Trois films hollywoodiens de Fritz Lang : l’art de la mise en scène (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : Les Bourreaux meurent aussi 



(4/5) Casier judiciaire et La Femme au portrait 



(3,5/5)
Synopsis
Casier judiciaire : travaillant dans le même magasin, Joe et Helen, deux condamnés liberés sur parole, sont épris l'un de l'autre. Des deux amants, seul Joe a avoué son passé. Lorsqu'il découvre la vérité sur Helen, trahi et déçu, il se lance par désespoir dans la préparation d'un mauvais coup.
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Les Bourreaux meurent aussi : mai 1942. Dans Prague occupé par la Wehrmacht, le docteur Svoboda tue Reinhard Heydrich, alias le Bourreau, un nazi fanatique. Traqué par la Gestapo, il bénéficie aussitôt de l'aide de Mascha Novotny qui, orientant ses poursuivants dans une mauvaise direction, l'accueille dans sa famille. Un geste lourd de conséquences car, peu après, la police du Reich arrête son père et plusieurs de ses étudiants, désormais otages de l'occupant avec des centaines d'autres innocents. Tous seront fusillés si la population ne livre pas Svoboda…
La Femme au portrait : enseignant la psychologie à l'université, le professeur Richard Wanley rencontre Alice, une femme mystérieuse. Celle-ci est en effet le modèle d'un tableau en vitrine dont Wanley est tombé amoureux. Après une soirée arrosée, Richard et Alice vont prendre un dernier verre chez elle lorsque le compagnon d'Alice les surprend. En état de légitime défense, Richard poignarde l'homme. Le couple décide alors de faire disparaître le cadavre…
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- Titre français : Casier judiciaire - Les Bourreaux meurent aussi - La Femme au portrait
- Titre original : You and Me - Hangmen Also Die ! - The Woman in the Window -
- Support testé : Blu-ray
- Genre : thriller, policier, drame, guerre
- Année : 1938, 1943, 1944
- Réalisation : Fritz Lang
- Casting : (1) Sylvia Sidney, George Raft, Barton MacLane, Harry Carey, Roscoe Karns, Warren Hymer, George E. Stone, Robert Cummings (2) Brian Donlevy, Anna Lee, Walter Brennan, Hans Heinrich von Twardowski, Nana Bryant, Margaret Wycherly, Gene Lockhart, Dennis O'Keefe (3) Edward G. Robinson, Joan Bennett, Raymond Massey, Edmund Breon, Dan Duryea, Thomas E. Jackson, Dorothy Peterson, Arthur Loft
- Durée : 1 h 34 mn 07 - 1 h 59 mn 46 (version courte) et 2 h 15 mn 17 (version longue) - 1 h 39 mn 32
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français (sauf film 1)
- Bonus du combo Casier judiciaire: Digipack limitée avec le Blu-ray du film (94 mn ) et le DVD du film (90 mn) - interview de Nicolas Tellop, essayiste et critique (38 mn 21)
- Bonus du combo Les Bourreaux meurent aussi : Digipack limitée avec le Blu-ray du film en version longue (135 mn), Blu-ray du film en version courte (120 mn) et le DVD du film en version courte (115 mn) - Blu-ray de la version courte : interview de Nicolas Tellop, essayiste et critique (2024, 34 mn 37 ) - film annonce (3 mn 03) - Blu-ray de la version longue : introduction au film (2008, 3 mn 16) - La collaboration Brecht/Lang par Bernard Eisenschitz, historien du cinéma (2008, 28 mn 30)
- Bonus du combo La Femme au portrait: Digipack limitée avec le Blu-ray du film (100 mn) et le DVD du film (96 mn) - interview de Nicolas Tellop, essayiste et critique (54 mn 37)
- Éditeur : Rimini Éditions
Commentaire artistique
Casier judiciaire (1938), Les Bourreaux meurent aussi (1943) et La Femme au portrait (1944) ont été réalisés par Fritz Lang lorsqu’il démarre sa carrière à Hollywood en 1934 après avoir fui l’Allemagne nazie. Dans son pays natal, il avait été un maitre de l’expressionniste (Les Trois lumières, 1921) et l’auteur de chefs d’œuvres tels que Metropolis (1927) et M le maudit (1931). Ses premiers films sur le sol américain ne sont pas de la même trempe mais attestent cependant, sur un mode mineur, du formidable talent de mise en scène du cinéaste.
