Test Focal Utopia : un casque Hi-Fi qui établit de nouvelles références pour l'électrodynamique
La marque française Focal s'est lancée sur le marché des casques audio il y a seulement 5 ans. Après des débuts prudents, déjà couronnés de très beaux succès, elle a décidé d'embrayer cette année la vitesse maximale. Elle vient de sortir une gamme de trois casques totalement nouveaux dont l'Utopia, un produit très ambitieux, ultra haut de gamme et innovant, qui entend redéfinir la norme en matière de casque électrodynamique.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
---------
TEST PUBLIÉ DANS NOTRE NUMÉRO SPÉCIAL : CASQUES ET ÉCOUTEURS 2017.
RETROUVEZ TOUS NOS TESTS DANS NOS GUIDES EN LIGNE.
---------
Sans dévoiler la conclusion de ce banc d'essai, nous pouvons d'ores et déjà dire que le parcours de notre champion national de l'acoustique dans le domaine du casque audio est édifiant, particulièrement intelligent et raisonné. Souvenez-vous, en 2012, Focal dévoilait son premier casque Spirit One, presque timidement, qui fut immédiatement un énorme succès. Puis vinrent rapidement ses dérivés, Spirit Classic et Spirit One S, ou encore les écouteurs Focal Sphear. À chaque fois, les équipes d'ingénieurs du constructeur stéphanois gagnaient en connaissance et savoir-faire, cultivant le projet secret de pouvoir un jour concevoir et fabriquer de A à Z, en France, un transducteur électrodynamique pour casque 100 % propriétaire. Et en 2016, ce jour est arrivé. Juste avant l'été, Focal a annoncé le lancement de trois nouveaux casques : le modèle nomade Listen (200 €), évolution du Spirit One, et surtout les modèles Hi-Fi haut de gamme Elear (1000 €) et Utopia basés sur une structure et des transducteurs totalement inédits.
Une redéfinition totale de tous les éléments
C'est en partant d'une feuille blanche, et bien sûr de l'expertise acquise ces cinq dernières années, que Focal a conçu ses modèles Elear et Utopia. Chacun de leurs éléments est exclusif à la marque. Le choix de l'architecture des oreillettes s'est immédiatement porté vers une structure ouverte, garantissant l'absence de coloration et résonance qu'aurait engendrée une charge close ou semi-ouverte. Partant de là, les matériaux de synthèse, les pièces métalliques, les textiles de protection des oreillettes ont été minutieusement sélectionnés et soigneusement dessinés pour atteindre la meilleure transparence acoustique et faire le moins possible obstacle à la propagation du son.
Mais Focal s'est également penché sur l'étude de la seconde charge, celle dont on oublie souvent de parler, constituée par le volume entre l'avant du transducteur et l'oreille de l'utilisateur. Elle est définie par l'épaisseur du coussinet de chaque oreillette et sa bordure interne. C'est justement sur ce point que Focal a travaillé, afin d'optimiser la part de sons réfléchis et la part de sons absorbés, la bordure interne des coussinets des casques Elear et Utopia est ainsi divisée un deux sections égales. Celle du bas est revêtue d'un tissu micro-perforé absorbant tandis que la partie haute adopte une peau en cuir d'agneau véritable, plus réfléchissante, percée d'une multitude de petits trous lui permettant de respirer.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Un arceau ultra high-tech à branches en fibre de carbone
Les casques Focal Elear et Utopia adoptent tous deux la même forme, mais quelques éléments externes les différencient. Outre le dessin de la structure des oreillettes, beaucoup plus travaillé sur l'Utopia, les branches support des oreillettes (Yoke) de son arceau sont en fibre de carbone tressé au lieu de l'aluminium utilisé sur le modèle Elear. Ce matériau apporte une très grande rigidité pour un poids plume tout en offrant plus de souplesse et un meilleur coefficient d'absorption de certaines vibrations parasites.
Le reste de l'arceau est couvert d'un large bandeau rembourré, habillé de cuir et à ce niveau encore, on note quelques différences entre les Focal Utopia et Elear. L'Utopia adopte un cuir d'agneau plus haut de gamme et totalement en accord avec le reste de sa fabrication mêlant ingénierie de précision et artisanat de luxe.
