Le Successeur : un thriller implacable sur l’«héritage paternel» (en DVD et VOD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père.
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- LE DVD
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- Titre original : Le Successeur
- Support testé : DVD
- Genre : thriller
- Année : 2023
- Réalisation : Xavier Legrand
- Casting : Marc-André Grondin, Yves Jacques, Laetitia Isambert-Denis, Anne-Élisabeth Bossé, Blandine Bury, Marie-France Lambert, Louis Champagne, Mireille Naggar
- Durée : 1 h 47 mn 37
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 2,39/1
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 français/français québécois
- Bonus : Making of (48 mn 47)
- Éditeur : Blaq out
Commentaire artistique
Le Successeur, thriller réalisé en 2023 par Xavier Legrand, est librement inspiré du roman « L’Ascendant » (2015) d’Alexandre Postel. Le cinéaste et coscénariste a d’abord débuté comme acteur au théâtre et au cinéma avant de se faire remarquer avec son premier long métrage multi-récompensé Jusqu’à la garde (2018) qui remporta, entre autre, le Lion d’argent à Venise, le Prix Louis Delluc et cinq Césars. Dans ce second film, Le Successeur, le réalisateur prolonge le thème du patriarcat et de la violence faite aux femmes mais en l’abordant, cette fois-ci, à sa source, c’est-à-dire en le traitant sous l’angle masculin qui est à l’origine de la cruauté. Le Successeur propose une réflexion sans fard sur la racine du mal et sur sa transmission, socialement quasi sacralisée, entre un père et son fils : elle est envisagée comme une tragédie antique inéluctablement régie par le destin. Xavier Legrand assume l’inspiration des grandes figures masculines tragiques comme Œdipe, Oreste, Icare, etc. dont le sort est scellé par l’héritage paternel. Néanmoins Le Successeur n’est pas un film cérébral mais a été conçu comme un thriller semi-horrifique destiné à mieux impliquer le public en entretenant le trouble par le refus de tout code propre à un genre spécifique. Ce qui n’interdit pas au cinéaste de multiplier les allusions diverses, et autres symboles comme le défilé dédalique d’ouverture renvoyant autant à Alfred Hitchcock qu’à Stanley Kubrick : la dimension dramatique hyperbolique du film est contenue en prémisse dans cette scène saisissante qui annonce le parti pris du film de genre saturé de symbolique. Ainsi Ellias Barnès (Marc-André Grondin), le héros de l’intrigue, possède d’emblée l'envergure d'une figure sociale charismatique en tant que créateur adulé de Haute Couture qui s’est épanoui loin de son paternel. Mais Le Successeur va imposer machiavéliquement un ultime retour du fils quand le père décède brutalement au Canada (Québec) : c’est là qu’Ellias va découvrir la terrifiante face cachée de son géniteur et dévoiler son caractère de anti-héros masculin, sujet aux pleurs et à l’incontinence. Efficacement filmé par Nathalie Durand, porté par la musique saisissante de SebastiAn, intensément interprété par son acteur principal, Le Successeur s'ouvre par un démarrage prometteur jusqu’à la scène traumatique et anxiogène qui est censée changer définitivement l’existence d’Ellias. Volontairement illogique, ce retournement de situation déstabilisant est totalement assumé par le réalisateur qui veut « bousculer » le spectateur. Mais son intention manifeste de suspendre l’empathie avec le héros dessert la suite du film par son caractère hautement artificiel. Ce changement narratif fulgurant est, en effet, si difficilement crédible qu’il s’impose comme une figure de style qu’il faudra accepter sous peine de ne pas apprécier la dimension dramatique du reste de l’intrigue. Ce serait dommage car la confusion d’Ellias va de pair avec la dimension tragique de sa découverte en résonnance avec une galerie de personnages attachants comme Dominique Duchesne (Yves Jaques, excellent) et Minna (Anne-Élisabeth Bossé). La caractérisation soutenue de ces protagonistes et l’intensité de la narration ouvrent des perspectives insoupçonnées d’horreur vertigineuse sur la perversité masculine et le poids du remord. Malgré sa pirouette scénaristique improbable et contreproductive, Le Successeur, thriller inégal sur la chute inexorable d’un fils, ne manque pas de scènes saisissantes.
Commentaire technique
Image : copie SD, assez bonne définition et piqué honorable malgré un support basse définition DVD (tournage numérique avec caméra Sony Venice 1), contraste homogène avec images lumineuses et détaillées, noirs soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie naturaliste aux teintes nuancées
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Son : mixage 5.1 en français québécois, dialogues clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances (défilé de mode, véhicules) et sur la musique énergique suggestive de SebastiAn, spatialisation naturaliste aux effets surrounds efficaces, LFE ponctuellement appuyé
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt26597953/
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