Actus Blu-Ray/DVD « M » : le remake de Joseph Losey en HD

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Au début des années 50, un assassin d’enfants terrorise Los Angeles. Seul indice : il vole les chaussures de ses petites victimes. La panique règne sur la ville. Les recherches de la police, notamment de l’inspecteur Carney, finissent par gêner les activités de la pègre. Celle-ci décide de poursuivre le criminel…

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Titre original : M
Support : blu-ray
Genre : drame
Année : 1951
Réalisateur : Joseph Losey
Casting : David Wayne, Howard Da Silva, Luther Adler, Raymond Burr, Norman Lloyd, Martin Gabel, Steve Brodie
Durée : 1 h 28 mn 17
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
Bonus : présentation par Bertrand Tavernier (32 mn 57), François Guérif (16 mn 18) et Michel Ciment (22 mn 38) - interview d’Harold Nebenzal, producteur de « M », extrait de Viva Cinéma (10 mn 50)
Éditeur : Sidonis Calysta

Commentaire artistique

Pour la chronique de l’édition des deux versions de « M » par Films sans frontières en avril 2015, nous nous étions posé la question de l’intérêt ou non de ce remake. Dans cette nouvelle édition en haute définition aux bonus passionnants, l’interview d’Harold Nebenzal coproducteur de ce remake avec son père Seymour, qui avait produit l’original de Fritz Lang avec la Nero-film, nous livre une clé : c’est du business… Destinée à Edward Dmytryk, finalement écarté pour activité communisme, la réalisation sera confiée à Joseph Losey, sympathisant de gauche, qui dirigera le film malgré les protestations de Fritz Lang contre tout remake de son chef-d’œuvre. Difficile de ne pas partager son opinion mais la comparaison des deux films incite à nuancer cette position. Il est certain que Joseph Losey n’a pas renié le film original, les deux scénarii étant découpés identiquement, mais, hormis une scène, le remake n’a de ressemblance que par le déroulement de l’action et il ne constitue pas un simple copier-coller systématique à la manière de Gus van Sant (dans un parti pris radicalement différent) pour son remake de Psycho. Afin de coller aux intérêts du public américain, le film est désormais situé en Californie, à Los Angeles, et le contexte politique est sensiblement différent : on passe de l’ambiance déliquescente de la montée du nazisme à celle, tout aussi paranoïaque, de la guerre froide et de la mise à l’index du communisme. Le statut du pédophile a aussi été transformé, ce n’est plus un monstre sorti de nulle part, profitant d’une justice paralysée, mais un refoulé que sa nature et la pression urbaine contraint à ses méfaits. Autant le film de Lang assume avec grandeur son héritage expressionniste, autant celui de Losey est proche des codes du film noir conjuguant psychologie et urbanité. Losey, sympathisant de gauche, brosse le portrait d’un individu présenté comme la victime des conditions sociales et politiques du temps. Remarquable, David Wayne interprète le dément avec un jeu subtilement nuancé sans rapport avec l’inquiétant et halluciné Peter Lorre dans l'original. A bien étudier les deux films, le travail de Losey, sans surpasser le maître, possède une discrète dextérité qui mérite d’être soulignée et s’avère, pour les cinéphiles, un cas d’école captivant sur l’opportunité ou non de refaire les chefs-d’œuvre. Nous nous plaignions dans notre chronique des deux versions que celle de Losey n’ait été proposée qu’en DVD ; cette édition Sidonis Calysta en HD restaurée semble avoir répondu à notre souhait !

Commentaire technique

Copie HD à l’image et au son restaurés, la définition a gagné en piqué sur l’édition DVD mais varie selon les plans, le contraste est excellent, parfois appuyé avec halo sur les silhouettes, les noirs francs, les défauts de pellicules nettoyés n’ont pas tous disparus (rayures), grain ; le mixage est clair, dynamique mais pas exempt de souffle et de craquements.

Notre avis

Image : (3,5/5)
Mixage sonore : (3/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)