Le Rôdeur : un constat social glaçant réalisé en plein maccarthysme (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

En l'absence de son mari qui travaille de nuit pour la radio, Susan appelle la police pour signaler la présence d'un rôdeur qui espionne sa belle hacienda californienne. L'officier Webb Gardood ne trouve pas de trace du voyeur, mais décide de garder un oeil sur la jeune femme. Son attitude est-elle vraiment dictée par sa conscience professionnelle ou cache-t-elle des motifs moins avouables ?

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Titre original : The Prowler
Support testé : Blu-ray
Genre : policier, drame
Année : 1951
Réalisation : Joseh Losey
Casting : Van Heflin, Evelyn Keyes, John Maxwell, Katharine Warren, Emerson Treacy, Madge Blake, Wheaton Chambers, Robert Osterloh, Sherry Hall, Louise Lorimer
Durée : 1 h 32 mn 32
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
Sous-titrage : français (blanc, jaune), anglais
Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
Bonus : combo avec le Blu-ray du film (92 mn 32) et le DVD du film (88 mn 45), jaquette réversible - le film par Stephen Sarrazin (2025, 20 mn 27) - bande annonce (1 mn 42) - 7 bandes annonces de la collection
Éditeur : Elephant Films

Commentaire artistique

Le Rôdeur a été réalisé par Joseph Losey en 1951 : ce troisième long métrage précède M le remake du célèbre M le maudit de Fritz Lang. Le cinéaste, connu pour son engagement politique de gauche (il voyage à Moscou en 1935), a débuté sa carrière par des mises en scènes de théâtre en collaboration avec Berthold Brecht. Dans son premier film, Le Garçon aux cheveux verts (1947), il prône la tolérance politique et sociale. Le Rôdeur est apparemment moins engagé : c’est un thriller noir produit en indépendant par Sam Spiegel et dont le scénario est écrit par Dalton Trumbo alors blacklisté, d’où le crédit au générique au nom de son ami Hugo Butler. Joseph Losey lui a cependant confié le rôle non crédité de la « voix radiophonique » de John Gilvray que sa femme écoute à la maison. Ironie du sort, Hugo Butler, John Hubley le décorateur (non crédité) et Joseph Losey seront mis sur la liste noire après la sortie du film ! Convoqué en 1952 devant la HUAC (un comité d’enquête parlementaire sur les activités antiaméricaines), Joseph Losey va s’exiler à Londres définitivement. L’intrigue narre la machination diabolique d’un policier aigri et amoral Webb Garwood (Van Heflin) pour récupérer une assurance-vie en séduisant une jolie femme mariée, Susan Gilvray (Evelyn Keyes) : ce récit à suspens se conclura dans la photogénique ville fantôme de Calico (désert de Mojave en Californie). Remarquable dans son rôle de femme abusée, Evelyn Keyes a été engagée par le producteur sur conseil de son associé John Huston dont c’était l’ex-épouse. Les plus curieux noteront que l’assistant-réalisateur est Robert Aldrich, futur grand cinéaste du film noir En quatrième vitesse (1955) et du fameux film de guerre Les Douze salopards (1967). Si son intrigue est tout juste vraisemblable, Le Rôdeur a pu compter sur une réalisation rigoureuse et efficace et une excellente interprétation. Les préoccupations sociales et l’accent mis sur la notion de classe donnent une coloration de gauche à ce film maniant les codes du film noir (protagonistes tourmentés, sexualité) : certains critiques ont même parlé de « film gris » ! L’adultère impuni et la grossesse hors mariage ont dérangé le public d’alors, ce qui ne surprend pas : Le Rôdeur brosse un tableau bien sombre d’une société dont les richesses ne sont pas partagées par tous, ce qui suscite la convoitise de ce policier sans scrupule. Captivant.

Commentaire technique

Restauré par la Film Noir Foundation et les Archives du film et de la télévision de l'UCLA.

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Image : copie HD, définition correcte mais et piqué variable selon les plan, texture argentique au grain fluctuant (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), copie propre avec points blancs sporadiques, contraste assez régulier, ombres détaillées, noirs soutenus, échelle des gris régulière

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, voix claires et sans distorsion, pas de souffle intempestif mais une légre friture très sporadique, dynamique correcte sur les ambiances (véhicules, radio, sirènes) et sur la musique élégante de Lyn Murray