Casier judiciaire est un film noir, basé sur un roman de Norman Krasna, défendant l’adage que le crime ne paie pas et sur le thème de la réinsertion des condamnés. C’est le dernier film d’une trilogie sociale qui a pour vedette Sylvia Sidney et qui paraît incongru dans la carrière de Fritz Lang avec son ambiance de comédie romantique inattendue peu familière du cinéaste. Le couple réunissant Syvia Sidney (Helen) et George Raft (Joe) fonctionne plutôt bien selon un scénario qui joue sur une intrigue à quiproquo et qui maintient en partie le mystère de ses personnages. Une série de chansons composées par Kurt Weill et écrites par Sam Coslow ajoutent une touche de romanesque à l’intrigue. Le drame perdra beaucoup de son intensité quand le récit se résoudra par une étonnante démonstration finale (avec explications au tableau noir) et un aphorisme sur la criminalité bien plus avérée des politiciens ! Malgré son excellente interprétation et le brio de sa mise en scène, Casier judiciaire ne mobilisera pas les foules : Fritz Lang le définira comme son premier véritable échec.
En pleine guerre mondiale, Fritz Lang va diriger un petit bijou de film de propagande s’inscrivant dans une suite de films d’espionnage antinazis, Les Bourreaux meurent aussi. Le film réunit trois allemands expatriés aux USA : le cinéaste, le dramaturge Berthold Brecht qui va, avec John Wexley, coécrire le scénario (son seul travail hollywoodien) mais n’admettra pas les exigences propres au cinéma en matière de dramaturgie plutôt que de crédibilité (cf. bonus) et le compositeur Hanns Eisler. C’est un film de fiction qui imagine une intrigue tendue se déroulant dans la ville de Prague et les représailles qui menacent la population après l’assassinat en 1942 de Reinhard Heydrich, « protecteur » (Reichsprotektor) et chef nazi de la Tchécoslovaquie : un fait historique authentique traité plusieurs fois au cinéma et qui était survenu quelques mois avant le tournage ! L’intrigue raconte la traque par la Gestapo du supposé assassin, le Dr Franticek Svoboda alias Karel Vanek incarné par Brian Donlevy, qui trouve refuge au domicile du professeur Stephen Novotny (Walter Brennan) et de sa fille Masha (Anna Lee). Il est question de Résistance de jeunes étudiants et d’un traitre Emil Czaka (Gene Lockhart) symbolisant les collabos. Par-delà son aspect de thriller, fort bien photographié par James Wong Howe, Les Bourreaux meurent aussi est un hymne à toute forme de lutte contre l’oppression. Mais avec son tournage en studio et ses invraisemblances narratives, le film souffre d’un manque de réalisme manifeste. Jugé trop long à sa sortie en France en 1947, Les Bourreaux meurent aussi est drastiquement amputé, sans l’aval de Fritz Lang, de près de 16 minutes qui recentre l’histoire sur la traque de Franticek Svoboda et gomme tout l’aspect résistance populaire et l’affaire des otages : on pourra comparer grâce aux deux versions disponibles dans le coffret. La version longue est cependant la seule à considérer car elle témoigne des intentions profondes de Bartold Brecht et du perfectionnisme cher à Fritz Lang plus enclin à soigner sa mise en scène millimétrée qu’à obtenir un réalisme absolu et à noircir au maximum ses vilains protagonistes nazis : Reinhard Heydrich (H. H von Twardowski), le chef de la Gestapo Kurt Haas (Tonio Selwart), les inspecteurs Alois Gruber (Alexander Granach) et Ritter (Reinhold Schünzel) sans compter l’ignoble collabo Emil Czaka. Un brin mélodramatique, Les Bourreaux meurent aussi a gagné en intérêt cinématographique ce qu’il a perdu comme film de propagande et conserve intact son message antifasciste.
