1984 40ème anniversaire 4K : une version austère de la dystopie orwellienne (en UHD et Blu-ray)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Manipulant et contrôlant les moindres détails de la vie de ses sujets, Big Brother est le chef spirituel d'Oceania, l'un des trois États dont la capitale est Londres. Le bureaucrate Winston Smith travaille dans l'un des départements. Mais un jour il tombe amoureux de Julia, ce qui est un crime. Tous les deux vont tenter de s'échapper, mais dans ce monde cauchemardesque divisé en trois, tout être qui se révolte est brisé.
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- Titre original : Nineteen Eighty-Four
- Support testé : UHD
- Genre : anticipation, science-fiction, dystopie
- Année : 1984
- Réalisation : Michael Radford
- Casting : John Hurt, Richard Burton, Suzanna Hamilton, Cyril Cusack, Gregor Fisher, James Walker, Andrew Wilde, David Trevena
- Durée : 1 h 50 mn 35
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,85/1 (HDR10, Dolby Vision)
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 stéréo anglais (avec choix de musiques : Eurythmics ou Dominic Muldowney) - DTS-HD MA monophonique français (Eurythmics)
- Bonus : combo avec l’UHD du film et le Blu-ray du film - livret « George Orwell et 1984 » avec six articles archives du hors-série Le Point - Grandes biographies - George Orwell de nov-déc. 2022 (40 pages)
- Bonus vidéo sur l’UHD : bande annonce (2 mn 22)
- Bonus sur le Blu-ray : Michael Radford raconte 1984, interview inédite enregistrée à Londres en décembre 2022 (35 mn 06) - Retour en 1984 d'Alexandre Jousse avec Caroline Vié, envoyée spéciale sur le tournage, et Laurent Aknin, auteur de « Ésotérisme et cinéma » (24 mn 01) - Réflexions à propos de 1984, interview de François Brune, auteur de « Sous le soleil de Big Brother (Précis sur 1984 à l'usage des années 2000) » (37 mn 39) - bande annonce (2 mn 22)
- Éditeur : Rimini Éditions
Commentaire artistique
Pour son quarantième anniversaire, 1984, second long métrage de fiction de Michael Radford, est proposée dans une version 4K nouvellement restaurée accompagnée de suppléments et d’un livret. C’est la seule version du roman de George Orwell tournée en 1984, mais elle avait été précédée par deux téléfilms de Rudolph Cartier (1954 avec Peter Cushing) et Christopher Morahan (1965 avec David Buck) et par le long métrage de Michael Anderson (1956 avec Edmond O’Brien). En 2023, la cinéaste finlandaise Diana Ringo a dirigé une version très personnelle tournée à Moscou célébrant l’anniversaire les 120 ans de la naissance du romancier. De nombreuses adaptations théâtrales et en bandes dessinées confirment l’impact culturel majeur de ce roman d’anticipation et de son auteur dont l’œuvre et la pensée sont excellemment analysées dans le livret complémentaire et dans un des suppléments (cf. François Brune). Écrit en 1949, l'ouvrage décrit une Grande-Bretagne post-apocalyptique qui est devenue en 1984 la province de l’état totalitaire Oceania dirigé par Big Brother. Largement inspiré du nazisme et du stalinisme, cette dystopie propose une critique de l’absolutisme avec sa fâcheuse atteinte aux libertés (double pensée, crime de pensée, rhétorique idéologique du 2+2=5) et ses corolaires terrifiants : le culte de la personnalité, la surveillance de masse, le révisionnisme, la manipulation, le lavage de cerveau, etc. C’est donc en 1984, l’année exacte du récit (comme rappelé au générique) que le britannique Michael Radford (cf. interview de 2022 riche en anecdotes donnée en bonus) va écrire et diriger 1984 grâce au producteur Marvin J. Rosenblum qui avait obtenu les droits auprès de Sonia Orwell. La veuve du romancier accepta, peu de temps avant sa mort en 1980, de laisser produire un film avec pour seule condition de ne recourir à aucun effet spécial futuriste de science-fiction. Et effectivement 1984, conçu