L’Échange : un drame historique authentique magistralement réalisé (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

1928, Los Angeles. Mère célibataire et standardiste en chef du centre des télécommunications de la ville, Christine Collins part travailler en laissant son fils Walter seul à son domicile. À son retour, il a disparu. Malgré son insistance, la police n’accepte de lancer les recherches que vingt-quatre heures plus tard. Elles aboutiront au terme de plusieurs mois. Les autorités lui ramènent son fils, mais la mère ne le reconnaît pas et le fait savoir. Sa santé mentale mise en cause par les forces de police, elle est internée, début d’une descente aux enfers, puis d’une revanche…

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Titre original : Changeling
Support testé : Blu-ray
Genre : drame, historique
Année : 2008
Réalisation : Clint Eastwood
Casting : Angelina Jolie, John Malkovich, Michael Kelly, Colm Feore, Amy Ryan, Riki Lindhome, Jeffrey Donovan, Jason Butler Harner, Geoff Pierson, Denis O'Hare, Devon Conti
Durée : 2 h 21 mn 46
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 2,39/1 Noir et Blanc et Couleur
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DolbyTrueHD 5.1 anglais, français
Bonus en HD : Clint Easwood et Angelina Jolie, une grande complicité, Making of (2009, Partners in Crime : Clint Eastwood and Angelina Jolie, 13 mn 26) - Angelina Jolie incarne Christine Collins (2009, The Common Thread: Angelina Jolie Becomes Christine Collins, 4 mn 58)
Éditeur : BQHL Éditions

Commentaire artistique

Réalisé en 2008 par Clint Eastwood, qui a aussi composé la musique (un peu répétitive), L’Échange est comme l’indique un carton d’ouverture un film sur une « histoire vraie ». Ce récit est d’autant plus incroyable que le scénariste Joseph Michael Straczynski a eu vent de ce drame parce qu’il a eu fortuitement en sa possession des dossiers de la municipalité de Los Angeles à propos de la sordide affaire dite des « meurtres du poulailler » et de la disparition du jeune Walter Collins qui révéla l’incurie et la corruption de la LAPD (police de Los Angeles). Selon le scénariste, qui s’est plongé dans les milliers de documents, presque tout ce qui est reconstitué à l’écran est vrai, à quelques modification près (absence de la mère du meurtrier, transfert des faits de Riverside à Los Angeles) et malgré quelques anachronismes près (électrochocs, sonnerie de téléphone, retransmission de la cérémonie des Oscars à la radio). Hormis ces petits entorses à la vérité, L’Échange évoque fidèlement le drame intense, au cœur de l’intrigue, vécu par Christine Collins (Angelina Jolie), victime du machisme et de la prévarication des policiers, et le récit secondaire des horreurs perpétrées sur des enfants par le serial-killer Gordon Northcott (Jason Butler Harner) qui sera démasqué par le policier Lester Ybarra (Michael Kelly). Les autres personnages importants du film sont le lieutenant J.J. Jones (Jeffrey Donovan), à la mauvaise foi évidente, et le révérend Gutav Briegleb (John Malkovich), qui soutiendra Christine Collins dans son parcours douloureux. L’histoire, qui se situe dans les années 1928-1935, a bénéficié de l’atout d’une reconstitution hyperréaliste (décors, costumes accessoires) basée sur un tournage dans des faubourgs de Los Angeles d’aspect authentique (cf. bonus) et qui a profité de la bonne volonté de collectionneurs d’automobiles retro. Il faut aussi saluer le travail formidable et documenté de la créatrice des costumes Deborah Hopper et la superbe photographie assurée par Tom Stern qui a su évoquer visuellement l’émotion constante qui accompagne cette intrigue poignante. Pour accompagner la réalisation plutôt expressionniste de Clint Eastwood, L’Échange a pu compter sur des effets spéciaux numériques réussis (scènes urbaines, panoramas, foule). Drame humain et maternel saisissant, L’Échange n’aura récolté aucun prix, ni à Cannes, ni aux Oscars, ce qui est assez injuste lorsqu’on considère la profondeur du sujet, l’intelligence de la mise en scène et la qualité de l’interprétation. C’est pourtant un film loin d’être anodin qui explore de nombreux thèmes majeurs des années 20 qui ont une forte résonance actuelle : la maltraitance des enfants, la place de la femme dans la société, l’invisibilité paternelle, l’abus de l’autorité publique, la corruption/collusion du politique et du policier, etc. Porté par Angelina Jolie, tout à fait crédible dans son rôle qui l’éloigne de son image de star glamour, et en raison de l’efficacité du scénario à exprimer la complexité des faits réels, jusqu’à reproduire des dialogues transcrits au tribunal, et de la superbe direction classique de Clint Eastwood, qui sait toujours impressionner et émouvoir les spectateurs, L’Échange est un grand film qui conserve toute sa dimension dramatique. À voir ou à revoir sans hésitation.

Commentaire technique

Image remastérisée en 4K. Les travaux numériques ont été réalisés par Laurent Derynck au sein du laboratoire TCS en février 2025

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Image : copie HD, excellente définition avec un très beau piqué sur les visages, texture argentique fine (tournage en 35 mm avec caméras Panavision Panaflex Lightweight, Panavision Panaflex Millennium XL2 et Panavision Panaflex Platinum, Master Format 4K restauré en 2025), copie propre, très bon contraste parfois un peu poussé, éclairages tranchés, noirs profonds, étalonnage chaud à légère dominante magenta, colorimétrie naturaliste aux teintes nuancées, tons saturés sans excès

Son : mixage anglais 5.1, dialogues clairs au centre, très bonne dynamique sur tous les sons urbains (véhicules, tram, foule) et sur la belle musique composée par Clint Eastwood, spatialisation spectaculaire aux effets surrounds immersifs très efficaces (actions policières, asile, tribunal, arrivée du train, etc.), LFE puissant ; VF 5.1, claire et dynamique, belle spatialisation, doublage bien intégré avec la voix coutumière de Françoise Cadol pour Angelina Jolie