Actualités Blu-ray/DVD « L’Esprit de Cain » : un bijou de mise en scène en Director’s Cut

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Le docteur Carter Nix est un pédopsychiatre réputé qui décide d'abandonner sa carrière pour mieux pouvoir élever la fille qu'il a eu avec Jenny, elle-même médecin. Cette dernière se montre concernée par l'obsession grandissante que son mari porte à l'éducation de leur enfant, jusqu'à commencer à douter de la santé mentale de l'homme qu'elle a épousé et qu'elle croit connaitre.

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• Titre original : Raising Cain
• Support testé : blu-ray collector
• Genre : thriller, horreur
• Année : 1992 / 2016
• Réalisation : Brian De Palma
• Casting : John Lithgow, Lolita Davidovich, Steven Bauer, Frances Sternhagen, Gregg Henry, Tom Bower, Gabrielle Carteris
• Durée : 1 h 31 mn 39 (version cinéma 1992) - 1 h 31 mn 58 (Director’s Cut 2016)
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 anglais, français
• Bonus du blu-ray version cinéma : présentation du film par Stephane Du Mesnildot (21 mn 12) - bande-annonce originale (2 mn 09) - galerie de photographies (5 mn 05)
• Bonus du blu-ray Director's Cut : L'Esprit de Caïn, le remontage, un essai vidéo de Peet Gelderblom (12 mn 46) - Le changement de Caïn, la restauration (2 mn 48) - galerie de photographies (1 mn 44)
• DVD du film version cinéma (1 h 27 mn 53) - livret collector L'esprit de Cain Un film labyrinthe écrit par Stephane Du Mesnildot, rédacteur aux Cahiers du Cinéma (20 pages) - jaquette réversible avec affiche originale au dos
• Éditeur : Éléphant Films

Commentaire artistique

Depuis Body Double (1984), Brian de Palma n’avait plus réalisé de thriller dont il s’était pourtant fait une spécialité avec les mises en scènes virtuoses de Sœurs de sang (1972) ou Obsession (1976). Sur le thème classique de la schizophrénie aggravée, le cinéaste adapte son scénario comme un brillant hommage au genre, notamment à son maitre Alfred Hitchcock avec son célébrissime Psycho (1960) mais aussi à Michael Powell pour son mémorable film Le Voyeur (1960). L’histoire complexe fondée sur de multiples dédoublements de personnalités de Cain avait été découpée intelligemment pour accroître les interrogations du spectateur qui ne devait pas deviner tout de suite la clé du mystère. Hélas, en postproduction, Brian de Palma, doutant de la pertinence de raconter avec clarté une histoire mélangeant réalité, flash-backs et scènes oniriques, s’était décidé, contrairement à son script initial, à monter son film dans l’ordre chronologique. Cette décision, qu’il regretta par la suite, explique sans doute l’échec commercial du film. En 2012 le réalisateur néerlandais Peet Gelderblom propose sur internet un montage fidèle au script et reçoit l’aval officiel de Brian de Palma : ce Director’s Cut, offert sur le deuxième blu-ray, rétablit l’essence même du style De Palma et redonne au thriller le brio habituel du cinéaste. Pour tous ceux et celles qui n’auraient pas déjà vu le film version cinéma 1992, il faut absolument regarder d’abord cette version 2016 qui rend justice au talent du cinéaste. Pour ce film, le réalisateur retrouve John Lithgow qu’il avait dirigé dans deux autres films antérieurs et confie la musique à Pino Donaggio, un compositeur qu’il avait plusieurs fois sollicité. Indépendamment de son remontage, L’Esprit de Cain atteste le brio d’une mise en scène exemplaire qui mérite l’examen. Retenons pour exemple, l’extraordinaire scène du dialogue des policiers avec un médecin à perruque (évoquant Psycho) dont le déroulement accompagne la déambulation des personnages dans les couloirs du commissariat, une séquence brillantissime quoiqu’un brin alambiquée. Production limitée, son film au budget réduit est filmé en extérieurs dans les parages de son domicile et ne compte aucune star. Il confie le rôle féminin principal à Lolita Davidovich fascinante brune qui monopolise les vingt premières du film (Director’s Cut). Elle incarne idéalement l’épouse volage du psychopathe Cain magistralement interprété, avec toute une kyrielle de personnalités, par John Lithgow. Pour Brian De Palma, ce film n’a qu’un objectif, sidérer le spectateur par la maestria de sa mise en scène en jouant avec lui au chat et à la souris sur la question fondamentale de la réalité et de son illusion. Le glissement constant de l’une à l’autre est la clé de L’Esprit de Cain, un jeu intellectuel redoutable typique du cinéaste mais porté ici à son paroxysme. Au petit jeu d’analyse que la construction de ce thriller sophistiqué semble invoquer il n’est pas difficile de déceler les constantes de son cinéma : l’hommage détourné, la chronologie éclatée, la parodie des genres et le trait caricatural assumé. L’Esprit de Cain apparaît comme la quintessence brillante (Director’s Cut) de tous les thrillers que Brian De Palma a réalisé auparavant ; ce splendide exercice de style, dont il est coutumier, est surtout un hommage sincère et absolu à l’art cinématographique.

Commentaire technique

Copies HD en version restaurée d’une extrême définition, léger grain, superbe contraste, étalonnage et colorimétrie chatoyants, couleurs nuancées chaudes, tons modulés, pas de défaut ; mixage 2.0 stéréo, aux dialogues dynamiques, bien équilibré, sans résonnance ni distorsion, VF moins convaincante

Notre avis

Image : (5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3,5/5)