dans la perspective des gens de 1949 imaginant le futur de 1984, est filmé sans trucage (hormis les télé-écrans) en studio et dans des décors londoniens comme la centrale électrique désaffectée de Battersea, les ruines de l’Alexandra Palace, Victory Square, etc. L’adaptation, plutôt fidèle au roman conserve la plupart de ses éléments majeurs : Big Brother, AngSoc, novlangue, police de la pensée, Goldstein, rats et s’inspire des pratiques soviétiques dont les nombreuses allusions ponctuent le film (Staline Trotski, NKVD). L’évocation d’Oceania doit beaucoup de son atmosphère à la photographie désaturée (Bleach Bypass) de l’excellent Roger Deakins, aux décors évocateurs d’Allan Cameron et aux costumes typés d’Emma Porteous. L'intensité de l'intrigue repose en grande partie sur l’interprétation de Winston Smith par John Hurt, même si on peut convenir que son hiératisme permanant gomme toute dimension passionnelle. Richard Burton, qui incarne O’Brien, n’était plus l’ombre que de lui-même (il meurt en août 84, un mois après la fin du tournage) : sa fatigue non simulée se révèlera un atout dans la caractérisation inquiétante de son personnage. Suzanna Hamilton, 24 ans, campe trop physiquement mais sans grande émotion Julia, la jeune femme amoureuse de Winston. Pariant sur la sobriété de sa mise en scène et sur l’austérité de son évocation, 1984 est un film fascinant, mais le dépouillement de sa réalisation et la distanciation froide de son interprétation interdisent au final toute identification et donc toute émotion, un écueil qu’a su éviter Brazil (1985) de Terry Gillian sur un thème voisin et tourné dans des décors semblables. La copie 4K, fort bien restaurée, invite à voir ou revoir cette version millésimée présentée dans une édition aux suppléments intéressants. Il manque juste un bonus sur les conditions et les choix techniques de cette restauration.
Commentaire technique
Pour ce nouveau Master du 40ème anniversaire, l’image a été restaurée par le laboratoire TCS à partir d’un master 4K de la MGM qui était en SDR, selon la volonté de Roger Deakins, et monophonique. La HDR/Dolby Vision et la stéréophonie sont des ajouts de la remastérisation française
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Image : copie UHD, superbe définition et piqué souvent remarquable sur les gros plans (visage osseux de John Hurt) et sur les détails (architectures), texture organique au grain argentique conservé (tournage en 35 mm, Master Format 4K nouveau), image stable et propre, gestion HRD10 des contrastes restituant les nuances des éclairages tranchés souhaités par Roger Deakins, basses lumières détaillées, noirs solides, étalonnage froid sauf pour les rêves champêtres plus chaud (vert vif), colorimétrie réduite aux teintes volontairement désaturées sur les copies (pas sur le négatif original) selon le traitement sans blanchiment Bleach Bypass, tons nuancés grisâtres, compression très fluide
Son : mixage anglais 2.0 stéréophonique (originale monophonique) proposé avec 2 bandes sonores, soit la musique d’Eurythmics, soit la musique de Dominic Muldowney qui est le choix du Director’s Cut, dialogues clairs sans souffle ni distorsion, belle dynamique sur les effets sonores (bureau des archives, ambiance urbaine ou forestière) et sur les deux bandes sonores, spatialisation très contenue aux effets latéraux remixés peu perceptibles et de toute façon ponctuels (hélicoptères, archives) mais un peu plus sensible sur la musique ; VF 2.0 monophonique, claire, équilibrée et sans relief, doublage d’époque soigné (John Hurt est doublé par Bernard Tiphaine et Richard Burton par André Falcon) mais mixé en avant et donc moins convaincant
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixages sonores : VO (4/5) VF (3/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/fr/title/tt0087803/
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