Un transducteur électrodynamique d'anthologie
Si Focal est aujourd'hui le plus grand fabricant d'enceintes acoustiques français et fait partie des leaders sur le plan international, ce n'est pas un hasard. Au cours de ses presque quatre décennies d'existence, la société stéphanoise a su développer un important département de recherche & développement ainsi que des unités de production françaises employant plusieurs centaines de personnes. Il est dans ses gênes de développer et fabriquer par elle-même presque tous les haut-parleurs qui entrent dans la fabrication de ses enceintes à partir de technologies exclusives et propriétaires. Dans le domaine du casque audio, il ne pouvait donc à terme en être autrement.
Pour l'Elear et l'Utopia, Focal a conçu un nouveau haut-parleur de 40 mm extrêmement innovant et différent de tout ce que nous avons vu auparavant sur d'autres casques. Ce transducteur large-bande est doté d'une bobine mobile très longue afin d'autoriser d'importants débattements et relativement large toute en restant très légère puisque constitué exclusivement d'enroulement de fils de cuivre sans aucun support ! Comparativement à une bobine classique de 15 mm de large pour 1,5 mm de hauteur, celle de Focal, de 25 mm de large sur 5 mm de haut, serait plus légère.
Afin de réduire encore le poids total de l'équipage mobile et atteindre la meilleure précision sonore, Focal a également opté pour une suspension périphérique, composée d'un matériau dit NBR (Nitrile Butyl Rubber), trois fois plus fine en moyenne que ses équivalents en mylar, tissu ou silicone. Cette suspension est associée à un diaphragme de profil de type "M" exclusif à la marque, en alliage d'aluminium et magnésium sur l'Elear (pour 150 mg de masse totale) et un béryllium, un matériau ultra haut de gamme que Focal est un des rares à maîtriser, sur l'Utopia (pour 135 g de masse totale).
Enfin le circuit magnétique, élément le plus visible du transducteur, puisque peint en rouge est également fort impressionnant. Il est fait d'une série d'aimants néodyme alignés de façon à former un double anneau avec un entrefer très allongé pour permettre des débattements très importants de l'équipage mobile.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Des prouesses sonores qui demandent un tout petit peu d'effort
Sur le terrain, le Focal Utopia n'est pas spécialement lourd pour un casque de son rang (492 g très exactement sur notre balance, hors câble) certainement grâce à la partie de son arceau en fibre de carbone. Il est aussi d'un confort très étudié. Néanmoins, il pèse déjà son poids et cela peut se ressentir lors de longues périodes d'écoutes. D'autant que le câble amovible de 4 m, à conducteurs en cuivre OFC blindés, est un peu encombrant. Il vaut donc mieux être confortablement installé dans un fauteuil, au calme, pour profiter pleinement de ce casque. De toute manière, il n'est pas fait pour bouger et la structure ouverte de ses oreillettes ne filtre quasiment aucun bruit extérieur.
On remarque aussi à l'usage que les transducteurs de l'Utopia sont assez directifs. Toujours dans le but d'en tirer le maximum, il est important de bien ajuster la hauteur des oreillettes et le positionnement de l'arceau sur le haut du crâne. Il faut essayer et pas mal tâtonner avant de trouver le meilleur équilibre tonal.
Pas d'esbroufe, rien que la vérité
En matière de transducteur électrodynamique pour casque, nul marque à notre connaissance, mise à part peut-être Beyerdynamic avec ses modèles Tesla, n'est allé aussi loin dans les techniques appliquées au moteur et à l'équipage mobile. Pour une marque comme Focal qui a certes plusieurs décennies d'expérience dans le domaine de l'acoustique, mais ne s'est lancée dans le casque qu'il y a seulement quelques années, le travail est impressionnant. Il l'est d'autant plus qu'à l'écoute l'Utopia ne cherche absolument pas à impressionner de façon artificielle. Il n'est pas dans la démonstration ou le sensationnel. S'il force le respect, ce n'est pas tant par un registre grave abyssal, des aigus diaboliques ou une scène sonore démesurée, mais plutôt par sa maîtrise imperturbable, sa finesse, sa rapidité d'exécution.
