Jeux interdits : visions enfantines touchantes en temps de guerre (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Dans la tourmente de l'exode, Paulette, 5 ans, voit ses parents et son chiot mourir sous ses yeux. La petite orpheline est recueillie par les Dollé, des paysans modestes et généreux. Avec Michel, le fils cadet de la famille, Paulette va s'inventer un monde fait de jeux tantôt puérils, tantôt macabres…
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- Titre original : Jeux interdits
- Support testé : Blu-ray
- Genre : comédie dramatique
- Année : 1952
- Réalisation : René Clément
- Casting : Brigitte Fossey, Georges Poujouly, Amédée, Laurence Badie, Jacques Marin, Suzanne Courtal, Madeleine Barbulée, Lucien Hubert
- Durée : 1 h 26 mn 41
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
- Sous-titrage : français
- Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
- Bonus : combo avec le Blu-ray du film (86 mn) et le DVD du film (83 mn) - René Clément, l'impossible deuil de l'enfance, documentaire inédit de Dominique Maillet (2024, 59 mn 26) - Amours enfantines sous l’occupation de Dominique Maillet avec Brigitte Fossey (2012, 30 mn 42) - début alternatif du film (3 mn 41)
- Éditeur : Studiocanal
Commentaire artistique
Présentée dans une superbe édition restaurée, mais avec un bémol car le choix de UHD 4K n’a pas été retenu, le classique Jeux interdits de René Clément mérite largement d’être revu dans d’aussi bonne conditions techniques ! Lion d’or à Venise, Grand Prix Indépendant au Festival de Cannes et Oscar d’honneur, ce film sur l’enfance en temps de guerre a été adapté par Pierre Bost et Jean Aurenche du court roman « Les jeux inconnus » publié en 1947 par François Boyer. Initialement René Clément devait diriger un moyen métrage dans un film à sketches concernant les enfants de la guerre mais, suite à l’arrêt du projet et conseillé par son ami Jacques Tati, il passe au long métrage en ajoutant de nouvelles séquences. Dans l’intervalle qui sépare les deux tournages, les enfants acteurs, Brigitte Fossey, 5 ans, qui joue Paulette et Georges Poujouly, 11 ans, qui est Michel, se transforment : la fillette perd ses dents de lait et le garçon a eu les cheveux rasés pour sa participation au film d’André Cayatte Nous sommes tous des assassins ! Mécontent, René Clément devra compter sur une prothèse dentaire et sur une perruque pour tourner ses plans supplémentaires. Outre l’intensité dramatique d’une histoire à hauteur d’enfants, vision jusque-là quasi inédite dans le cinéma français, Jeux interdits s’est fait connaitre par sa bande originale composée des célèbres arrangements par le guitariste espagnol prodige Narciso Yepes. Filmé dans les Alpes-de-Haute-Provence par Robert Juillard qui sait magnifier la beauté naturelle des lieux, le film doit énormément au jeu spontané de ses jeunes acteurs, particulièrement la petite Brigitte Fossey (dont on aperçoit les vrais parents Marcelle et Roger en début de métrage). Le casting adulte n’est pas en reste dans la qualité de l’interprétation, tout spécialement Lucien Hubert qui joue le père de Michel et Jacques Marin qui incarne son frère. Laurence Badie, dont c’était le premier rôle, interprète Berthe, la grande sœur amoureuse de Francis Gouard joué par Amédée, le fils des voisins honnis. Parmi les actrices, on remarquera la prestation irréprochable de Suzanne Courtal (mère de Michel) et de Madeleine Barbulée (sœur de la Croix-Rouge). Si la réalisation de René Clément est très classique, limite académique (comme le dénonceront les critiques des Cahiers du Cinéma), elle apparait comme idéalement au service de son sujet : la place des enfants dans la guerre et leur vision singulière du conflit des adultes sans jamais verser dans la pathos gratuit. On retrouve même, dans la séquence de l’exode, toute la maitrise du film d’action que le cinéaste avait déployé dans La Bataille du rail (1946) et qu’il réitéra dans son épique Paris brûle-t-il ? (1966). Jeux interdits est un miracle d’équilibre, sans temps mort ou redondance inutile, alignant les séquences teintées de poésie et de tendresse mais aussi de morbidité (symbolique du cimetière d’animaux sous surveillance d’un hibou) car le thème central du film est bien celui de la mort (des parents de Paulette, de son chien, du fils Dollé, etc.). Si le traumatisme de la guerre est toujours bien présent chez les adultes, Jeux interdits en se plaçant au niveau du regard et de la compréhension enfantine renouvelle totalement son évocation par sa distanciation juvénile. Un film touchant dont l’émotion palpable est toujours intacte.
Commentaire technique
Nouvelle version restaurée 4K à partir du négatif orignal 35 mm et du négatif son. L’image a été scannée en 4K par TransPerfect Media qui a réalisé l’étalonnage et l’ensemble des travaux numériques destinés à effacer les imperfections présentes sur les éléments originaux. Ce projet a été supervisé par l’équipe de Studiosanal, Sophie Boyer et Jean-Pierre Boiget.
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Image : copie HD, superbe définition et piqué sans faille sur les détails, texture argentique fine et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K restauré), copie stable et très bien nettoyée, excellent contraste restituant les éclairages tranchés de Robert Julliard, noirs profonds, blancs nuancés, harmonieuse gamme de gris
Son : mixage 2.0 monophonique français, dialogues clairs, pas de distorsion ni de souffle appuyé, excellente dynamique sur les effets sonores (attaque du convoi, bruits de la ferme) et sur la célèbre BO arrangée par Narciso Yepes à partir de diverses musiques
Notre avis
Image : (5/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0043686/
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