RAY/DVD
>>> ACHETER SUR AMAZON
- LE COMBO BLU-RAY/DVD
LA SUITE APRÈS LA PUB
|