Le casque Focal Utopia a en outre une excellente sensibilité. Quelques microwatts suffisent pour le faire parler, il est même d'une délicatesse et d'une finesse totalement inhabituelles pour un gros casque, sachant chanter dés les plus bas niveaux. Cependant, il est impératif de lui choisir une source extrêmement propre et silencieuse, car le moindre souffle ou bruit parasite s'entend.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Le Focal Utopia est très rigoureux, précis, avec un son exempt de toute coloration, à tel point que l'on aimerait de temps en temps qu'il se laisse aller à un peu plus de grandiloquence ou d'emphase dans le grave. C'est le seul petit reproche qu'on puisse lui faire. En contrepartie, il est une qualité sur laquelle il excelle, celle de la transparence. Sur ce point, il va plus loin que tout ce que nous avons entendu jusqu'à présent à partir d'un casque électrostatique. Sans pour autant paraitre froid ou chirurgical, il révèle chaque petit détail d'un mixage ou d'un enregistrement.
Par exemple, sur le morceau Pop/Electro "VCR" de Kid Lizard et Eliza Roe on entend parfaitement, même à faible niveau d'écoute, les bruits de vents semi-synthétiques et de clapotis d'eau sur l'introduction, puis ensuite les changements de matières dans l'acoustique et les réverbérations ou encore les effets de latéralisation droite et gauche. On est à côté des artistes dans le studio, devant leurs ordinateurs et tables de mixages. Idem avec Tha Trickaz sur le morceau "LGND" on découvre avec émerveillements toute la cuisine des deux DJ français avec leurs samples de musique traditionnelle vietnamienne, leur virtuosité aux platines et à la manette de mixage. On peut pousser le volume sans vergogne, le Focal Utopia se montre d'une maîtrise impériale, d'une dynamique redoutable, sans aucune trace de saturation. Le flot de décibels parait sans limites excepté celles de nos propres oreilles.
Le casque Focal Utopia décortiqué par ON-mag
Dans un tout autre registre, sur l'Aria et les premières variations Goldberg BWV 988 de Bach, enregistré en 1990 par Glen Gould, jamais nous n'avons entendu avec autant d'acuité le pianiste qui chantonne et murmure. Sans faire d'effet de loupe ou forcer le trait, l'Utopia nous donne la sensation d'être très proches du musicien presque à ses côtés dans un instant d'intimité troublante. Les poids des notes, la dynamique fine de l'instrument sont superbement retranscrits avec des nuances d'intensité parfaitement respectées. Nous découvrons dans cet enregistrement une foule de petits détails que nous n'avions jamais encore entendu.
De même sur le morceau "Short Tales of the Black Forest", duo de guitaristes, enregistré en live, en 1981, à San Francisco par Al Di Meola et John McLaughin, on entend clairement toutes les réactions des spectateurs, les petits cris d'émerveillement, de surprises, les rires, les exclamations jusqu'aux tonnerres d'applaudissements et l'embrasement de la salle. On a l'impression de vivre l'évènement en direct, totalement transporté par l'histoire musicale drôle, touchante, merveilleuse que nous racontent les deux géants de la guitare Jazz Fusion.
Le Focal Utopia est véritablement un modèle d'exception qui en matière de précision et transparence établit une nouvelle référence. Dans le domaine des casques électrodynamiques, il y aura désormais un avant et un après le Focal Utopia.
Spécifications
- Type : casque circum-auriculaire, ouvert
- Transducteurs : 40 mm dynamiques
- Réponse en fréquence : 5 Hz à 50 kHz
- Sensibilité : 104 dB SPL/1 mW à 1 kHz
- Impédance : 80 Ω
- Puissance max. : n.c.
- Câble : OFC blindé de 4 mètres, connecteur Lemo à verrouillage et jack 6,35 mm
- Accessoires fournis : mallette molletonnée de rangement
- Poids : 490 g (hors cordon)
- Prix : 4000 €
Notre avis
- Construction : (5/5)
- Polyvalence : (3,5/5)
- Ergonomie et confort : (4/5)
- Performances techniques : (5/5)
- Musicalité: (4,5/5)
- Intérêt : (5/5)