Après ses films de propagande et d’espionnage, Fritz Lang change de genre avec La Femme au portrait (1944), un film noir à forte connotation psychanalytique. Le scénario de Nunnally Johnson adapte librement, avec une fin différente, le roman policier « Once Off Guard » (« La femme au portrait », 1942) de J. H. Wallis. L’intrigue raconte comment un professeur de littérature, Richard Wanley (Edward J. Robinson), rencontre la jolie Alice Reed (Joan Bennett), modèle d’un tableau, et se retrouve impliqué dans le meurtre de Claude Mazard (Arthur Loft) et victime d’un maitre-chanteur Heidi (Dan Duryea). Basé sur l’illusion et l’onirisme, La Femme au portrait est un film noir construit sur un argument dramatique terriblement factice mais efficace. Tourné en studio, ce film à suspense atteste du talent de son réalisateur à maintenir avec brio la tension par l’habileté de sa mise en scène, ponctuée d’indices symboliques sur la culpabilité sexuelle inavouée du professeur, et par le talent de ses interprètes (que Fritz Lang reprendra en 1945 dans La Rue rouge). La révélation finale en forme de « happy end », splendidement évoquée par l’ingéniosité de la réalisation, n’enlève rien à l’intérêt de ce film mineur qui atteste de la grande maitrise cinématographique jamais galvaudée de son réalisateur.
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Commentaire technique
Casier judiciaire
Remastérisation et restauration 2K en 2023. Travaux supplémentaires effectués par Laurent Derynck au sein du laboratoire TCS en novembre 2024
Image : copie HD, belle définition variable et piqué inégal selon les plans, texture argentique discrète (tournage en 35 mm, master format 2K restauré en 2023), copie propre hormis quelques légers défauts et stable, très bon contraste au blancs lumineux et noirs profonds, gris bien étagés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, dynamique correcte mais léger souffle constant et quelques craquements, spectre limité dans les aigus
Les Bourreaux meurent aussi
Restauré en 2012 par le département de restauration des studios Pinewood au Royaume-Uni en utilisant les meilleurs éléments de films d'archives qui ont survécu, y compris le nitrate d'origine de 1943.
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Image : copie HD, belle définition avec un piqué souvent excellent sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), image propre, défauts minimes, contraste tranché bien géré avec des images claires et des noirs soutenus, blancs nuancés, gris harmonieusement gradués
Son : mixage anglo-allemand 2.0 monophonique, voix claires et sans distorsion, souffle léger mais continu et légers défauts, bonne dynamique sur les effets sonores et la musique de Hanns Eisler ; VF 2.0, claire, dynamique, saturée, doublage d’époque complètement détaché des ambiances et totalement artificiel
La Femme au portrait
Remastérisation en 2018. Puis remastérisation et restauration du film en 4K. Travaux effectués par Laurent Derynck au sein du laboratoire TCS en novembre 2024
Image : copie HD, bonne définition et piqué sur les détails variable selon les plans, texture argentique très discrète (tournage en 35 mm, Master Format 4K), image propre et stable, bon contraste respectant les éclairages tranchés, noirs soutenus, blancs nuancés, échelle des gris harmonieuse
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, bonne dynamique sur les ambiances et sur la musique suggestive, spectre un peu limité dans les aigus, pas de distorsion, léger souffle ; VF 2.0 monophonique, claire, doublage d’époque daté, très artificiel et décollé des ambiances
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : (3,5/5) VF de 2
(3/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb
Casier judiciaire : https://www.imdb.com/fr/title/tt0030996/
Les Bourreaux meurent aussi : https://www.imdb.com/fr/title/tt0035966/
La Femme au portrait : https://www.imdb.com/fr/title/tt0037469/
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