CD : Veronika Kuzmina - Un Conte russe
avec Roxane Lebrun
Durée : 1h 9’ 30’’
EPO 60421 (Harmonia Mundi)
Notation : 
(4/5)
La pianiste Veronika Kuzmina et sa lectrice Roxane Lebrun nous avaient déjà enchantée en nous offrant trois contes d’Andersen sur lesquels, en accompagnement ou lors de petites pauses, la pianiste-compositrice avait posé, comme des moyens supplémentaires de compréhension, des jalons musicaux qui augmentaient, disions-nous, la connaissance intime du texte (voir article). Elles nous reviennent avec un conte russe qu’en France, on connaît peu, mais dont tout slavisant est pénétré jusqu’à l’os, car ses personnages, comme ceux d’Andersen, de Grimm ou de Perrault, sont très hauts en couleurs et ne ressemblent pas à ces héros fadasses que les auteurs actuels, sous couvert de « politiquement correct », se croient obligés d’écrire aujourd’hui.
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Or les contes pour enfants ne sont pas faits pour remplacer un bonbon, mais pour exorciser les peurs et les terreurs de l’enfant. Entrez donc dans le monde des contes russes : vous y ferez la connaissance d’Ivan le Nigaud, avec lequel l’enfant se sent tout de suite en empathie, ce qui est nettement mieux que Goldorak. Vous verrez Ivan tomber amoureux de la merveilleuse Reine des Cygnes, aux tresses blondes comme l’or et dotée d’ailes d’ange. Vous y rencontrerez, vous aussi, le vodianoï, sorte d’elfe des rivières, d’ondin des lacs, ou bien le bogatyr, chevalier errant en mal d’aventures. Vous croiserez l’abominable Baba Yaga, la sorcière anthropophage qui vit dans sa cabane mobile à pattes de poulet. Comme Ivan, vous vous débarrasserez du monstrueux, mais stupide, dragon à trois têtes Zmeï Gorynytch, vous écouterez les conseils du sage Nikolaï pour enfin lutter contre Koshei l’Immortel (ou Kachtcheï, comme l’appelait Vladimir Vissotsky dans une des ses chansons), le monstre de l’Egoïsme. Ce qui vous accordera la main de le belle Reine des Cygnes comme en bénéficia Ivan le Nigaud. Après une lecture du conte, par Roxane Lebrun, vous écouterez les cinq pièces de piano qu’a composées Veronika Kuzmina pour illustrer les différentes phases du conte. De beaux airs de piano, très schumanniens, qu’elle joue avec beaucoup de talent. Et pourquoi la musique pour enfants devrait-elle être laide et vulgaire ? Les enfants peuvent écouter de la belle musique et se passer de Chantal Goya, non ?
Pour les russisants, Veronika Kuzmina lit ensuite la version russe, un peu vite, à mon avis, tout en s’accompagnant au piano. Ce beau CD mériterait d’être diffusé aussi à l’étranger.